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publié par tairanteuh le 05/01/05
elliott smith
- from a basement on the hill
from a basement on the hill

tourment

voilà un album qui s’aborde délicatement... entre douleur, compassion, retenue et appréhension. retrouvé mort le 21 octobre 2003 dans un appartement, un couteau dans le ventre, elliott smith était depuis plusieurs mois sur le fil. échos d’un état mental alarmant, d’une dépendance invaincue à l’héroïne, d’une dépression plus tenace... à contrario, d’autres membres de son entourage le disaient sobre, clair, libre et mieux portant que jamais. la sortie en août 2003 d’un single sensé annoncer from a basement on the hill, intitulé pretty (ugly before), sur suicide squeeze (morbide coïncidence), venait à peine rassurer sur l’état de l’artiste. et from a basement on the hill, prétendument enregistré alors qu’elliott smith venait d’en finir avec la drogue, porte les stigmates évidents du tourment : quinze titres qui oscillent entre la désillusion et l’optimisme. l’ensemble n’est pas pesant pour autant. elliott smith n’était pas un petit songwriter de pacotille au style contemplatif, empli de truismes ou de faux semblants. ses albums extrêmement travaillés étaient d’une épatante sincérité. smith y exorcisait ses démons de manière violente certes, mais sans nous le faire subir pour autant. sur from a basement on the hill, le style ne change pas. chaque morceau capte une perspective précise de la vie de smith.

écho

au final, l’album est un kaléidoscope de pensées dans lequel une vision claire ne se dégage pas pour l’auditeur sur l’instant mais trouve un écho par la suite dans tous nos instants. le style d’écriture si particulier de smith trouve sa force dans cette capacité à nous rattacher si aisément à son vécu, ses angoisses. de ce point de vue là, l’album est un bonheur. le point le plus délicat concerne le traitement des chansons. l’album a un goût fort d’inachevé. certains morceaux semblent bien finis tandis que d’autres, plus dépouillés, s’insèrent maladroitement et sonnent plus comme des démos qu’autre chose. l’ordre des morceaux est d’ailleurs peu convaincant, se contente d’une alternance entre des morceaux énergiques et des moments plus calmes. à l’évidence, les instructions n’étaient pas claires quant à l’agencement. rob schnapf (son producteur de longue date) et joanna bolme (son ex-petite amie et actuelle membre des jicks, le groupe qui épaule stephen malkmus) ont alors finalisé l’album sur un mode très classique, un schéma bien simple et frustrant. il ne faut pourtant pas leur jeter la pierre. rob schnapf était sans aucun doute le plus à même de proposer un album proche de ce que smith aurait souhaité.

criants

from a basement on the hill est plus un témoin de ce qui aurait pu être... certains morceaux sont de trop, mais leur non-inclusion aurait été regrettable... restent ces morceaux orchestrés, plus lourd et électrique que ce à quoi smith nous avait habitué. un ouvrage brut, plus en adéquation avec la vision de la musique dont elliott smith parlait hors disque. à ceux qui redoutent l’écoute de cet album posthume, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, from a basement on the hill est une merveille dans la lignée de ses prédécesseurs : aussi racé, touchant et profond. subsiste le mystère autour de la mort de smith que l’album évite soigneusement : des titres plus criants (“the suicide machine”, “see you heaven”) ont été mis de côté et ressurgiront un jour ou l’autre, d’une manière bassement commerciale, il faut s’y attendre.

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publié par le 05/01/05
Informations

Sortie : 2004
Label : anti

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