SODA
Pas vraiment une surprise que de retrouver Couch sur Morr Music, après quatre albums partagés entre Kitty-Yo et Kollaps, alors même que le trio est rejoint par Stefanie Böhm, chanteuse de Ms John Soda, l’un des groupes « montants » de la structure berlinoise, et dévolue ici au rôle de claviériste. Aussi parce que la formation n’a jamais rechigné à intégrer l’électronique à son post-rock instrumental, d’influence kraut. De ses débuts il y a dix ans, il demeure l’absence de voix, mais qui prend ici une tournure résolumment plus mélodique et exaltée, faisant de Figur 5, le disque le plus accessible de Couch, en témoigne un « Gegen Alles Hereit » des plus engageants en guise d’ouverture des hostilités. Dans la continuité, « Zwei Streifen in Blau » handclaps et claviers synthétiques en avant, vient ensuite inscrire un peu plus l’album dans cette nouvelle dynamique qui voit Tortoise croiser le fer avec Kraftwerk, sans jamais emprunter les chemins les moins évidents que peuvent parfois prendre ces deux formations.
COULEURS
On pourra reprocher au groupe sa rigidité quant à la forme de ses compositions, restant souvent dans un schéma classique de couplet-refrain-couplet, évitant soigneusement de sortir d’un spectre sonore très défini et plutôt « propre sur lui » (rarement les guitares se font sales pour brouiller les pistes, à part peut-être sur « Position : Wieder Eins » ou le final « Lässt Nicht Nach »). N’attendez pas non plus de digressions dissonantes, ou un quelconque grain de folie expérimental : rien ici ne prend les chemins de traverses que certains (au hasard parmi les groupes post-rock qui osent le mélange electro, 65DaysOfStatic par exemple qui nous a récemment surpris en partant avec les mêmes ingrédients pour aboutir à un plat autrement plus impressionnant). Bref, il y a ici un certain manque de nuance, qui aurait sûrement profité au disque, pour preuve le plus mélancolique « Blinde Zeichen », (sur lequel on a même l’impression d’écouter ISAN, tant la rythmique electro prend le dessus) dévoile des pistes en clair-obscur qu’il aurait peut-être été bon d’explorer plus en profondeur. Disons le carrément : l’album aurait gagné à élargir sa palette de couleurs plutôt que d’une certaine manière, privilégier l’énergie à tout prix.
MELODIE
Les très pop « Große Verzögerung » ou « Alles Sagte Ja » sont certes entraînants mais donnent à réfléchir : et si Couch avait perdu en originalité ce qu’il a gagné en mélodie et immédiateté ? Le groupe propose pourtant un album plutôt agréable, manquant peut-être d’envergure, comme semble l’indiquer « Manchmal Immer Wieder » qui a bien du mal à décoller pendant ses cinq longues minutes, laissant comme unique souvenir celui d’une cymbale crash malmenée. Au final, on prend un certain plaisir à se laisser porter par ces neuf compositions instrumentales qui se laissent très facilement écouter donc, justifiant pleinement que Couch trouve sa place au sein du catalogue Morr Music, même si son dernier né ne sera sûrement pas cité comme un classique par les fans du label. Pour les moins familiers d’electropop-instru en provenance d’Allemagne, on dira que l’aventure vaut la peine d’être tentée même si l’on peut craindre à juste titre, que Figur 5 n’ait une durée de vie somme toute assez limitée. Mais couplé au dernier Ms John Soda, qui lui aussi souffre d’un léger déséquilibre (l’excellence côtoyant l’insipide) on a de quoi passer l’hiver !
