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publié par Sfar le 05/01/08
Editors
- En End Has A Start
En End Has A Start

Tout et N’importe quoi

C’est en faisant le bilan des albums 2007 écoutés, réécoutés et toujours en écoute en ce début 2008 que j’ai réalisé à quel point le Editors de l’année passée avait été une très bonne cuvée. Et pourtant rares sont les tops 2007 où se retrouve cité An End Has a Start. Un coup d’œil rapide chez quelques webzines ou blogs musicaux pour me rendre compte que vraiment tout et n’importe quoi a été écrit sur cet album .

La règle de base dans la chronique du Editors est de citer au moins une de ces trois références : Interpol (forcément les frères ennemis de la new new-wave), Joy Division (pour la depressive touch) et Coldplay (pour le côté vu sur Mtv2 et entendu sur Ouï Fm)... Les plus audacieux tentent un rapprochement avec Bloc Party, Placebo ... voire pour faire preuve d’originalité Mazzy Star ou Pere Ubu . Les plus perspicaces vont jusqu’à parler de Echo and the Bunnymen ou de The Chameleons.

Impossible de chroniquer Editors sans évoquer le cas Tom Smith : le chanteur « crooner » dépressif à la voix mélancolique et au ton ténébreux. De suite on tente des comparaisons hasardeuses sans grand intérêt avec Ian Curtis dans lesquelles Tom Smith ressort étrangement grand gagnant. Mais le rival le plus sérieux du chanteur des Editors dans la catégorie chant lourd et sombre n’est pas le joyeux macchabée (paix à son âme) mais Paul Banks de Interpol. Sont établis alors de sérieux tests comparatifs dont « Que choisir ? » pourrait être jaloux afin de définir lequel des deux a la voix mélancolique la plus caverneuse et le timbre le plus déprimant. Quand certains louent la puissance, l’envolée du chant de Smith d’autres crient à l’escroquerie : ce chant ne serait qu’un artifice grossier visant à masquer des mélodies trop légères auxquelles s’ajoute un abus de synthé créant des nappes vaporeuses maladroites et indigestes.

C’est lors de l’écoute analytique de l’album que les avis partent dans tous les sens. Faites votre choix m’sieurs dames dans le pêle-mêle qui suit, y en a pour tous les goûts !

Et là c’est plus clair ?

Des guitares lancinantes. le fantôme de Ian Curtis. Lyrique. Une atmosphère lourde. moins d’ingéniosité. diablement efficace. une intro assassine. Et ça démarre fort. Un mauvais goût déplorable. un retour percutant. une grandiloquence des plus vulgaires. des solos intéressants. Un manque d’inspiration. Une simplicité touchante. C’est bien trop pompeux. Et c’est très agréable. fade. à faire dresser les poils sur le bras. des mélodies de toute beauté. Un grand bof. une musique ennuyeuse, plaintive. explosif. On s’ennuie ferme. Une extraordinaire prestance vocale. il n’y a pas d’inventivité. Une grande inspiration. la lourdeur en plus. audacieux. très vite indigeste. Magnifique. dix compositions pompeuses et ampoulées à l’extrême . une belle vitalité. une production pesante. un souffle épique irraisonnable. complètement insipide du début à la fin. Un final explosif !

Se laisser aller à aimer malgré tout

La preuve qu’on peut quand même lire tout et n’importe quoi sur ce An End has a Start ! Qu’en dirons-nous alors ? Soyons honnêtes : les 10 morceaux ne sont pas forcément tous des merveilles (le disque s’essouffle un peu sur sa fin), pourtant Editors ne tombe pas dans la facilité avec ce second album. Le groupe imprime là une identité plus sombre que sur The Back Room, les morceaux s’envolent carrément. Il y a là un subtil mélange de noirceur et de belles impulsions mélodiques.

Alors, peut-être que pour apprécier un album qui divise tant l’opinion il convient aussi de faire l’effort de se vider le crâne de tout un tas de références et de comparaisons inutiles. Pourquoi ne pas se dire qu’on aime An End has A Start parce que tout simplement on prend du plaisir en l’écoutant. On s’en fiche que ce soit plus cela, moins ceci, que leur âme indé puisse se perdre du côté obscure d’une petite réussite commerciale.

Déjà Arnaud à la fin de sa chronique de The back Room évoquait cette interrogation légitime concernant l’ambiguïté entre la sincérité ou le calcul froid qui pourrait motiver un groupe comme Editors.

Avec An End has A Start on préfère garder les promesses passées et le plaisir de se laisser aller à aimer ce que beaucoup ont détesté.

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publié par le 05/01/08
Informations

Sortie : 2007
Label : Kitchenware