Sur le papier, le dernier film de Tsui Hark a vraiment tout pour plaire, déjà son titre à rallonge qui sent bon les films d’aventure à "l’ancienne" et le surnaturel mais aussi le nom de son réalisateur qui s’il n’est peut être pas le plus connu du grand public est quand même celui qui aura été pour beaucoup dans la popularisation des films de sabre asiatiques.

Fire walk with me

En l’occurrence, il s’agit d’une enquête policière dont le contexte est à l’accession au trône de la première impératrice en Chine sur fond d’intrigues de nobles qui ne reconnaissent pas à une femme le droit de régner.

Des morts mystérieuses et spectaculaires (combustions spontanées) ont lieu autour de la construction d’un gigantesque bouddha qui doit être achevée pour la cérémonie de couronnement. Pour élucider ces crimes, on fait appel au juge Ti (le fameux détective dee du titre dont le nom francisé voit un t remplacer le d), un personnage haut en couleurs qui était emprisonné pour avoir refusé de se soumettre à la future impératrice. (précisons qu’il s’agit d’une vraie figure historique)

I believe I can fly

L’enquête sera semée d’embuches, riche en rebondissements et en combats à la chorégraphie impressionnante, ce qui semble être le strict minimum, pour un film de Tsui Hark, l’autre réalisateur mythique de Hong-Kong avec John Woo.

Et effectivement on a bien droit à tout ça, aux décors immenses, aux centaines de figurants, à ses combats où les protagonistes volent plus qu’ils ne sautent et vous tiennent sur les charbons ardents par leur inventivité à utiliser leur environnement dans ce qui ressemble autant à un ballet qu’à des techniques martiales.

Et il y a des retournements de situations qu’on attendait vraiment pas, la grande histoire qui apparait en filigrane, des considérations morales et de la symbolique.

Et l’esthétique y est aussi, le plus souvent, des décors parfois sublimes, une caméra maniée d’une main de maître et du style (on pense en particulier au combat contre le grand prêtre)

Un détective pas si frais que ça

Et.... pourtant j’avoue que j’ai été un peu déçu...vraiment un tout petit peu, je suis loin d’être un spécialiste de Tsui Hark mais donc je n’ai pas entièrement retrouvé l’humour et l’énergie si particulière qu’il y avait par exemple dans histoires de fantôme chinois et que j’associais à ce réalisateur. Pourtant la qualité de la réalisation est là, le jeu des acteurs est très bon aussi et l’univers du film attachant par les lieux comme certaines créations presque steampunk comme les pantins du marché fantôme)

Mais si il faut plutôt comparer le film à Tigre et Dragon ou Hero, le film n’y a pas non plus la démesure et le côté épique de ces deux-là. Il est un peu entre les deux : entre la grande fresque historique où les hommes s’affrontent aussi pour des idées et une vision de la société et les films d’action dopés d’une pointe de fantastique et remplis de personnages fantasques.

Détective Dee semble vouloir jouer dans les deux registres mais n’y parvient qu’à moitié car la fraîcheur et l’humour n’y sont pas en quantité suffisante. Certes le film n’est ni pompeux ni laborieux à vouloir jouer des symboliques, mais pas non plus jubilatoire dans le ton ou dans l’action, il y a finalement une densité trop faible dans l’histoire et la réalisation pour qu’on soit vraiment impressionnés.

On passe un bon moment mais vraiment sans plus...