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publié par Emmanuelle Nemoz le 20/07/25
Dee Dee Bridgewater, Meshell Ndegeocello et Dominique Fils-Aimé - Jazz à Vienne, 2025 - 01-10/07/2025

16 jours de musique, 139 concerts, 1000 artistes de 47 nationalités : cette année encore le festival Jazz à Vienne a tenu à ouvrir très largement ses portes à la diversité des styles musicaux en lien avec le jazz.

Outre les soirées thématiques du Théâtre Antique (guitare, disco, jazz oriental, alternatif ou vocal, Caraïbes, soul et hip-hop) et le Focus Européen consacré cette année au Luxembourg (qui fera l’objet d’un prochain live report), on pouvait également discerner d’autres lignes de force sous-tendant la programmation du directeur artistique Guillaume Anger.

Ainsi, la présence de femmes qui accompagnent leur virtuosité musicale d’une profondeur de champ supplémentaire à travers une réflexion sur le monde, l’humain et, au final, sur ce qui unit malgré les forces négatives souvent à l’œuvre.

Pour notre premier jour de présence à Vienne, c’est Dee Dee Bridgewater qui, entourée d’un trio féminin de haute volée (Carmen Staaf aux claviers, Rosa Brunello à la basse et Shirazette Tinnin à la batterie), met sa voix au service de la défense des droits des femmes, des afro-américains, des peuples en général, à travers un projet intitulé We Exist, en référence à l’album de Max Roach et Abbey Lincoln We Insist !. De « I Wish I Knew How It Would Feel to Be Free » à « People Make the World Go Round » en passant par « Tryin’ Times » ou « Gotta Serve Somebody », le quartet offre au public un set engagé revisitant les morceaux iconiques du mouvement des Droits Civiques et du répertoire des protest-songs. On se rappellera longtemps de l’interprétation à la fois rageuse et émouvante par Dee Dee du déchirant « Mississippi Goddam » de Nina Simone.

Quelques jours plus tard, Meshell Ndegeocello prenait le relais avec son projet en hommage à une grande figure de la lutte pour les Droits Civiques, No More Water : The Gospel of James Baldwin, qui alterne musique et extraits de textes de l’écrivain pour délivrer un message de paix et de respect. Mention spéciale pour le chanteur, Justin Hicks, dont on sent qu’il vit intensément chaque note et chaque mot qu’il interprète, et pour Meshell, qui n’hésite pas à lui laisser toute la place qu’il mérite et à mettre en lumière, en prologue à son concert, son batteur Abraham Rounds et son pianiste Jake Sherman qui interprètent, seul sur scène, trois morceaux de leur propre album, Finally !.

Enfin, pour notre dernière soirée au festival avec Dominique Fils-Aimé, que l’on attendait avec impatience de découvrir sur scène, c’est la célébration des liens entre humains et avec notre environnement qui se fait à travers une voix à la présence chamanique transmettant des émotions à fleur de peau avec une intensité musicale qui va crescendo et instaure une magnifique communion avec le public du Théâtre Antique. Ceux qui étaient venu pour elle repartent confortés dans leur choix, et nombre de ceux qui étaient là pour Jamie Cullum reviendront sans doute pour Dominique Fils-Aimé. Parce qu’on espère bien que, comme Dee Dee Bridgewater, la talentueuse québécoise pourra dire, dans quelques années, qu’elle se sent à Vienne comme à la maison.

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