Steve Buscemi il est trop fort. Qu’il ait un rôle important comme dans Reservoir Dogs ou Ghost World, ou juste une apparition comme gentil psychopathe ou pervers rigolo dans un blockbuster façon Armageddon ou The Island, il assure grave. Et voilà qu’il refait équipe avec Tom DiCillo avec lequel il a déjà commis le très chouette ça tourner à Manhattan que j’ai justement racheté pour des broutilles récemment sur Cdiscount (c’est un conseil déguisé). Du coup, il m’a vendu Delirious à lui tout seul. Voyons voir s’il y a pas eu tromperie sur la marchandise.
Triangulaire non amoureuse
Delirious tourne autour de trois personnages : Less (Steve Buscemi) qui se dit "photographe professionnel" mais qui est surtout un paparazzi, Toby, un beau gosse grungy SDF (joué par Michael Pitt, vous vous souvenez de Last days et de the dreamers ? c’est lui !)
Dans un élan de générosité (ou peut être parce qu’il lui promet de travailler pour lui à l’oeil, le premier engage le deuxième et lui offre une place chez lui, enfin dans un placard à lui plus exactement...
Et Toby devient donc son assistant, partage ses plans foireux mais finit quand même par rencontrer grâce à lui la fille de ses rêves, K’harma, une improbable blonde popstar toujours en soutif, le genre cheerladder mais qui ferait mieux de se sauver avant de sauver le monde.
Mais pas évident de sortir avec une célébrité qui fuit la presse à scandale quand on bosse pour un paparazzi...
le cul entre deux chaises
Bon autant le dire de suite, Delirious c’est pas du grand délire, certes, on rigole bien, souvent, mais le film garde souvent les pieds sur Terre, les seuls moments où la fantaisie l’emporte, où l’image dérive vers un ailleurs plus beau, plus coloré, c’est avec des pétales de rose, façon pub kenzo, c’est très mignon mais on est à la limite de la guimauve, du film pour adolescentes pas encore tout à fait sevrées des contes de son enfance.
Encore que c’est un côté assumé, exposé comme étant la vision de Toby, de lui donner une part d’innocence, avant de l’amener au coeur du showbiz, de montrer qu’on peut faire une pause dans l’amour très pur et très beau qu’on voue à sa pom pom girl, pour profiter des charmes généreux d’un agent-bombe sexuelle.
pour le meilleur et le un peu moins meilleur
Tout ça sans jugement de valeur bien sûr, la pom pom girl fait pareil (mais elle va mettre quelque chose sur sa poitrine un jour ???). Ca a l’air d’être la norme du milieu qu’on critique légèrement en filigrane mais pas trop pour être militant (et ennuyeux ?), quelques piques par ci par là sur la télé réalité, mais tellement molles qu’on se demande qui critique qui, et si au fond il est question de critiques. Et là on ne sait plus trop dans quel film on est.
De même pour le parcours de Buscemi, qui de sujet principal au début finit par s’effacer face aux deux tourtereaux, on a l’impression au bout d’1h30 de plus savoir où ça va, que le réalisateur ne sait plus quelle histoire il raconte, s’il s’est laissé aspirer par la guimauve, si cette histoire ne raconte plus qu’une seule histoire, celle de Toby.
Entre comédie et drame
Et c’est la seule chose qui est un peu dommage, qu’à force de vouloir jouer sur plusieurs niveaux de lecture, de mélanger les genres, les histoires, Tom DiCillo nous perd un peu en chemin et il perd une partie de sa susbtance. Il ne réussira pas la fusion parfaite entre une comédie légère comme les rêves, l’innocence de l’adolescence, comme les paillettes d’hollywood et un drame lourd des déceptions de l’envers du décor, tâché des accidents d’une vie qui ne sait pas montrer à la hauteur de ses rêves.
Mais il a le mérite de très bien filmer, de savoir montrer visuellement ces deux choses antithétiques sans tomber dans la mièvrerie ou le pathos. De diriger de très bons acteurs aussi. Pour offir au final quelque chose qui à défaut d’être délirant permet de passer un bon moment et de ressortir avec quelques images fortes dans la tête. (pas ce que vous pensez, à la fin la pom pom girl finit par mettre une robe par dessus sa poitrine)
il me tente bien ce film. j’avais beaucoup aimé le précédent dicillo dans lequel l’obsession des protagonistes était d’épouser une blonde, mais une vraie.