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publié par gab le 02/07/07
dillinger girl and baby face nelson
- bang !
bang !

léger

C’est avec un léger retard que nous allons aborder le cas délicat de Dillinger Girl and Baby Face Nelson, groupe qui nous livre avec ce premier album, le bien nommé Bang !, une pièce maîtresse de marketing FM certes, mais surtout un recueil de tubes en puissance ayant connu le succès retentissant et mérité que l’on sait grâce à une formule des plus détonantes. En effet, cet album allie magistralement guitares bien grasses, riffs très lourds, soit une musique adolescento-rebelle calibrée à souhait, à un chant féminin mélodique et maîtrisé (bien que légèrement testostéroné) qui n’oublie pas non plus de venir nous titiller la corde sensible là où ça fait mal. Et ça ne loupe pas, on a à nouveau 14 ans et on rêve de Sandrine le cœur brisé car elle ne regarde que cette raclure d’Alexandre. [soupir]. Aussi étonnant que ça puisse paraître, c’est Helena Noguerra (sœur de Lio et compagne du lapinot sexy Katerine) qui emmène cette troupe sur ces terrains gothiques plutôt éloignés de son côté glamour habituel, à moins que ce ne soit pour elle un petit retour aux sources indochiniennes en guise de midlife crisis (Indochine pour qui elle incarnait le personnage principal du clip "Tes yeux noirs", il y a de ça quelques années maintenant). Mais voila qu’on découvre l’âme damnée du groupe en la personne de l’ex-Little Rabbits Federico Pellegrini, qui en homme de l’ombre qui se respecte n’hésite pas à venir tâter du micro avec la dame sur le tube "Bring me to life" de sa voix grave et virile tandis qu’il martyrise sa guitare les cheveux (longs et bouclés) au vent. Or si on sent l’implication toutes tripes dehors d’Helena alors qu’elle s’époumone pliée en deux, son mascara dégoulinant d’injustice, on se prend à douter des motivations cachées d’un opportuniste notoire comme Federico, qui souvenez-vous faisait déjà les cœurs sur l’excellent "And you’re crying for me" des regrettés et interplanétaires Emma. On ne prendra même pas la peine d’évoquer son cynisme légendaire chez les Little Rabbits, il suffit de le voir se pavaner sur la pochette de l’ultime album Radio, dollars dans le futal et "Le blé dans les fouilles" en bande sonore pour comprendre que cet homme est là pour l’argent, point. Ça méritait d’être dit.

confus

Mais que voila ? Un slow sirupeux Céline-Dionesque en quatrième position après avoir enchaîné trois tubes légendaires ("Going under", "Bring me to life", "Everybody’s fool"), non même Pellegrini n’est pas fourbe à ce point ... voyons voir ... ah ... vous nous voyez confus, il semblerait qu’il y ait une petite erreur sur la personne ... c’est ballot quand même ... oui bon d’accord, méprendre Evanescence pour Dillinger Girl, c’est plutôt cocasse, mais ce sont des choses qui hélas arrivent même aux meilleurs d’entre nous et ne font que mettre en valeur notre grand besoin de vacances (grassement payées par le cargo bien entendu). Mais ne nous laissons pas trop perturber, faisons comme si de rien n’était et enchaînons ...

paix

C’est donc à l’issue d’une tournée harassante dans tous les plus grands stades mondiaux qu’Helena et Federico, las du gros son et des gueulantes interminables, décident de mettre de côté Evanescence, le kohl et les pantalons en cuir pour s’offrir un peu de repos bien mérité guitare classique en bandoulière sur le bitume chaud bouillant de l’Arizona. Et afin de pouvoir vivre des heures tranquilles et jouir en tout incognicité du farniente journalier, quoi de mieux que de se choisir des pseudos, des petits noms tout mignons pour mettre paparazzi et autres petites bêtes nuisibles hors-jeu. C’était sans compter sur l’esprit tordu de nos héros et sur les affres de l’oisiveté. à peine une semaine les pieds dans la piscine qu’ils s’étaient déjà renommés Dillinger Girl et Baby Face Nelson et étaient partis jouer les Bonnie & Clyde en braquant leur première banque. Mais laissons là la rubrique faits divers dans laquelle s’inscrit d’ailleurs leur fin tragique, de soif au beau milieu du désert pour cause de pneu crevé (encore un coup fumeux de "Baby Face" qui s’était cru malin en revendant la roue de secours pour 15 dollars), et concentrons nous sur l’œuvre qu’ils laissent derrière eux, paix à leur âme.**

pari

C’est donc sur une prémonitoire histoire d’eau et de désert que commence l’album et de la plus belle des façons : a capella, histoire de rompre définitivement avec leur lourd passé. Sans instrument peut-être mais en tout cas le rythme est lancé, la méthode aussi. Ce sera un album dans le plus simple appareil, une guitare classique, une deuxième parfois pour de petits riffs discrets, et leurs deux chants limpides. Helena mène le plus souvent la danse, Federico se pose en soutient infaillible et ces deux là en remettent même quelques couches supplémentaires pour les cœurs, véritables âmes ancrantes de ce disque. Il s’agit là d’un pari risqué, nonobstant leur renommée gothique internationale, que de faire un album entier à deux voix et une guitare-même-pas-folk. Un pari réussi quand on voit le nombre de pépites jalonnant sa tracklist. Un enchaînement de morceaux, aux noms raccourcis façon chapitres cargotiens, étudié aux petits oignons puisqu’il alterne savamment les morceaux dynamiques et emballants ("Stranger", le tubesque "Changes", "Love", l’ultra efficace et entêtant "Move") et les morceaux calmes et reposants ("Puke", "Work") voire tristes ("Believe") et beaux à pleurer (notre préféré "Share"). Le tout saupoudré ci et là d’excellents ovnis ("Stop", le bouche en cœur et chœurs retros "Dillinger girl", le nasal ’70 "Smile") et de morceaux un peu chiants ("Miss") ou portant carrément sur les nerfs malgré l’humour des paroles et des chœurs ("Hit"). Pour finir en beauté avec une reprise aux paroles modifiées du "Heart of glass" de Blondie reposant uniquement sur un petit beat bien cheap, ou comment clore de façon idéale un album aussi décalé qu’improbable.

neuf

Maintenant pour revenir à Sandrine, Alexandre, Emma et les autres, chassez le naturel il revient au galop, Federico a beau avoir perdu ses cheveux soyeux en tombant la guitare électrique, la pochette de l’album semble montrer qu’il est plus que jamais là pour le fric. On ne change pas comme ça sa nature profonde. Et alors qu’on pleure tout juste son deuxième trépas (franchement le pneu, quand même) en deux ans, le voici qui s’apprête à se réincarner une troisième fois sous nos yeux ébahis (en French Cowboy pour le coup) et ce dès qu’il aura récupéré son staff de chez Katerine qui joue les prolongations, succès v.i.p.esque oblige. On ne vous cachera cependant pas qu’on s’inquiète un peu, si Monsieur a décidé de nous balancer comme ça ses neufs vies au rythme d’une par an, non seulement ce sera un beau gâchis, mais c’est surtout le k.o. assuré pour nous autres pauvres auditeurs sans défense (ne parlons même pas des chroniqueurs) qui du tapis regardons l’arbitre s’agiter dans tous les sens au ralenti alors que notre tête nous fredonne tranquillement "you’ve gotta move your body, move your body, move your body, move your body ...". On hoche la tête c’est sur mais on ne peut éliminer si facilement cette pensée obsédante qui nous taraude inlassablement le lobe frontal et qui peut se résumer assez simplement de la façon suivante : ben mon vieux, on n’est pas dans la merde ...

**

Ils ont d’ailleurs bel et bien disparu de la circulation, le site internet officiel et leur page myspace ayant mystérieusement disparus de la circulation. C’est bien dommage, on pouvait y trouver de petits films très instructifs complétant parfaitement l’univers audio ludique qu’ils s’étaient créés.

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publié par le 02/07/07
Derniers commentaires
antoine - le 02/07/07 à 11:01
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rôh, gab, j’ai peur que tu sois en retard : il me semble que helena noguerra et katerine ne sont plus ensemble, me trompe-je ?!
(c’était la minute potin)

j’aime beaucoup, sinon ?

gab - le 02/07/07 à 13:56

quoi ? Je ne serais pas au point journalistiquement ????
Pour compléter la minute potin, ils étaient ensemble aux victoires de la musique pourtant ...
Et pis j’m’en fous, pour moi ils seront toujours ensemble ;-)