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publié par alex le 04/03/00
eels
- daisies of the galaxy
daisies of the galaxy

dangereux passage

eels est un groupe particulier, un groupe à part dans le paysage musical actuel. e n’est pas un compositeur comme les autres non plus. ses chansons sont différentes, n’obéissent pas aux mêmes lois que les autres, un peu comme un humain qui marcherait ou respirerait d’une manière différente. peu d’artistes auraient eu le courage de sortir un album comme electro-shock blues après le succès commercial de beautiful freak. electro-shock blues est un des albums les plus beaux et les plus réussis des années 90, un album qui parle de la mort, de la maladie et de la vie comme peu d’oeuvres l’avaient fait auparavant. cet album était un passage obligé pour e, mais dangereux à la fois, trop proche de certains évènements qu’il devait justement surmonter. il avait donc prévenu dès la fin de l’enregistrement de cet album que le prochain serait très différent. et evidemment, il l’est.

comptines pour enfants

daisies of the galaxy est comme un long rêve, un album bucolique. fermez les yeux en l’écoutant et vous vous trouverez transporté au milieu d’un pré, par une belle après-midi d’été, le long d’un ruisseau, entouré d’oiseaux et de... paquerêttes. certaines chansons pourraient meme être des comptines pour enfants. le son général de l’album est tres différent des deux précédents, et beaucoup plus homogène. les chansons sont courtes, durant rarement plus de trois minutes, s’enchaînent, donnant ainsi cette impression de continuité, de songe ininterrompu. il n’y a pas de singles sur cet album, ou plutôt le single, “mr e’s beautiful blues” a été repoussé "a l’arrière", en chanson cachée, pour ne pas briser la magie du rêve.

souvenir souvenir

il est vraiment difficile de parler des chansons individuellement, mais quelques-une méritent quand-même qu’on s’y attarde. “it’s a motherfucker”, avec une petite mélodie au piano et quelques cordes, est une chanson d’amour qui ridiculise les trois quarts des chansons d’amour qui sont parues ces dernières années, ou comme a dit justement andre paine dans melody maker, "ferait se taire des stades de football". c’est une chanson typique de e, tres simple, courte, pure, avec des paroles par moments complètement décalées avec la musique ("it’s a motherfucker being here without you"). “selective memory”, là aussi au piano et au violon, voit e, d’une voix aigue presque enfantine, se remémorer ses souvenirs d’enfances, ou plutot essayer, sa memoire lui jouant des tours et le souvenir de sa mère se dissipant peu a peu.

palette sonore

ces deux chansons, marquant succèssivement la fin des deux parties de l’album, sont peut-être les deux plus belles chansons de l’album, mais les autres n’ont pas grand-chose à leur envier : “the sound of fear” ou “flyswatter” sont étonnantes et élargissent encore la palette sonore de eels, et seront sûrement des grands moments de la prochaine tournée, avec leurs refrains entêtants et tournoyants. “daisies of the galaxy”, “jeannie’s diary” ou “wooden nickels” rappellent par certains côtés un des albums solo de e, broken-toy shop, avec évidemment des arrangements et une production sans comparaisons. on se rend compte des progrès étonnants de e en quelques années en ce domaine, de sa maîtrise actuelle de son art.

album estival

“estate sale”, co-écrite par peter buck, est le “going to your funerals part 2” de cet album. les paroles, bien sûr, ne sont pas que bonheur, joie et optimisme, mais les quelques moments de découragement et d’inquiétude sont éclipsés par la musique triomphante (“daisies of the galaxy”, “tiger in my tank”). l’humour aussi est encore une fois parsemé tout au long des chansons, de facon discrète mais d’autant plus efficace, de “grace-kelly blues" à “i like birds”, de “a daisy through concrete” à “mr e’s beautiful blues”. le son est très riche, les cordes et les cors sont mis a contribution tout au long de l’album, donnant ce son "chaud" et estival à la musique. en résumé, un album à acheter d’urgence, en attendant la tournée...

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publié par le 04/03/00