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publié par Gillen Azkarra le 06/05/19
Elisapie
- The Ballad of the Runaway Girl
The Ballad of the Runaway Girl

The Ballad of the Runaway Girl est le dernier album en date d’Elisapie Isaac et le premier disponible en France. Cet album, on l’écoute tel un songe. C’est un rêve éveillé dans lequel on suit les pas de la chanteuse inuk sur une neige légère, le vent effaçant l’empreinte avant le prochain mouvement de jambe. Une trajectoire aléatoire, qui bifurque, pleine d’espoir, de questionnements sur son passé, son enfance à Salluit - dans le grand nord québécois -, sa vie et son peuple. Elisapie, par une voix parfaitement posée, parfois revendicative, fait passer des messages importants en nous racontant sa propre histoire.

Comme sur “Arnaq” qui débute l’album. “Arnaq”, en langue inuit, se traduit par femme. Elisapie est « une enfant, une mère, une grand-mère ». C’est un titre rythmé, à la fois mélodieux et dissonant, où elle chante en inuit et pointe le doigt sur les violences faites aux femmes. Elle n’hésite pas à écrire des textes engagés, notamment avec le poignant et imposant “Wolves Don’t Live by the Rules”, où la chanteuse dénonce l’oppression du colonisateur. L’album se poursuit avec deux ballades folks, fortement solaires et envoûtantes. “Rodeo (Yadi Yada)” parle de l’envie de partir, d’aller voir ailleurs. Et “Don’t Make me Blue” est une chanson d’amour plutôt bouleversante qui donne de nombreux frissons.

Le point fort de cet opus, c’est une instrumentation maîtrisée de bout en bout. “Una” et “Ikajunga”, au style épuré et chanté en inuit, en sont la preuve. Ces deux compositions séduisent par leur aspect parfaitement calibré. “Una”, adressée à sa mère biologique, démarre de manière douce et nous tient en haleine jusqu’aux dernières notes. “Ikajunga”, presque acoustique, est magnifique. À condition de mettre de côté la folie du quotidien et de se laisser bercer par la voix aigüe d’Elisapie et les cordes de la guitare.

Puis le réveil vient avec “Call of the Moose”, très expressif et tout en rage contenue. Plus on avance dans l’écoute, plus la richesse de l’album se dévoile à nos oreilles. Sur “Quanniuguma”, on y découvre un surprenant chant de gorge. Quant à “The Ballad of the Runaway Girl”, c’est une chanson émouvante, résumant les errances de la chanteuse et son long parcours pour arriver là où elle est aujourd’hui. Le lumineux et onirique “Darkness brings the light”, tout en profondeur, vient donner une touche finale presque chamanique à ce voyage passionnant.

The Ballad of the Runaway Girl, dense par ses thèmes abordés, ses compositions et sa musicalité, est donc une totale réussite. Sur toutes les chansons plane une puissante beauté sauvage. Et par cet album, Elisapie montre aussi qu’il est important et vital de ne pas oublier ses racines.

A voir aussi : les trois parties qui forment le clip “Una”.

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publié par le 06/05/19