accueil > articles > albums > Détroit

publié par gab le 19/02/14
Détroit
- Horizons
Horizons

Il pleut à Sotchi. Ça fait schplosh, schplotch, splotch et ça colle aux skis. L’occasion rêvée d’attaquer le très bel album de Détroit. Très bel album certes mais piège ultime du chroniqueur tant la terre lui colle aux basques. Quel niveau d’abstraction faut-il atteindre pour livrer un article avec un minimum d’objectivité ? Comment oublier qu’il s’agit ici du disque du retour au chant de Bertrand Cantat ? A moins de partir du postulat inverse, pourquoi faudrait-il oublier qu’il s’agit de Bertrand Cantat après tout ? Et à quoi ça sert, au final, l’objectivité ? Détroit sort son premier disque, Horizons, et on se laisse prendre par une sobriété impeccable et un chant toujours aussi hypnotique … en toute subjectivité.

retenue

Déjà, cargotime aidant, on écoute le disque avec quelques mois de retard, une fois passé la (toute) petite tempête médiatique, et ce n’est pas plus mal. Cela permet de donner du temps au disque, d’évacuer tranquillement les émotions parasites qui s’incrustent inévitablement aux premières écoutes, de s’imprégner des morceaux. Et parlant d’imprégnation, ce sont les musiques qui nous retiennent en premier, dans un style relativement proche de Noir Désir (c’est une surprise, on s’attendait à un éloignement plus prononcé) en un peu plus sobre, avec une belle retenue. On découvre une superbe gestion des émotions musicales, à la fois une force et un espace de liberté, une mie aérée, soutenante sans être étouffante. Dans ce cadre impeccable construit à deux avec Pascal Humbert (l’ancien bassiste de 16 Horsepower), la voix de Cantat - passé la stupeur de le réentendre chanter - finit par nous emporter. On a beau lutter, on n’est pas de taille pour se battre contre l’hypnotisme tendu de "Terre brûlante" ou "Horizon", contre le savoir-faire incontestable de "Ma muse" et "Ange de désolation", contre l’énergie noir-désirienne intacte de "Le creux de ta main" ou contre le magnétisme de "Null and void" et surtout du poignant "Droit dans le soleil". On se laisse même embarquer par une reprise non conventionnelle (on avait un peu peur) d’"Avec le temps" de Léo Ferré, c’est dire.

taille

On n’est pas de taille et on ne cherche pas vraiment à l’être, Détroit existe et livre à n’en pas douter l’un des tous meilleurs disques auxquels ait participé Bertrand Cantat à ce jour.

Partager :

publié par le 19/02/14