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publié par Gillen Azkarra le 01/02/19
Dead Can Dance
- Dionysus
Dionysus

Dead Can Dance est de retour. Après Anastasis, sorti en 2012, voilà Dionysus et pour la première fois le groupe tente le pari de l’album conceptuel. Un travail habilement mené qui rappelle l’époque bénie de Spiritchaser et de The Serpent’s Egg.

Ce nouvel album, centré sur le culte païen du dieu grec Dionysos, que l’on célèbre encore de nos jours, est assez évocateur et symbolique. Dionysos est le dieu du vin, de l’ivresse, du théâtre, de la marge, de la transgression, le dieu que l’on invoque lors des transes. C’est aussi un dieu aux frontières floues que l’on retrouve dans les écorces des arbres et certains fluides vitaux. Un dieu mystérieux, ambigu, des plaisirs interdits, rempli d’altérité.

L’album est séparé en deux actes, Dionysos ayant eu une forte influence dans le développement du théâtre grec antique et de la tragédie. Le choix de Brendan Perry et Lisa Gerrard s’est donc porté naturellement vers ce format. Les voix des deux protagonistes laissent souvent place au chœur. Pour Brendan Perry, « Dionysos est toujours apparu dans les célébrations en groupe. Il est donc important que le choeur, le collectif, soit la voix principale ».

Embarquons pour Dionysus, voyage psychédélique entre mer, montagne et forêt.

Dès les portes (de la perception) ouvertes, l’acte I débute avec “Sea Borne”. On y entend le son du vent et le ressac. Le rivage nous invite à prendre le large et à plonger dans un océan mystique et chaleureux où le chœur nous invite à lâcher prise. Au son hypnotique des tambours, nous ne sommes que du fluide dans l’océan libérateur. La balade se poursuit avec “Liberator of Mind”, au titre évocateur. Plus sombre, ce passage évoque la nuit . Sur un un rythme lancinant, on s’enfonce au cœur des âges et des mythes primitifs. “Dance of The Bacchantes”, plutôt chaotique, sur lequel plane la voix de Lisa Gerrard, nous guide vers la transe et conclut admirablement ce premier acte.

“The Mountain” entame l’acte II. Une puissante ligne de basse nous aspire directement dans une ambiance mystique et spirituelle, où se mêlent les chants de Lisa Gerrard et Brendan Perry. L’atmosphère de “The Moutain” offre une belle entrée en matière à “The Invocation”, où, au son d’un troupeau de boucs et de chèvres, dès les premières mesures, Lisa Gerrard utilise enfin tout son talent vocal. S’ensuit un jeu magnifique entre la chanteuse et le chœur. Un titre millimétré et parfaitement interprété. Avec l’aérien "The Forest", Dead Can Dance nous emmène en douceur vers le dénouement (/la conclusion), “Psychopomp”, qui a contrario termine l’album de manière un peu abrupte L’acte II entier alterne comme deux chœurs se répondant avec les voix de Lisa Gerrard et Brendan Perry ensemble, ensuite Lisa Gerrard, puis Brendan Perry, et les deux protagonistes chantant ensemble sur “Psychopomp”. Au final, malgré une fin dans laquelle il aurait été plaisant de se perdre un peu plus longtemps, cette deuxième partie se révèle complète et solide.

Dionysus est donc une belle réussite pour Dead Can Dance. Comparé à Anastasis, un peu plus froid et lisse, les deux créateurs de Dead Can Dance nous livrent ici un disque coloré, riche, chaotique et organique. Le field recording utilisé par Brendan Perry lui donne un côté vivant. L’album nous invite autant à un voyage intérieur qu’à une balade au cœur des saisons et de la nature environnante. C’est aussi un voyage multiculturel par l’utilisation de nombreux instruments du monde entier, une des caractéristiques du groupe, et mis en relief par une pochette d’album représentant un masque issu de la culture des indiens mexicains Huichol, descendants des Aztèques.

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publié par le 01/02/19
Informations

Sortie : 2018
Label : DCD / [PIAS]