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publié par alex le 28/08/00
coldplay - première approche

cette interview a été effectuée il y a quelques mois. nous avons décidé de ne la publier que maintenant, l’actualité coldplay sur le cargo ! ayant été chargée ces derniers temps. coldplay revient ce mois-ci en france pour promouvoir son album, et se produira notamment à la cigale dans le cadre du festival des inrockuptibles. le moment est venu de vous présenter cette interview étonnante, qui a été réalisée à un moment clé de l’histoire du groupe, début juin, c’est-à-dire au début de leur première tournée anglaise en tête d’affiche. le groupe sortira quelques semaines plus tard son premier album qui fera d’eux des stars en grande-bretagne, mais en ce samedi de juin, dans un club d’oxford, on sent que les membres de coldplay sont encore en plein doute, gambergent et se demandent dans quelle aventure ils se sont embarqués. ils sont d’une honnêté et d’un naturel touchants, et sont visiblement perturbés quand on leur dit qu’on préfère leur blue room ep à leur premier album. rencontre donc avec un groupe qui savoure ses derniers moments de calme avant la tempête médiatique qui changera la vie de ces quatre étudiants anglais insouciants. clara, une collaboratrice occasionnelle de cargo, nous a aidé à interviewer chris martin et ses acolytes.

le cargo ! : nous n’allons pas vous demander de nous raconter toute l’histoire du groupe, ce serait un peu fastidieux pour vous, mais pourriez-vous nous expliquer comment le groupe s’est formé et ce que vous avez fait avant de sortir votre premier ep, le safety ep ?

chris : nous avons formé le groupe progressivement en réalité. jonny et moi avons commencé, et guy nous a vite rejoint. nous avons passé à peu près trois mois enfermés chez nous, dans une chambre, à écrire, écrire et encore écrire des chansons. on cherchait en même temps un batteur pour pouvoir faire des concerts et ce genre de choses. cette période du groupe a été très positive : nous avons commencé avec pas mal de mauvaises chansons, puis on a commencé à en écrire quelques-unes plus réussies. will nous a rejoint en janvier 1998. ce n’était pas vraiment un batteur mais c’était un très bon ami à nous et un excellent musicien je crois. dès qu’il a été opérationnel, on a commencé à faire des concerts et on a alors enregistré le safety ep, un mois plus tard...non trois mois plus tard en fait.

le cargo ! : et vous avez rapidement eu des propositions de maisons de disques, n’est-ce pas ?

chris : cela ne s’est produit qu’une année plus tard. après le safety ep, pendant toute l’année 1998, nous avons joué des concerts devant nos amis, qui ont été géniaux, ils nous ont toujours encouragés. c’est ensuite qu’on a participé à un événement qui s’appelle inner city qui permet aux groupes de décrocher un contrat, et quelqu’un nous a remarqué.

le cargo ! : qui écrit les chansons de coldplay, chris, le groupe ensemble ?

jonny : chris commence en général le morceau avec une mélodie, ou même une chanson entière ou des bouts de chansons, et ensuite on travaille dessus tous ensemble, jusqu’à ce que la mayonnaise prenne. mais c’est généralement chris qui arrive avec une mélodie.

chris : parfois le morceau nait de ce qui nous inspire chacun. on a tendance à chacun écrire des bouts de chansons de notre coté. on ne considère pas qu’une chanson existe avant que tous les instruments aient été enregistrés.

le cargo ! : ecriviez-vous déjà le même genre de chansons avant de sortir le safety et le blue room ep ou aviez-vous un style assez différent ?

chris : nous n’avons jamais cherché à écrire tel type de chansons, juste tout ce qui nous...

jonny : ...plait

chris  : plait, oui

jonny : et ce qui nous plait change, je suppose.

chris : cela change tout le temps. et plus on écoute de musiques différentes, plus notre style est varié.

jonny  : aussi, plus on a enregistré de chansons de notre coté, plus on a compris vers où on voulait se diriger

chris  : on a une palette bien plus étendue, on utilise beaucoup plus de couleurs qu’il y a un an. cela est du au fait qu’on a beaucoup écouté de musique dans l’intervalle et qu’on a joué beaucoup plus qu’avant.

le cargo ! : on souhaiterait que vous nous parliez du blue room ep. c’est un disque très original et magnifique.

chris  : merci beaucoup. le son , l’ambiance des chanson sont très particuliers.

le cargo ! : dans quel état d’esprit êtiez-vous pendant son enregistrement, car c’est très différent de l’album.

chris : vous avez entendu l’album ?

le cargo ! : oui, on l’a reçu il y a deux semaines.

chris : vous l’aimez ?

le cargo ! : oui, tout à fait...

chris : ...mais pas autant que le blue room ep, n’est-ce pas ?

le cargo ! : effectivement, j’ai tendance à préferer le blue room. j’aime beaucoup l’album, mais j’ai été tellement impressionné la première fois que j’ai entendu le blue room.

chris  : pourquoi exactement ?

le cargo ! : j’adore l’ambiance, l’atmosphère musicale

chris : cool

le cargo ! : dans quelles conditions l’avez-vous enregistré alors ?

chris : la première et la dernière chanson, "bigger stronger" et "such a rush", étaient toutes les deux déjà sur le safety ep. on les a enregistré sur un 8-pistes dans un studio dès que le groupe a été vraiment formé. les trois autres ont été enregistrées l’été dernier dans un studio à londres avec un type qui s’appelle chris allison. donc un bout a été enregistré plus d’un an avant l’autre, mais ça semble quand-même bien fonctionner ensemble.

le cargo ! : vous êtes d’accord que c’est très différent de l’album. l’atmosphère des chansons du blue room est assez inquiétante, oppressante, mystérieuse. l’album est beaucoup plus optimiste, joyeux.

chris : oui, tout à fait. vous êtes la première personne à avoir remarqué ça. cool. les chansons sont beaucoup plus optimistes sur l’album. on aime les deux bien sûr. on était pas très bien au moment où on a enregistré le blue room ep. c’est deux choses différentes. on voulait consciemment enregistrer un album optimiste, même si certain passages sont plus tristres. s’adressant à clara : tu préfères toi aussi le blue room ep ?

le cargo ! : oui, je crois qu’on peut dire ça.

chris : c’est pas normal...

le cargo ! : rassurez-vous, on est peut-être les seuls de cet avis ! pourquoi avez-vous ré-enregistré "don’t panic" (qui apparaissait sous une version différente dans le blue room ep). la première version était magnifique. j’imagine que vous êtes beaucoup plus satisfaits de la nouvelle.

chris : c’est deux choses différentes. c’est plus ce qu’on voulait. la nouvelle version est arrangée d’une manière qui nous convient mieux. la première version était bonne, elle était plus « spontanée ». la version de l’album est plus « réfléchie ». on aime les deux, vraiment. je pense que la version de l’album est plus complexe, nécessite un plus grand nombre d’écoutes. il se passe plus de choses.

le cargo ! : vous avez sortis d’excellentes faces b pour le moment, comme "for you" et "careful where you stand". comment avez-vous choisis les chansons pour l’album, et pourquoi "sparks" par exemple, plutôt que "careful where you stand" ou "such a rush" ? est-ce que c’est dû au ton différent de l’album ?

chris : non... (grand silence) nous... je ne sais pas, on aimait cette chanson. peut-être qu’on aurait pas dû la mettre dans l’album ! est-ce que vous avez entendu les faces b de "yellow" ?

le cargo ! : non

chris : c’est pour cela que vous pensez encore que nos faces b sont bonnes ! nous aimons beaucoup la chanson "sparks", vraiment.

le cargo ! : j’ai une question qui s’adresse plus à jonny, sur votre son de guitare. vous avez un magnifique son de guitare, très riche, très mélodieux, et caractéristique. etes-vous d’accord ?

jonny  : je ne sais pas. j’essaie juste de faire sonner ma guitare le mieux possible dans chaque chanson, plutôt que d’avoir un son de guitare caractéristique. j’essaie d’apporter le plus possible à la chanson.

chris  : les mélodies de jon sont souvent les meilleures mélodies de nos chansons.

jonny (gêné) : n’importe quoi !

chris : il améliore les chansons... je n’arrive pas à croire que vous n’aimiez pas l’album. vous devriez l’aimer. c’est un super album !

le cargo ! : nous aimons l’album, mais nous aimons le blue room ep encore plus !

jonny  : vous avez peut-être le mauvais tracklisting.

chris : vous avez quel tracklisting ? ca commence par quelle chanson ?

le cargo ! : cela commence par "shiver"

chris et jonny : ah voilà ! ca a changé. ce n’est pas le bon ordre. l’album semble fonctionner beaucoup mieux avec le nouveau tracklisting. et puis un album demande plus de temps qu’un ep. laissez-lui une chance.

le cargo ! : les deux premiers singles, "shiver" et "yellow", sont différents du reste de l’album. elles sonnent plus fm, plus commercial, ce qui ne veut pas dire qu’elles ne sont pas bonnes

chris  : c’est tout à fait exact.

le cargo ! : est-ce que c’était un calcul délibéré ?

chris  : non. ce qui est évident, c’est qu’en enregistrant "yellow", on ne voulait pas faire du blue room ep. on voulait une chanson plus accessible, plus « immédiate ». qu’en penses-tu jonny  ? quand on a enregistré "yellow", cela sonnait assez simple, n’est-ce pas ? quel était la question déjà ?

le cargo ! : etait-ce délibéré ?

chris  : non, pas vraiment.

le cargo ! : est-ce que vous avez ressenti une certaine pression lors de l’enregistrement de l’album, soit de la part de la maison de disques, soit une pression implicite d’enregistrer un certain type de chansons ?

chris : non, non. on a mis les chansons comme on voulait qu’elles soient et on les a enregistrées comme on le souhaitait. notre unique but était de tirer le maximum de ces compositions. ce n’était pas un problème de passage radio ou d’album plus commercial que le blue room ep. ce sont les chansons qu’on voulait sortir.

le cargo ! : il y a une chanson étonnante sur cet album, parachutes. elle ne dure que 40 secondes, mais ce n’est pas une simple transition, c’est une vraie chanson...de 40 secondes. quelle était l’idée ?

chris  : en fait "yellow" et "parachutes" sont toutes les deux nées grâce à "shiver". on était un jour entrain d’enregistrer "shiver", on bidouillait avec les instruments, et "parachutes" est arrivée comme cela. deux semaines plus tard à peu près, on travaillait toujours sur "shiver" et "yellow" est sortie.

le cargo ! : pourquoi avoir gardé la première version de "high speed" contrairement à "don’t panic" ?

chris : parce qu’on l’aimait ainsi

le cargo ! : et vous trouviez les autres chansons du blue room ep moins bonnes ?

chris : on voulait que le blue room ep reste un disque à part. les gens qui l’ont acheté l’ont aimé. et les autres sont des chansons plus anciennes. "high speed" a été produite par un autre producteur, on était très content du résultat. au fait, sur la version japonaise de l’album, il y a "careful where you stand" et "for you". je pense que c’est une bonne chose.

le cargo ! : vos paroles sont assez simples en général. est-ce que vous en êtes satisfait, est-ce que vous vous sentez à l’aise en tant que parolier ?

chris : ah, les paroles... la partie musicale de nos chansons l’emporte largement sur la partie « paroles ». nous écrivons un peu les mots comme ils viennent. en fait je chante les mots qui me viennent à l’esprit sur le moment. on ne préécrit pas les paroles. on s’intéresse plus à la sonorité des mots dans l’optique de la chanson. les paroles de "trouble" sont un bon exemple. il n’y en a pas beaucoup d’ailleurs, elles sont venues comme ça. c’est difficile de se poser, de s’asseoir devant une table et d’écrire des paroles, de se détourner de l’aspect musical.

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publié par le 28/08/00