mûr
surprise, le devendra banhart brouillon, lofi, troublant, acide d’oh me oh my... a laissé place sur rejoicing in the hands à une poésie plus lisse et légère, pas moins inspirée pour autant. plus élégamment habillées, les compositions du jeune homme ont perdu en spontanéité et urgence ce qu’elles ont gagné en sagesse et profondeur. plus mûr et digeste, le morceau 2004 est également plus mordant et accessible.
voile
s’initie un voyage sans repère temporel puisé dans le terroir américain à grand renfort de fingerkeeping. rejoicing in the hands est une plongée dans un folk acoustique étoffé de nobles arrangements comme sur "poughkeepsie". quelques onces de folie dans le chant viennent troubler l’onde calme de cette paisible odyssée. ce sens des nuances émerveille et surprend. la finesse que devendra banhart a gagné d’un album à l’autre a quelque chose d’extraordinaire. je n’irais pas jusqu’à l’accuser d’avoir volontairement dissimulé tous ses charmes derrière une épais voile lofi lors de son premier album.
trublion
mais à la manière d’adam green, devendra banhart prend sur son deuxième album une toute autre dimension. si chez l’ex moldy peaches, c’est la passion pour une pop sixties qui était retranscrite, chez devendra, il s’agit du spectre folk de la même période aux accents neilyoungien. rejoicing in the hands est donc une belle ballade dans l’imaginaire halluciné d’un jeune trublion américain à l’allure de jesus hippie. un personnage très charismatique au service d’une musique non moins typée et porteuse. la manière dont il assaisonne un siècle de musique américaine avec ses propres ingrédients mène à une recette acidulée, une musique douce et amère, lissée et frappée, posée et imprévisible dont "this beard is for siobhan" semble la synthèse parfaite. l’album le plus réjouissant de l’année assurément.