tube mtv
après deux passages à la cigale en 1998 et 2000 (cf chronique), eels s’arrête cette fois dans une salle plus rock, l’elysée montmartre. e avait annoncé la couleur dès la tournée précédente : on va bientôt ressortir les guitares électriques et refaire du rock. c’est exactement ce que les californiens font avec leur nouvel album, souljacker (cf chronique), et surtout avec cette tournée très rock qui passe par le france pour la deuxième fois. e a encore changé de look, barbe, lunettes et bonnet vissé sur la tête. butch est égal à lui-même, avec son éternel chapeau de cow-boy blanc. john parish, assez effacé, est la guest-star de cette tournée, après la sublime lisa germano la tournée précédente, et un nouveau bassiste au look très impressionnant complètent le quatuor. le concert s’ouvre sur les deux premières chansons de l’album electro-shock blues, "going to your funeral pt.1" et "elizabeth on the bathroom floor". on peut faire plus gai comme début de concert, mais c’est tout à fait conforme à l’humour particulier de e. c’est aussi au passage deux excellentes chansons, jouées de façon très sombre ce soir. le public apprécie en connaisseur. eels enchaine avec l’hymne rock du nouvel album, "dog-faced boy", et avec une reprise impressionnante et étonnante de "get your freak on", oui, le tube mtv mais à la sauce eels bien sûr.
déclaration d’amour
le groupe, après cette ouverture tonitruante et sobre, détend l’atmosphère, d’abord en discutant avec le public comme e a l’habitude de le faire, mais aussi en jouant des morceaux plus enjoués : "fresh feeling", une belle déclaration d’amour jouée ce soir dans une version quasi-acoustique assez émouvante, "my beloved monster", toujours aussi délirante, ou "i like birds", revue façon rock et légèrement massacrée. rassurez-vous, il y a toujours un morceau mélancolique et tordu pas bien loin : le magnifique "daisies of the galaxy", la ballade "3 speed", que le groupe a peu joué en concert, et puis "woman driving, man sleeping", peut-être la plus belle chanson du nouvel album, avec e et john parish à la guitare, et un grand frisson dans la salle. c’est bizarre, e semble faire un peu profil bas, il parle un peu moins que d’habitude, le concert est moins visuel et plus centré autour de la musique. e nous rappelle que son groupe n’est pas seulement drôle et spectaculaire sur scène, mais avant tout un des grands groupes pop de ces dernières années.
solo sauvage
ainsi "not ready yet", le monument du premier album, beautiful freak, est à nouveau joué dans une version rock magistrale comme au bon vieux temps, et "cancer for the cure", avec e au wurlitzer, n’a pas pris une ride. ce sont incontestablement deux grands moments du concerts. le groupe s’en va avec une version remaniée de "mr e’s beautiful blues", e étant cette fois-ci au… piano. le groupe, copieusement applaudi par un public assez déchainé, reviendra pour plusieurs rappels. on retrouve notamment avec grand plaisir la ballade au piano au nom si poétique, "it’s a motherfucker", mais la voix de e semble un petit peu s’essoufler. les lumières se rallument, le public commence à quitter la salle. quelle erreur ! il faut toujours s’attarder quelques minutes dans la salle après la fin du concert avec eels. butch, toujours aussi délirant, revient sur scène pour nous jouer une version voix-batterie de "oops i did it again", le tube de britney ! un grand moment de musique comme vous pouvez l’imaginer, qui se transforme vite en solo sauvage de batterie. butch sort sous les acclamations, comme d’habitude. dix minutes plus tard, c’est le groupe au grand complet qui revient pour jouer une dernière chanson, et pas n’importe laquelle : "friendly ghost", le "last stop this town" du nouvel album, pleine de charme et de malice. encore un grand moment. le nouvel album est peut-être un peu moins bon que les précédents, mais eels reste de loin un des groupes les plus divertissants sur scène, que ce soit par la qualité de leur musique, par leur exubérance ou par leur humour. un groupe à voir, à revoir et à re-revoir…