De cette session avec Demi Mondaine, on aura rapporté bien plus de photos qu’on n’en prend d’habitude dans ces circonstances pas toujours évidentes. C’est qu’on a passé toute une fin d’après-midi en leur compagnie, dans ce bar de quartier où Béatrice, Mystic et Sarah avaient convié des amis et des habitués à se joindre à eux pour l’occasion. Entre deux verres et deux notes de guitare et d’accordéon, on ne sait plus toujours très bien où s’arrêtent les répétitions et où commence la session. L’ambiance « vieux Paris » qui s’installe colle particulièrement bien à « Paris sous la neige » dont le texte nous a toujours évoqué Brel et l’héritage de la chanson française. L’instant est plus proche d’une fête de bar improvisée que d’une session calibrée : un vrai moment de partage et de générosité qui déborde largement du cadre de l’exercice. L’entrain du groupe, sa joie communicative d’être là et de se donner sans compter, réchauffe comme un bon verre de vin par une douce soirée d’été. On est en famille, tout simplement.
Cette série de photos ne couvre toutefois qu’une partie de la session. Plus tard, il s’est passé tout autre chose. Un moment au-delà des mots, dans l’appartement de Béatrice, un moment tout en douceur et en introspection, si fragile qu’il aurait suffi d’un rien pour le faire éclater. Un moment qui se prêtait si peu au déclic des photos. Alors on se retire sur la pointe des pieds, on garde le silence et on retient son souffle, tandis que Béatrice et Mystic offrent à la caméra ce moment d’une délicatesse infinie de l’autre côté d’une porte close.
Ils nous auront amenés bien au-delà de ce qu’on espérait en leur proposant l’exercice de la session. On est parfois frappés, en lisant les articles consacrés à Demi Mondaine, de voir à quel point certains focalisent uniquement sur l’aspect rock de leur musique en occultant d’autres facettes, plus riches et nuancées, qu’on y perçoit pourtant. Ils nous les ont offertes, ces facettes, cette chaleur et cette émotion poignante, avec une confiance et un abandon qui nous ont profondément touchés. On reçoit certaines sessions comme un cadeau. Celui-ci était aussi inattendu que précieux.