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publié par Mickaël Adamadorassy le 05/06/07
Clerks II - Kevin Smith
Kevin Smith

Bon ok je n’ai pas vu Clerks premier du nom, aussi culte soit-il, bon ok en tant que frenchies, les blagues sur la nature trou-du-cul-esque de New Jersey récurrent dans l’oeuvre de Kevin Smith nous passent largement au dessus de la tête. Ok aussi, rarement film aura été aussi vulgaire et cradingue. Mais je vais vous dire un truc, ça faisait longtemps que j’étais pas sorti du cinéma avec un sourire comme ça, l’impression d’avoir quelque chose de frais, pas prétentieux mais pas non plus dépourvu d’une certaine intelligence. Avec des poils.

Une histoire de glande(s)

Les deux personnages principaux de Clerks II sont plus ou moins des râtés, volontaires ou pas. La trentaine déjà bien entamée, ils moisissent comme vendeurs dans un bled paumé de ce fameux New Jersey. Et quand leur lieu de travail crâme ils finissent comme d’habitude à l’équivalent local du mac donald’s, où ils passent leur temps à discuter de tout et de n’importe quoi, surtout n’importe quoi d’ailleurs... sur le mode le plus cru, et sans se soucier le moins du monde de la clientèle.

Ils n’hésitent pas à disserter sur les joies de l’anilingus ou avoir des débats existentiels acharnés pour déterminer qui du Seigneur des anneaux ou de Star Wars est *le* vrai chef d’oeuvre. Le tout abondamment arrosé d’insultes vaseuses et d’insanités en tout genre, ce qui donne un parler plutôt jouissif et potentiellement riche en phrases cultes.

A wind of change

Mais maintenant voilà qu’un de nos deux compères, Dante se découvre des projets, il va se marier et enfin se casser du New Jersey, avec comme avenir, une femme, une maison bien à lui et un garage à gérer. Il est un peu gêné aux entournures parce que le tout est offert par son beau-père mais qui cracherait sur une opportunité comme celle-là ?

Son pote Randall bien sûr, qui fait donc ce qu’il peut pour l’en dissuader, ce qui se finit par une soirée de départ complètement déjantée avec un barbu looké SM et un âne (je vous laisse devenir ce qu’il peut se passer), les flics qui débarquent et tout le monde au poste.

Osons

Quelque part ça pourrait être le maître mot de Clerks, à chaque fois, on voit se profiler quelque chose, on se dit qu’ils ne peuvent pas faire ça, et pourtant si, ils le font, envoyer balader tous les tabous, aligner insultes sur obscénités, drôles mais cruels, sans épargner personne, surtout pas les chrétiens et les bien-pensants en tout genre.

Et ce qui est étonnant, c’est de voir pousser quelque chose de beau, d’un peu profond sur tout ce fumier : des scènes bizarrement poétiques comme Dante qui vernit les ongles de sa boss, une fulgurance sur la notion de normalité, sur ce que veux dire réussir sa vie quand Randall et Dante s’engueulent, à deux doigts de réduire à néant leur amitié.

C’est en cela que Clerks II est une grande réussite, un des films qui m’a fait vraiment une forte impression ces derniers mois : c’est crâde, drôle, cruel, poussé toujours trop loin et donc profondément jouissif par rapport à un cinéma souvent propre sur lui et une société qui cherche toujours plus à lisser les choses. Mais Smith sait aussi instiller du sens, faire naître quelque chose de cohérent, un message, du chaos qu’est le film et encore plus ces personnages.

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publié par le 05/06/07
Derniers commentaires
phoene - le 08/06/07 à 16:25
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et puis la BO est terrible ! :)