Un peu plus d’un an après son très beau concert au Café de la Danse, on était ravis de retrouver Coline Rio en tête d’affiche au Trianon. Entre-temps beaucoup de concerts, la ressortie de son premier album augmenté de cinq titres et un nouvel EP, "Ce qui nous lie", composé uniquement de collaborations, avec Albin de la Simone pour "Ma mère" et un titre écrit par Albin : "Elle s’endort", Hélène Sio, le trio SR-9, Voyou, Dany Coutand (la mère de Coline) et une formidable version d’"Homme" portée par un chœur féminin qui réunit un paquet d’artistes qu’on adore : Barbara Pravi, Camille, Clou, Emily Loizeau, La Chica, Laura Cahen, Nach, Poppy Fusée, Raphaële Lannadère.
C’est notre cinquième fois avec Coline en moins de deux ans. C’est dire à quel point on aime sa voix et sa musique tout en sensibilité, qui trouvent un douillet écrin dans ce Trianon parisien, dont la fosse et les deux étages affichent complet. On regrettera un peu la configuration assise, : on trouve qu’il manque toujours un peu d’énergie et de communion quand tout le monde est installé bien confortablement dans son fauteuil. Autre petite déception, ce n’est pas Cécile Lacharme qui officie au violoncelle. Sa remplaçante, Laure Magnien joue très bien aussi et fait aussi les chœurs... mais il nous semble que l’utilisation des pédales d’effets de Cécile donnait des textures supplémentaires, l’originalité d’un élément contribué par une autre personnalité à la musique de Coline Rio.
Autre modification à la formule live et pas des moindres : un batteur !.... qui n’est autre que le frère de Coline, Lancelot. Pour l’instant, il n’intervient pas sur tous les morceaux et apporte un renfort, des ambiances , des dynamiques un peu différentes. En l’état, cela ne change pas fondamentalement le ressenti mais c’est un champs des possibles supplémentaire à explorer et plutôt un bon gage pour la suite qu’on imagine très belle pour Coline avec des salles encore plus grandes... mais pour faire plus grand, et ce sera notre dernière observation qui ne relève pas de l’admiration béate et sans nuances , il va falloir définitivement régler cette scénographie où elle passe la moitié ou plus du concert en fond de scène derrière le piano, "loin" du public. Cela se justifiait avant, car il y avait une présence scénique de Cécile qui créait un équilibre, car Coline venait plus souvent chanter, danser sur le devant de la scène. On comprend le besoin que le piano ne vienne pas la cacher quand il ne sert pas mais il y a des solutions logistiques et techniques qui offrent pour nous un meilleur compromis.
Mais bon tout cela n’est que bien de choses par rapport au bonheur d’entendre encore une fois toutes ces chansons du premier album qu’on adore, interprétée par une Coline toujours très souriante, parfois émue au bord des larmes face à un public bien présent malgré la configuration assise qui lui réserve de longues ovations entre les morceaux et a même prévu des petites surprises (dans les premiers rangs des feuilles avec "ton nom" brandies pendant le morceau en question). Plaisir aussi de voir une belle brochette d’artistes venir chanter en duo avec Coline : Geoffrey Le Goaziou, Albin de la Simone, Emily Loizeau et Hohnen Ford (qui assurait la première partie).
Et cerise sur le gâteau on découvre de nouvelles chansons qui présagent d’un deuxième album tout aussi réussi que le premier dont un morceau très émouvant sur la grand-mère de Coline. Il n’y avait peut être pas la même énergie qu’au Café, la faute à la configuration assise à notre avis mais c’est quand même un très bon concert , pour l’émotion insufflée dans chaque chanson, pour les sourires et le plaisir qu’on sent chez Coline, l’assurance, la maitrise de son concert, des parties de chant de toute beauté sur "On m’a dit" , et bien d’autres, mais celle a toujours a une résonance particulière de par son texte, un manifeste, une déclaration d’intention fondatrice de tout ce projet artistique qui semble désormais totalement réalisée.