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publié par antoine le 12/10/05
electrelane + the sunday drivers - ubu, rennes - 11/10/2005
ubu, rennes

coup de jeune

premier concert rennais de la saison, et la surprise née en apprenant que cette date commune d’electrelane et des sunday drivers est complète depuis un moment ne fait qu’augmenter en détaillant la file d’attente qui s’étire devant l’ubu. non seulement le public d’electrelane a pris un sacré coup de jeune, mais il s’est en plus bigrement féminisé.

chauffards ?

une fois à l’intérieur, on comprend que la tête d’affiche n’est pas le quatuor féminin formée à brighton en 1998, mais les espagnols en plein décollage des sunday drivers, qui défendent là leur album little heart attacks (mushroom pillow/naïve). belles gueules, mal rasés plus que barbus, chanteur-séducteur du type poète incompris, c’est pour eux que les rennaises avaient fait le déplacement. depuis leur première date française aux trans 2004, la vie est plutôt belle pour eux (vieilles charrues, rock en seine, art rock, playlists du mouv’, mtv et tutti quanti), mais difficile pourtant de chavirer à l’écoute de leur pop sucrée et de leurs harmonies faciles que ne renieraient pas starsailor. oui, leurs arrangements travaillés et ciselés font parfois mouche. oui, encore, « on my mind » est un tube justifiable (plus que justifié) et immédiat, alors qu’à l’inverse, un titre comme « can’t you see » ne lâche rien dans sa construction, les chœurs pop de son refrain ne déboulant pas immédiatement. le problème, c’est qu’à force de se l’entendre répéter, ils ont peut être oublié que l’excès de confiseries, en plus de nuire fortement à la santé, est parfois indigeste. et si l’autoroute du succès n’est pas loin pour les castillans, l’emprunter pied au plancher, ne pas hésiter à doubler pour se démarquer, bref, muscler davantage leur jeu est vivement conseillé.

intransigeance

avant nos six garçons dans le vent et leur musique hautement girl-friendly, les quatre demoiselles d’electrelane ont présenté leur dernier album, l’excellent axes, enregistré dans les conditions du live par steve albini et sorti en mai 2005 chez too pure. sur les douze titres joués ce soir, seuls « birds », « take the bit » et l’entêtant « on parade » figuraient sur leur second album (« the power out », chroniqué ici par terant). si, dans leur version album, la plupart des titres d’axes sont de longs instrumentaux qui s’enchaînent sans jamais aucun blanc entre eux, sur scène, leur format est plus ramassé. faisant encore un peu plus monter la tension, au cas où celle du disque ne serait suffisante. à l’image de l’instrumental « eight steps », dont l’accroche repose sur quelques accords plaqués par victory sur son synthé -et certainement piqués du côté de la musique juive klezmer (?)- avant un break de synthé et une explosion finale déjantée, fougueuse et pourtant incroyablement contrôlée, le groupe a tourné le dos aux formats davantage pop/rock, et, surtout, chantés de « the power out ». et comme pour le confirmer encore un peu plus, c’est parfois la guitare de mia clarke qui s’approprie un étrange chant quand ses cordes sont effleurées, à peine différent de celui des voix déformées par mogwai et autres. bref, electrelane sur scène, ce sont des distorsions (parfois), des accélérations (souvent), et des ruptures (permanentes). celles-là même qui font l’intransigeance des demoiselles qui, en dehors de leurs tournées, ne se voient plus désormais que lorsqu’elles enregistrent un album, éparpillées qu’elles sont aux quatre coins de la planète. alors si l’enchaînement fabuleux entre « those pockets are people » et « the partisan » (cover de léonard cohen qui a lui-même repris un chant de résistance français) n’était pas pour ce soir, la déception n’est que temporaire, puisqu’un jour où l’autre, et quelque soit le lieu, on devrait bien finir par les recroiser ces demoiselles.

boys meet girls

sinon, sans vouloir la jouer sexe des anges, choux et autres fleurs, quand les « garçons » font de la « musique pour filles » et que les « filles », elles, n’ont rien à envier à l’énergie dégagée par le plus bourrin des groupes texans, on a comme une envie de voir là la preuve que toutes ces revendications d’une parité stricte et inique ou autres quotas imbéciles n’ont vraiment plus lieu d’être, car basés sur des clichés effrontément hénaurmes. chacun à sa manière, electrelane ou les sunday drivers les font tomber, et c’est tant mieux.

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publié par le 12/10/05