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publié par gab le 07/05/09
deportivo
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Un des éléments fort sympathiques avec le monde musical (en tant que pendant quasi abstrait, intérieur, d’un monde réel pas toujours au mieux de sa forme), c’est sans conteste le fait de pouvoir rattraper à tout moment ou presque un rendez-vous manqué. Or s’il est un rendez-vous qu’on a laissé passer en 2007 c’est bien ce deuxième album de Deportivo. Oh pour un tas de raisons toutes aussi bonnes/mauvaises les unes que les autres puisqu’on était allé jeter une oreille rapidement sur le disque à sa sortie, porté par la fougue du premier album, transporté par un très bon live au Bruit de Melun en 2005. Et en effet à la première écoute, on avait été déçu ; pas de morceaux aussi évidents que "1000 moi-même" ou "Parmi eux" pour nous accrocher d’entrée de jeu, peut-être aussi le contre-effet de la reprise de Miossec ("Les bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement"), morceau qu’ils jouaient déjà en concert deux ans auparavant ; ça sentait le surplace musical, voire le manque d’inspiration, à les voir se cacher ainsi derrière ce morceau emblématique mais un peu à contre-emploi chanté par de si jeunes gens. Bref, passa le moment et nous notre chemin.

kids

Les choses auraient d’ailleurs dû en rester là si ce n’était pour cette soirée de biberonnage tardif début 2008 et cette rediffusion té-n-tée de Taratata avec, surprise, Deportivo et toujours les bières et leurs capsules rotatives. Et pour une fois on se sentait interviewement en phase avec le groupe nagué qui ne cachait aucunement son déplaisir d’être là à discutailler avec le MC local. En résumé (avec quelques mois de décalage, excusez le manque de précision), il en ressortait principalement deux informations : ils étaient là car leur maison de disques leur forçait un peu la main et ils auraient souhaité que leur album soit vendu très peu cher pour leur public de kids mais ils n’ont pas été libre de le faire. La ligne pure et dure. La déconfiture naguienne face à tant de mauvaise volonté était en tout point réjouissante et l’idée refait donc surface progressivement : il faudrait peut-être donner sa chance à l’album.

loin

On les prend donc au mot et au prix en période de déstockage massif de début d’année 2009, le rendez-vous aura bien lieu et dans de bien meilleures conditions. Car vous vous en doutez un peu, si on prend la peine de revenir dessus deux ans après, une fois franchi l’obstacle houblonné, c’est qu’on découvre ces jours-ci un très bon album finalement. Alors en effet ils reprennent les choses à peu près où ils les avaient laissées sur le premier album mais au lieu de tenter le tout pour le tout et de refaire un disque avec la même intensité juvénile, la même adrénaline adolescente, ils emmènent les morceaux un peu plus loin pour notre plus grand (mais plus lent) plaisir. D’où cette impression de se cacher un peu, cet aspect moins rentre dedans au premier abord. Ceci dit on est tout de même bien loin de l’album de la maturité et une fois qu’on a pris le temps de les découvrir, les morceaux nous donnent accès à un univers un peu plus posé, certes, mais toujours très décapant et détonant. On retrouve (en moins systématique que sur le premier album) cette alternance de morceaux très électriques, toutes guitares dehors, et de chansons brassens-like, plus légères musicalement avec guitare classique et petit rythme cahin-caha, alternance qui nous avait beaucoup plu à la base, évidemment. On retrouve aussi cette urgence dans le chant, cette urgence dans le jeu et ce traitement sans concessions qui fait qu’ils nous livrent à nouveau un album ultra-court (30mn, blanc et morceau caché inclus) mais des plus cohérents. Et comme on a de toutes façons toujours préféré les albums compacts et claquants aux albums qui se perdent en chemin en voulant absolument remplir pour remplir, ça nous convient parfaitement.

bord

Quant aux bières (qui s’ouvrent aujourd’hui manuellement depuis un certain nombre d’années), au risque de se contredire en beauté, le morceau leur va finalement pas mal du tout. On l’attend même avec une certaine impatience maintenant qu’on a bien pris la mesure de son voisinage direct, les éléments se sont équilibrés, l’arbre ne cache plus la forêt et comme c’est tout de même un sacré morceau, on aurait tort de bouder notre plaisir. Pour ce qui est de la forêt en question, à l’orée du bois "¿ Exorde baratté ?", "En ouvrant la porte" et "La brise" s’en sortent plutôt bien en successeurs des singles du premier album, l’énergie est là, l’envie aussi et du coup on n’est pas bien loin non plus, forcément ; côté clairière leurs équivalents ès légèreté acoustique, les excellents "I might be late" et "Suicide Sunday", nous enchantent personnellement au plus haut point ; pour ceux qui préfèrent s’aventurer un peu plus à l’écart des sentiers balisés, oui ceux qui veulent retrouver un peu des émotions fortes du premier album avec voix éraillée et gros son rentre dedans, "Clásico" et "Blue lights" sont pour eux sans hésiter ; finalement il n’y aura vraiment que "La colline" pour nous laisser sur le bord du chemin, pas désagréable certes mais pas non plus forcément d’une pertinence folle dans ce bosquet de haut niveau. Reste "Ne le dis à personne et personne ne le saura", entre deux eaux, naviguant entre lenteur, puissance, tension et douceur ; à l’image d’un album qui se mérite un minimum, qu’il faut aller chercher, gage indéniable d’une présence durable et bienvenue sur nos platines, gage surtout d’un rendez-vous (tardivement) réussi.

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publié par le 07/05/09
Informations

Sortie : 2007
Label : le village vert

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