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publié par Renaud de Foville le 03/03/01
daft punk
- discovery
discovery

génération dorothée

il y a plusieurs façons de jouer sur la nostalgie. eliminons tout de suite la pire, celle qui fait vomir, à la arthur et ses enfants de la télé... quand il chante le générique de l’ile aux enfants on a envie de lui faire avaler 100 litres de boubiboulga - je ne suis pas sûr de l’orthographe - en espérant qu’il devienne gros, orange avec des taches de couleurs sur tout le corps... et puis il y a la madeleine de proust... les réminiscences des années d’enfance, l’évocation plus ou moins volontaire des sons, des images ou des mélodies qui ont façonné et parfois fasciné notre jeunesse. quand tout cela est sincère ou alors involontaire - parfois un morceau de la fin des années 80/début 90 vous renvoie au visage des images fortes dont ces morceaux sont une véritable bande originale - l’impression est souvent délicieuse, fugitive et tellement personnelle. les daft punk ont plongé littéralement dans leurs influences. ils sont issus de la génération dorothée - bonne période, et oui cela existe !!! - premiers mangas - le clip de leur nouveau single est réalisé par le japonais matsumoto, créateur du mythique albator, à cette époque c’était sur antenne 2 et on n’essayait pas de vendre des millions de saloperies de cartes ou de peluches à partir d’un héros de dessin animé. c’est juste une petite parenthèse, mais quand une série animé est transformée en publicité géante elle est bien souvent secondaire et donc merdique, voilà c’est dit... mais ce n’est pas tout car ce qui nous intéresse chez les daft punk c’est la musique.

méga carton

pour labels l’enjeu est énorme, avec trois millions d’albums vendus pour leur premier album et quand il s’agit d’une signature du label et non de la distribution, je vous laisse imaginer la fièvre qui s’empare du staff. alors si on a pas encore le droit d’avoir l’album on a pu quand même aller dans leurs locaux écouter discovery qui sortira le 12 mars et qui, sauf erreur, devrait être un méga carton. et la musique alors... c’est simple pendant une heure et 14 morceaux - l’album se termine sur "too long", un morceau de 10 minutes à tomber par terre - on fait le grand écart entre les années 70/80 et 90... toutes les influences sont là, les sons sont piochés dans les morceaux les plus populaires des trente dernières années, sans la moindre faute de goût, mais la production de l’ensemble est incroyable moderne et puissante, voire enorme. pour être honnête parfois un peu trop, un peu fatigante pourrait on dire. c’est assez étrange mais en écoutant discovery seul dans un bureau de labels et en ne faisant rien d’autre, je me suis aperçu que ce n’était jamais comme cela que je découvrais un album. franchement, est ce que cela vous arrive souvent de mettre un cd dans votre platine et de ne rien faire d’autre pendant une heure, juste écouter, assis dans le canapé... c’est assez étrange comme expérience. une approche différente de la musique, car la plupart du temps les albums sont des fonds sonores auxquels on prête plus ou moins d’attention... là rien d’autre à faire qu’écouter. et essayer de jouer au jeu des influences, des hommages directs ou indirects et des clins d’œil...

collection de standards

si la production est résolument d’aujourd’hui avec des beats implacables qui feront bouger tous les fessiers de france et d’ailleurs - certains morceaux sont redoutablement efficaces - on ne peut nier aux daft punk un redoutable savoir faire méler à une rare intelligence - et on peut voir dans discovery plusieurs single qui vont tourner en boucle sur les radios et les télévisions - les références seront franchement peu évidentes pour tous ceux qui ont moins de 25 ans et pas de grands frère et sœur... "short circuit" et le fabuleux "rock it" de herbie hancock, "something about us" et robert palmer, chose absolument incroyable des influences directes de supertramp - qui aujourd’hui en dehors des daft punk peut assumer pareille influence ? - ou d’un morceau absolument génial des buggles, "video killed the radio stars" sur "digital love" - les buggles comme les daft punk adoraient le vocoder... ce qui permet à discovery de tenir la route - même si on accuse une certaine lassitude un peu avant la fin de l’album, peut être un peu trop long - c’est l’humour et le petit vent de folie qui souffle en permanence sur l’album. "harder, better, faster, stronger", un des meilleurs morceaux de l’album est absolument irrésistible et particulièrement drôle... si l’ombre de eno est évidemment présente sur pas mal de morceau de cet album ce n’est pas pour son humour - qui flirte parfois avec l’autodérision salvatrice et comme toujours chez les diaboliquement efficace - mais plus pour sa passion de la recherche et des sons électroniques... mais arrêtons ici le jeu des références, si les daft punk ont trouvé une solution, assez maligne au soi disant problème internet/napster - qui de toutes façons n’a pas empêché le music de madonna, bien que présent 4 mois avant sa sortie sur le net, de se vendre par millions - en créant le daft club, ils sont aussi particulièrement pousse au crime... car en écoutant discovery on foncera sur napster pour essayer de se faire la collection de standards qui a permis au daft punk de nous apporter cette petite bombe...

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publié par le 03/03/01
Informations

Sortie : 2001
Label : labels

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