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publié par alex le 06/05/02
dj shadow - Élysée Montmartre, Paris - 05/05/2002
Élysée Montmartre, Paris

quand l’image illustre le son

dj shadow porte bien son nom, dès son arrivée sur scène, l’homme de l’ombre rompt la distance qui aurait pu exister avec son public. il s’excuse au préalable des erreurs qu’il pourrait commettre pendant son show au regard de la complexité technique de sa prestation et avoue être conscient de la chance de jouer dans une aussi grande salle devant tant de spectateurs. son humilité transparaîtra tout au long de sa représentation : une alternative critique à une trop excessive starification du dj voire du musicien ou une volonté de démontrer que tout le monde peut s’investir dans un projet ? contrairement à ce qu’il réalisa ces derniers temps en compagnie de cut chemist pour les soirées brainfreeze - un programme de perles rares funk de la fin des 60’s début 70’s, pressées exclusivement en 45 tours à très peu d’exemplaires et enchaînées de mains de maîtres - il annonce que son live sera composé des tous derniers morceaux du nouvel album the private press (cf chronique) et de quelques anciens.

docu

cet aventurier du beat perdu m’apparaît presque coupable de l’infidélité faite à cette mission consistant à redonner vie à des groupes peu connus qui ont influencés la création musicale et sont aujourd’hui une matière première à d’autres créations toutes aussi influentes. josh davis (aka dj shadow) nous présente son fidèle complice b+ auteur de ses photos promotionnelles et d’un documentaire keep in time diffusé en introduction au concert. ce film montre la rencontre de 4 batteurs (earl palmer qui a participé à la plupart des productions de david axelrod - maître incontesté de shadow -, paul humphrey, james gadson et roy porter qui travailla notamment avec roy ayers) et de 3 djs : babu, jay rock et cut chemist. le docu. commence par la présentation des 4 batteurs et la mise en évidence de l’importance de leur participation au sein de la musique funk.

sillons

la surprise et l’émotion peuvent se lire sur leur visages dès les premiers beatjuggling des 3 turntablelists. le recyclage de leurs rythmes rendu techniquement réalisable aujourd’hui grâce a la dextérité des dj’s les trouble et les réjouit en même temps ; un respect mutuel s’instaure. l’apogée de cette rencontre est l’association de cut chemist scratchant sur les beats des 2 batteurs jouant live devant l’auditoire émerveillé. l’illustration visuelle du show commence par un long travelling parcourant notre système solaire, un déplacement dans l’espace à la conquête de la terre. le théâtre des opérations en vue nous nous dirigeons vers san francisco puis nous apercevons enfin au milieu d’un paisible jardin, une paire de platines dans lesquelles nous pénétrons au plus profond des sillons des vinyles posés. shadow nous définie son univers et nous prouve qu’a travers une immensité galactique de choix, il est possible de se trouver une cible et d’y pénétrer très profondément jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle.

garage rock

d’ailleurs, shadow ne nous montre-t-il pas que sa vie tourne autour du 45 tour quand un photo-montage encercle une pastille vinyle rassemblant des clichés de sa propre habitation ainsi que de son home studio et semble tourner indéfiniment sur son axe ? en hommage encore au soul-funk de la fin 60’s début 70’s, un clip mettant en scène un automobiliste afroman déjanté illustre remarquablement le morceau "mashin’ on the motorway" qui laisse place à sa suite logique "blood on the motorway". ces 2 morceaux qui n’en font qu’un sont un bel exemple de l’homogénéité des compositions du personnage. pour "mashin’ on the motorway", le grain du vinyle, la basse presque acoustique, l’ensemble batterie-guitare très garage rock accompagnés des samples d’un bolide en furie et de voix tonitruantes sonnent comme un morceau enregistré à l’époque et illustre parfaitement le fol enthousiasme du conducteur prêt à tout pour satisfaire ses pulsions autodestructrices.

outre-tombe

pour "blood on the motorway", cette voix venue d’outre-tombe, l’orgue mortuaire suivie d’ une ligne de piano solennelle rejoint par un synthé. très années 80 éclairent le repos éternel du guerrier. a l’instar du documentaire projeté précédemment, il apparaît que l’apogée du concert soit l’harmonie obtenu grâce à la collaboration d’un batteur jouant en direct sur les boucles et autres scratchs de shadow. l’œuvre de dj shadow est très cinématographique et le bouquet final le prouve lorsqu’il passe la main aux spectateurs en retournant la caméra qui servait à mieux visualiser la manipulation de ses machines et montre l’auditoire à l’aide d’ une série de panoramiques. grâce à la disparition du magicien, le public se retrouve confronter à lui même, gardant en tête le leitmotiv de l’artiste : "what am i gonna do now ?".

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publié par le 06/05/02