Ce n’est pas comme si cette bande dessinée avait besoin d’une quelconque mise en avant, la couverture médiatique de ce pas-de-côté de Zep étant toute à fait impressionnante (pour ceux d’entre vous qui reviendraient de Mars, l’auteur de Titeuf s’attaque cette année au roman graphique pour adultes). Oui mais voilà, nous ne pouvions pas non plus passer à côté d’un tel sujet : les retrouvailles le temps d’un week-end des quatre membres du groupe rock Tricky Fingers dix-huit ans après leur séparation mouvementée.
paquet
C’est là qu’on regrette l’absence de statistiques officielles sur le sujet. Combien d’ex-groupes se retrouvent encore vingt ans après pour une bouffe commémorative occasionnelle ? Vu le nombre de formations musicales d’étudiants en France ces trente dernières années, ça doit faire un bon paquet. Allez, tentative de stats maison, en ce qui concerne votre serviteur c’est du 50% ! Enorme ! (Bon ayant joué dans deux groupes étudiants, ça limite un peu le panel représentatif). Peu importe au final les statistiques réelles, Zep l’a bien compris (ce n’est pas pour rien que ça s’appelle Une histoire d’hommes), le potentiel de ventes chez les trenteno-quarantenaires de sexe masculin (qui s’y reconnaîtront donc un minimum) est non négligeable.
carton
Surtout qu’il prend la liberté d’enjoliver suffisamment la réalité pour attirer le chaland. Ici l’ex-chanteur des Tricky Fingers est devenu une star internationale et vit en Angleterre dans un manoir (alors que dans la vraie vie, au mieux le chanteur est devenu chroniqueur au Cargo et loge à Melun, c’est dire !). Bref, tout est réuni pour faire d’Une histoire d’hommes le carton BD de l’automne-hiver 2013, les têtes de gondoles sont pleines, c’est bien dessiné, le scénario bien tourné, le propos fédérateur. Bien joué.
part
Ceci dit, et ça fait partie du plaisir, on n’échappe pas aux clichés du genre (le rock, pas la BD) puisque le chanteur est hyper-charismatique, le guitariste torturé, le bassiste réservé et le batteur pas des plus fins1 (mais très bon camarade comme il se doit) … et bien sur ça se traite de tarlouze en veux-tu en voilà (ou pour être plus précis, ça traite les anglais de tarlouzes en veux-tu en voilà). Fort heureusement, les clichés ont une part suffisante de réalité pour qu’au final on trouve ce quatuor fort attachant et presque ressemblant (pas taper, pas taper …).
camions
En attendant les prochains scénarii sur le même thème qui ne manqueront pas de suivre la voie désormais ouverte (le groupe inconnu qui se reforme vingt ans après et qui explose tout, les affres d’un quatuor de baloche dont les enfants ont formé un groupe qui explose tout, le chanteur rangé de la scène mais pas des camions qui devient une star à son insu en Afrique du sud et qui explose tout2, le loser-chroniqueur de petit webzine indé qui sort quelques morceaux de sad-core en catimini et qui explose tout), nous ne pouvons que vous conseiller - tout ça pour ça - la lecture tout à fait détendante d’Une histoire d’hommes, la BD rooooock de cette fin d’année !
1 Tenez, il n’y a pas de raisons qu’on échappe au cliché nous non plus, une petite classique pour la route : à quoi voit-on qu’une scène est bien droite ?
2 Oops, déjà pris au cinéma celui-là