Dustin Wong est un guitariste américain qui pratique une musique essentiellement instrumentale qui s’articule autour de l’utilisation de pédale d’effets. En premier lieu un Boss RC-2, un looper qui lui permet d’enregistrer et d’empiler des boucles et plusieurs delays, un effet qui permet à la base de répéter le son façon echo mais Dustin l’utilise de plusieurs manières plutôt inventives : en en combinant plusieurs ou en les activant sélectivement pour créer des structures rythmiques complexes. Ou encore en jouant sur les réglages pour accélérer ou ralentir ces phrases musicales et leur faire changer de hauteur (de note).
Il joue uniquement sur une bonne vieille telecaster mais là aussi les effets lui permettent de produire une grande variété de sons : un octaver qui permet de faire sonner la guitare comme une basse par moment, un bass synthetizer et une distorsion très poussée qui lui donne un son de synthé analogique.
Le plus impressionnant c’est que dans sa musique, tout évolue très vite alors il se penche sans cesse pour tripoter les réglages de ces effets, enregistre une nouvelle boucle, la modifie, se remet à jouer de la guitare, sans aucun flottement, aucune hésitation, impossible de dire quel est la part d’écrit et la part d’improvisation dans sa musique, qui mélange joyeusement une approche répétitive proche du contemporain, des constructions rythmiques math-rock, des progressions d’accords rock, de la virtuosité et des séquences mélodiques lentes.
Sur le papier ça pourrait paraitre un peu rébarbatif mais tout seul sur sa chaise, avec juste sa guitare et ses pédales, si on prend la peine de se concentrer (et si on a la chance d’être devant pour voir ce qui se passe et pas seulement écouter), il réussit plutôt bien à vous faire voyager au gré des ambiances que crée sa musique pendant 30 minutes d’instrumental (plus quelques cris poussés dans le micro) dont on ressort assez impressionné, par son jeu, par certains passages musicaux d’une prestation qui est un long enchainement de séquences musicales sans réelle pause et par le fait que justement on ne se soit pas ennuyé une seconde.
On apprécie aussi que malgré cette musique souvnet très abstraite et qui demande beaucoup de concentration, Dustin ne donne pas dans la prestation autiste, au contraire il se montre très souriant et ne donne pas l’impression de trop se prendre au sérieux, voir même se montre très humble face à un public très réceptif dont une partie semble être venu aussi bien pour lui que pour Deerhoof.