Narcisse Pelletier et Chanouga étaient faits pour se rencontrer, c’est une évidence. Nous n’avions pourtant croisé l’un et l’autre (séparément) qu’une seule fois par le passé mais de points communs en émois induits, une évidence reste une évidence. Et si on a étrangement attendu que les trois tomes soient réunis en format intégral (Narcisse, 2019) pour se lancer, le plaisir de découvrir l’histoire dans son ensemble n’en fut me semble-t-il que décuplé.

Narcisse

Notre rencontre avec Narcisse Pelletier eut lieu par l’intermédiaire de François Garde et de son livre Ce qu’il advint du sauvage blanc (2012) qui raconte de façon romancée l’étrange histoire d’un marin français recueilli par une tribu aborigène sur la côte Nord-Est de l’Australie au milieu du XIXe siècle. Un livre captivant qui mêle habilement le retour forcé à la civilisation du sauvage blanc après 17 ans d’absence - et l’oubli complet de sa langue et de sa personne - à son arrivée compliquée en terre aborigène.

Chanouga

Notre rencontre avec Chanouga eut lieu par l’intermédiaire de Bulles de Salon (excellent magasin de bandes dessinées de Levallois-Perret) combiné à l’anniversaire de notre petite sœur, ou plus précisément grâce à sa première BD (De profundis, 2011) qui raconte l’étrange histoire d’un marin français recueilli sur une île du pacifique par deux non-moins étranges demoiselles après son naufrage en 1949. La suite relève du fantastique-marin-pieuvre-sirène et sort du cadre de cet article mais la singularité de l’histoire et des dessins nous avaient troublés au point que la petite sœur en question ne reçut jamais le dit cadeau (je sais, c’est moche).

expérience

Narcisse par Chanouga reprend donc l’histoire de Narcisse Pelletier, jeune vendéen de 14 ans, et son étonnante aventure australienne. Là où François Garde avait choisi de romancer l’action jusqu’à déplacer dans le temps les dates et les circonstances de l’abandon de Narcisse sur une plage australienne (la vérité historique n’étant clairement pas le propos de son livre), Chanouga prend le parti de respecter au maximum ce que l’on sait de l’expérience de Narcisse Pelletier et de combler les parties manquantes. Narcisse ayant eu trois vies bien distinctes, il y aura donc trois tomes : avant, pendant, après.

monde

Et on est à nouveau totalement happés par la qualité des dessins et l’ambiance générale. Chanouga possède ce petit plus de mélancolie (ou est-ce de la nostalgie ?) qui, comme dans De profundis, touche profondément dès les premières pages et ne nous quitte plus. On n’en dévoilera pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais oui, indéniablement, Narcisse et Chanouga étaient faits pour se rencontrer et fondre dans des bleus, des verts, des ocres leur commun regret d’un autre monde.