à quatre semaines du début des festivités, lecargo ! entame sa (petite) croisière dans la programmation des transmusicales de rennes des 8, 9 et 10 décembre prochain (voir, aussi, ici). histoire de tirer quelques bords, en cabotage et en territoire moins inconnu, avant d’affronter la déferlante des nouveaux venus. première escale : NYC et les clap your hands say yeah !

esprits cartésiens, renoncez. ainsi donc, un groupe dont l’album ne sortira en france qu’en janvier 2006 et qui, pour l’heure, n’y a donné aucun concert, serait déjà dépassé. vendu, corrompu et bouffé tout cru par des diplômés d’école supérieure de commerce ou des journalistes spécialisés en manque de chaire fraîche. cauchemard ou réalité ?

marque déposée

clap your hands say yeah ! n’est déjà plus un groupe ou un album. de petits protégés des blogueurs, les cinq musiciens de brooklyn sont devenus une marque déposée, siglée (CYHSY). on découvre même chez les défricheurs (défrichés, en l’espèce) de la blogothèque comment le groupe s’est contenté d’une journée promo à paris début novembre ... sans y faire résonner le moindre accord. ca sent le plan promo bien orchestré (CYHSY a commencé -et continue ?- avec le meilleur attaché de presse imaginable : le bouche à oreille), une couv de télérama en devenir, avant le rituel des festivals d’été (à saint-malo peut-être, à saint-cloud plus certainement, voire au japon). puis ... l’oubli ?

méthode coué

sauf que voilà, avant d’être buzzé, le groupe a quand même été écouté. et dans les oreilles, quelques indices laissent à penser qu’une fois l’été achevé, la cigale ne devrait pas être trop dépourvue (même si, accordé, écrire cela relève aussi de la méthode coué).

aérien et immédiat

il y a la musique, bien sûr. à peine la première joue remise de la claque arcade fire, on tend l’autre, et rebelotte. un titre d’ouverture, comme un avertissement aux onze autres qui s’enchaînent, avec, pour une fois des temps morts. si le groupe trace sa voie (malgré les accointances suspectes de l’autre voix, celle d’alec ounsworth, avec les intonations de thom yorke), il ne livre pas ici un concept-album ou une course pied au plancher, mais onze moments distincts, bien polis et propres sur eux. qui, tous, font immédiatement mouche. avec, parfois, du piano-miniature pour débuter, et de beaux arpèges pour continuer. des explosions toujours contenues et de jolies mélodies, à renfort d’harmonica si besoin est. aérien à l’occasion, autant que binaire et immédiat (à l’image du titre clef, “the skin of my yellow country teeth”, qui, en plein milieu de l’album, sonne comme un morceau qu’interpol aurait enfin prolongé), l’album s’imprime directement sur le fond de la mémoire. pas la peine de résister, ca y est, la deuxième joue est touchée.

la révolution n’a jamais existé

mais il y a aussi des paroles dans CYHSY. qui, pour ce que l’on en comprend, racontent des histoires dont la désinvolture (« i heard it from a friend/the revolution never happened/a little die/no more a child/goodbye ») n’a d’égale que l’autodérision (« you look like david bowie/but you’ve nothing new to show me/start another fire/and watch it slowly die »), et laissent espérer que la cigale, une fois le soufflé refroidi, en fourmi saura se transformer. le passage aux transmusicales sera l’occasion de vérifier si le plaisir est aussi immédiat, comptez sur nous pour vous dire quoi.