C’était, comme à l’habitude, la dernière semaine du mois de juillet : pour sa douzième édition, le CosmoJazz Festival faisait résonner toutes les couleurs du jazz dans la vallée de Chamonix et celle de Trient côté suisse.

En altitude sur différents sites pendant la journée, et sur la scène installée dans un parc du centre de Chamonix le soir, se sont succédés une belle mosaïque de talents, confirmés ou émergents, de la galaxie jazz du monde entier : des joyeuses envolées la violoncelliste cubaine Ana Carla Maza, qui a ouvert le festival, aux tonalités orientales du septet de son fondateur André Manoukian qui l’ont clôturé, on a pu se laisser bercer par les accents folk de Black Sea Dahu et pop mâtinés de tradition turque de Derya Yildirim, danser sur les rythmes argentins de Mandy Lerouge et sur le flamenco-jazz du Jaleo de Louis Winsberg, suivre Anne Paceo dans le monde magique des S.H.A.M.A.N.E.S, se défouler avec les japonais déjantés d’Ajate, se laisser emporter par le groove contagieux de Bénin International Musical et se délecter du saxophone aérien de Sylvain Rifflet après plusieurs heures de montée jusqu’à l’alpage de Loriaz.

On se rappellera tout particulièrement du guitariste Thibault Cauvin flottant au milieu d’un lac sur fond de Grandes Jorasses, ainsi que de l’exceptionnelle générosité d’un Sly Johnson, terminant son concert au bout de deux bonnes heures complètement entouré par un public conquis, ou d’un Avishai Cohen, dont on a fini par perdre le compte du nombre de rappels.

Le lendemain, le contrebassiste était tranquillement étendu dans l’herbe avec les festivaliers pour assister à l’énorme prestation de Roberto Fonseca, manifestement inspiré par l’énergie (et les esprits ?) du lieu, qui restera dans les mémoires de tous les festivaliers qui y ont assisté et refusaient catégoriquement de le laisser partir, au point qu’il a dû leur faire chanter en boucle "ay ay ay, qué dolor, se acabo, se termino" pour pouvoir finalement s’échapper et rejoindre la vallée...en parapente !

Enfin, mention spéciale pour le trio de Christian Sands, dont le concert en altitude a dû être annulé pour cause d’intempéries, et qui a remué ciel et terre jusqu’à pouvoir jouer à l’heure de l’apéro un éblouissant set complètement improvisé sur la petite scène de la Maison des Artistes (qui accueille en fin de soirée les jams du festival).

Il faudra encore attendre quelques mois avant de pouvoir se replonger avec délice dans cette ambiance unique, mais dans l’agenda, les dates sont évidemment déjà bloquées : du 22 au 29 juillet 2023, ce sera jazz au sommet pour le treizième CosmoJazz Festival.