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publié par Mickaël Adamadorassy le 08/05/06
Elysian Fields - La Maroquinerie, Paris - 27/10/2005
La Maroquinerie, Paris

Au premier rang de la Maroquinerie, on jette des regards en arrière, un peu étonné de voir la salle aussi remplie, sold out pour tout dire, même si le café de la danse d’il y a 2 ans était déjà étouffant de monde, même si Elysian Fields a maintenant droit aux têtes de gondole.

Et puis on est surtout content de voir percer un groupe aussi talenteux mais pourtant pas si évident dans ses rythmes lents et ses harmonies jazzy, ses dissonances, malgré la voix (con)sensuelle de Jennifer.

Et on se demande comment le groupe va assumer ce nouveau statut et ce nouveau public.

avec classe

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La classe, c’est ce qu’irradie tout le groupe et en particulier Jennifer, dans sa robe au décolleté ravageur, du haut de ses talons aiguille. Contrairement à Oren qui arpente son bout de scène, elle est assez statique mais n’en dégage pas moins une présence très physique, et c’est fou ce qu’elle peut être expressive avec ses mains, surtout quand il s’agit d’imager le « aroused in my planet » de star. Il y a un micro à la Maroquinerie, qui ne doit surement pas être remis du traitement...

Mais il ne faut pas non plus oublier Oren, guitariste impressionant, pas tellement par sa technicité mais sa capacité à mélanger tout naturellement un jeu étouffé très rock dans sa tension et des harmonies jazz qui enveloppent délicatement les lignes de chant de Jennifer. A la basse sur certaints morceaux comme « Bum Raps And Love Taps », on retrouve ce mélange de retenue et de feeling.

avec versatilité

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Sur les autres morceaux, puisque qu’il n’y a pas de bassiste sur cette tournée, c’est Thomas Bartlett qui assure les basses au clavier, ainsi que le piano, le wurlitzer et le synthé. Et il est impressionnant à faire tout ça à la fois, sans se laisser perturber par les quelques problèmes techniques qui auront lieu.

Présent aussi sur album, il apporte beaucoup au groupe, avec un vocabulaire qui va du punch d’un riff de wurlitzer saturé aux climats apaisés ou mélancoliques portés par un jeu de piano de haut niveau, en passant par des sonorités analogiques un peu étranges.

avec maestria

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Tout ce qu’il faut pour donner vie à l’inquiétant sharpening skills ou encore faire opérer la magie d’un duel with cudgels : quatre minutes d’instrumental remplis de sonorités étranges, avec Jennifer qui passe elle aussi au clavier pour égréner quelques notes, et puis le trip un peu destructuré se canalise sans qu’on y prenne garde, le rythme se fait insistant, lourd, en même temps que batterie et guitare se rejoignent pour poser l’ossature tandis que Jennifer donne chair à ce qui s’est métamorphosé en une chanson catchy.

C’est impressionnant de maitrise et comme tout le reste du concert, il y a autant à prendre dans la richesse musicale, la qualité de l’écriture et de l’interprétation que dans le flot des émotions que véhicule la musique.

avec le sourire

C’est peut être là qu’on sent le plus la différence avec les concerts précédents d’Elysian Fields, le sourire qui flotte aux lèvres de Jennifer pendant presque tous les concerts, parfois léger, parfois très franc, et puis on le devine un peu gêné et surpris, agréablement de voir un acceuil aussi chaleureux de la part du public.

Et comme pour confirmer ce côté plus détendu, plus ouvert du groupe, on aura droit pendant les rappels à un intermède parlé où Jennifer demande au groupe de balancer un fonds musical bluesy et elle se met à parler, en commençant par dire justement qu’elle est pas du genre à parler beaucoup.

rien d’impur n’a jamais touché ses lèvres

Et mine de rien elle va parler longtemps, captivant complètement son auditoire avec un périple insolite qui ménage moments émouvants et un humour ravageur assez surprenant pour introduire les membres du groupe, Thomas par exemple devient un orphelin élevé par des moines, un être exceptionnel de par sa pureté, car "rien d’impur n’a jamais touché ni ses lèvres ni une autre partie de son corps". Apparemment l’intéressé n’était pas au courant, comme le reste du groupe qui est plus ou moins écroulé de rire, comme le public, en tout cas l’anglophone...

Et pour finir en beauté ce concert, on aura droit à un dernier morceau en rappel avec juste Jennifer et Oren qui empoigne une guitare classique pour jouer le très joli « We’re In Love ». Un seul regret pour ma part, hormis « shooting stars », aucun morceau de dreams that breathe your names.

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publié par le 08/05/06