jongle
Ah si seulement les pochettes de compact disque étaient un peu plus grandes... difficile de discerner les multiples détails de cette parodie bucolique du sgt pepper’s lonely heart club band des beatles qui orne la pochette de cripple crow. Trente-huit années plus tard, devendra banhart y va-t-il de son album conceptuel ? Le cinquième de sa discographie jongle avec le thème de l’enfance (serait-il jeune papa ou se sent-il vraiment petit garçon), fait plonger la folk dans une piscine latine (il a grandi quelques temps à caracas, au venezuela, d’où la reprise de simon diaz, “Luna de Margarita”) quelque part entre la havane et rio de janeiro, et appuie l’hommage aux beatles par quelques emprunts : des hymnes harmoniques à la lennon (“heard somebody say”, “quetate luna”) dignes de abbey road, le détour indianisant avec tablas & sitar à la george harrison (“lazy butterfly”) et bien sûr le morceau potache “the beatles” qui nous rappelle que les meilleurs partent en premier (« Paul McCartney and Ringo Starr are the only Beatles in the world »).
absurde
Si ses deux albums de 2004, rejoicing in the hands et nino rojo, ne formaient qu’une seule entité, taillée dans un même bois sec et noueux, cripple crow voit devendra banhart partir sur des sentiers plus bigarrés où la musique se fait tropicale (la rencontre du cancer et du capricorne en quelque sorte), chaleureuse, festive et conviviale. Le sommet de cet incroyable voyage est assurément le périple asiatique absurde de “chinese children”. Entouré d’une joyeuse petite troupe (the hairy fairy, cocorosie, espers, vetiver, currituck co., entre autres...) devendra banhart se montre tour à tour léger, gai, puéril, sombre... sa musique s’habille en circonstance de parures jazz, pop, reggae, blues, psyché...
contrées
ce véritable défilé n’est pas un simple trompe l’oeil pour éviter la monotonie ou tenter de dissimuler une quelconque vacuité du contenu. Si comme d’habitude, le premier abord est rude (voix chevrotante, morceaux quelque peu simplistes), les écoutes aidant cripple crow s’avère moins boiteux que la somme de vingt deux titres aurait pu suggérer. La dérision et l’humour de devendra banhart alliée à une belle recherche musicale, rythmique en particulier, font de cripple crow une délicieuse carte postale. De ces riches contrées fictives qu’il nous fait parcourir, il est assurément le meilleur guide.