poli
de neil hannon, je garde ce souvenir un peu triste d’une rencontre manquée à la route du rock 2002. divine comedy s’y produisait le premier soir, venu défendre un magnifique regeneration, l’une des plus belles choses parues en 2001. on s’attendait à être transporté dans le féerique cadre du fort saint père. c’était sans compter sur les éléments déchaînés qui s’emparèrent ce soir-là de la région malouine, laissant le spectateur trempé jusqu’à l’os. du moins pour les plus courageux. car bon nombre avaient pris, avec raison, la fuite. dommage pour l’irlandais, ces vibrantes et intimistes ballades n’avaient pu prendre leur envol, trop perturbés que les sens étaient. on se souvient tout juste de quelques moments de pure grâce où neil, seul au piano, récitait quelques joyaux du passé. et je me souviens plus particulièrement de ce formidable "come home billy bird". un morceau pop parfait. qu’une écoute suffit pour ne plus vous lâcher deux années durant. je guettais donc impatiemment quelques nouvelles de l’ami neil. et sans surprise, le présent album est précédé de la parution d’un come home billy bird ep. tellement attendu, que la première écoute de l’album se dirige immédiatement vers ce quatrième morceau, snobant les trois premiers. cristallisation. j’ai peut-être trop idéalisé. ou alors sa fraîcheur et le particulier contexte de son introduction scénique ne peuvent être restitués parfaitement sur disque. même par l’entremise de la patte experte de nigel godrich (celui-là même qui avait sublimé - également poli - regeneration mais qui n’est ici qu’au mixage, la production étant assurée par neil, l’enregistrement par guy massey). "come home billy bird" n’est certainement pas le morceau transcendant de l’année mais il a de sérieux charmes.
cultes
et l’album ? en prenant les choses par leur commencement, absent friends est convaincant. il faudra lui laisser le temps de mûrir, voir si l’envie d’y revenir sera aussi forte qu’avec certains albums cultes de divine comedy. mais les premières écoutes sont ensorcelantes. neil s’y fait plus personnel et intimiste, simple et naturel, dépouillé et libre... on nous raconte que l’album s’est fait à londres en 2003 à l’issue de la séparation avec l’ancienne formation appelée divine comedy, congédiée un beau jour. un changement rendu nécessaire pour rebondir après le très beau et lisse regeneration certainement. absent friends est plus orchestré, comme aux débuts (promenade, liberation), moins rock et grandiloquent que ses derniers albums et soutenu par des amis de longue date, joby talbot (présent aux côtés d’hannon depuis promenade en 1994 et croisé entre temps sur la perle grand parade des regrettés frank & walters), lauren laverne qui prête sa voix à "come home billy bird" ou yann tiersen qui amène son accordéon.
apaisant
neil hannon livre un solide recueil entre un optimisme étincelant et une mélancolie passagère. il nous confie indirectement ses peurs, envies et impressions après 3 années passées sur les routes. il s’exorcise après cette longue tournée américaine en compagnie de ben folds, après la naissance de son premier enfant et cette relocalisation de londres à dublin, terre natale. mettant en scène différents personnages, absent friends raconte ce par quoi neil est passé, le fait d’être toujours ci et là, mais jamais vraiment où il voudrait être, une vie instable marquée par de fréquents voyages. de petites histoires élégamment narrées, tantôt drôles, tantôt sérieuses. ce septième album reprend donc les choses où a short album about love les avait laissées. neil hannon pose à nouveau son timbre chaud sur de relaxantes orchestrations, faisant d’absent friends un album apaisant, plus vivant et moins sage que son prédécesseur, déjà solide cependant. s’il est fortement conseillé de s’y intéresser, une première bonne approche pourrait être de découvrir l’album sur scène, ce cadre conférant une force impressionnante aux compositions de neil hannon.