génie discret
dan nakamura est le génie le plus discret de ces dernières années. responsable d’une floppée de projets à succès critique en premier lieu et commercial parfois, il aura réussi à se dissimuler avec autant d’habileté que ses samples ne se fondent dans les merveilles pop de ce nouvel ouvrage. s’il ne fallait retenir qu’un artiste de la fameuse scène hip hop de san francisco (et dieu sait que ce ne n’est pas aisé), ce serait vraisemblablement lui. révélé par l’entremise du roi underground kool keith et de son concept dr octagon, nakamura s’illustre comme le maître de la production (jack drag, cornershop, jon spencer blues explosion, the good the bad & the ugly avec les dust brothers), n’en déplaise à rza ou dre. la perle "blue flowers" témoigne de l’impact d’une telle rencontre sur dr octanagonecologyst.
leitmotiv
depuis 1996, la dream team gravite autour de dan the automator pour des escapades monumentales. a much better tomorrow premier album de the automator (en solo mais bien accompagné par kool keith entre autres), le projet deltron 3030 (où s’illustrent le génial del tha funky homosapiens et le crack des turntables kid koala), l’album crossover de handsome boy modelling school (avec l’autre grand producteur, prince paul) en 1999 et bien évidemment le cartoonesque gorillaz. en moins de 5 ans dan a considérablement changé la donne hip hop qui s’enlisait dans des fausses postures gangsta, ses violents règlements de compte ou l’appat du gain comme seul leitmotiv. nos idoles se seront ainsi encanaillées jusqu’à ce perdre sous terre ou derrière les barreaux. il aura réussi, aidé de ses talentueux paires, a redorer le blason hip hop en empruntant des voix différentes, de l’abstract et ses fabuleux débordements instrumentaux jusqu’aux fameux crossover dont cet album est peut être le point culminant.
belle cérémonie
l’idée a déjà été éprouvée par the automator mais le marriage de la pop baroque, de la soul chaude et donc du hip hop n’aura jamais eu plus belle cérémonie qu’avec ce concept album : lovage - music to make love to your old lady by... une ode à la baise des gens comme des genres, entre sensuel et érotisme sans jamais s’abimer dans le bêtement sexuel. la voix de jennifer charles procure malin plaisir, jouant sur la même corde sensible que portishead, le prolifique mike patton (faith no more, fantomas, mr bungle) se découvre et nous surprend avec ses talents de crooner et l’on croise aussi maseo (de la soul), kid koala, afrika bambaata et évidemment damon albarn. s’il fallait un dernier argument pour convaincre, on citerait juste 75 ark, le label hip hop à collectionner. mais étant donné que cet album est abordable quelque soit le genre de prédilection, on constatera que the avalanches n’a peut-être pas cette année le monopole du crossover réussi, lovage étant définitivement un album plus maîtrisé, aéré et sensuel.