prière musulmane
nous ne sommes pas des spécialistes du hip hop sur notre cargo. loin de là. mais un album de rap qui commence par un chant de prière musulmane ne peut que retenir notre attention. la bio de divine styler nous explique que venant des gangs et ayant sorti quelques albums assez violents ces dernières années il a pris, après un pèlerinage à la mecque, de nouveaux engagements et décidé de vivre - depuis 1997 - sa religion sans faux semblant. non, divine styler n’est pas le frère de sinead o’connor ou le fils de cat steven et son engagement religieux n’empêche en rien word power 2 d’être un album riche, passionnant et surtout particulièrement original.
clichés & paillettes
si sa manière de chanter est radicalement du hip hop, la bande son de word power 2 est loin de tous les clichés que l’on entend dans les grosses productions américaines - comme ghostface killah par exemple. très influencé par la musique électronique le son de divine styler est résolument dépouillé, utilisant peu les scratches, ou plutôt ne construisant pas son morceau autour des scratches et des samples, la production de word power 2 sort des sentiers battus du rap et du hip hop. même si "triple irons" nous renvoie à ce que l’on connaît déjà des - meilleures - productions américaines, c’est avec des morceaux comme "unseen letter" que divine styler nous démontre son incroyable maturité musicale. sur un beat presque techno, accompagné de quelques sons électroniques assez dépouillés, "unseen letter" nous démontre que sans les clichés, les paillettes et les facilités le hip hop américain n’a pas fini de nous étonner.
dépouillement
mais la simplicité - apparente - et le dépouillement de word power 2 sont rassurants. en évitant la surproduction habituelle des derniers albums de hip hop américains divine styler nous donne envie de pousser le son à fond, de se laisser entraîner pas les beat puissants de morceaux comme "oneself duel", d’écouter son rap jamais agressif, ou caricatural (la caricature a ridiculisé pas mal de groupes ces dernières années dans le monde du rap) mais particulièrement impressionnant avec "the grand design" - sûrement un peu trop facile sur le morceau, enregistré en 1997 et repris sur word power 2 - "before mecca" qui n’est pas d’un intérêt évident. "directrix", quant à lui, est un morceau particulièrement étonnant : jouant sur les répétitions d’une même note, sur quelques sons électroniques surprenants - parfois presque comiques - pour soutenir un rap assez agressif en décalage avec la bande son, c’est sûrement l’un des meilleurs morceaux de l’album. si vous n’aimez pas du tout ce genre, ce n’est pas sûr que word power 2 vous fera changer d’avis, mais essayez quand même. n’ayant rien sorti depuis 8 ans, c’est sûr qu’il avait pas mal de choses à mettre sur son album, 16 morceaux, peut être un peu long, c’est vrai. mais on lui pardonne volontiers quelques facilités - "hajji" ou le sympathique "time fold 79", pour des morceaux plus originaux et intéressants comme "contact 2". ne vous laissez pas effrayer par l’horrible pochette - c’est la mode en ce moment - de ce cd et découvrez le talent et les audaces de divine styler.