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publié par Mickaël Adamadorassy le 09/09/18
Cigarettes After Sex - Rock en Seine 2018 - 25/08/2018

On attendait ce set de Cigarettes After Sex avec une certain appréhension. Pas parce qu’on doute de la qualité des prestations du groupe, on les a vu deux fois en live ou de leur musique elle-même, on est archi-fan de la dream-pop de Greg Gonzalez depuis qu’on a découvert le fabuleux « nothing’s gonna hurt you babe » sur Youtube (comme pas mal de gens apparemment). C’est le placement du groupe en plein milieu d’après-midi sur la grande scène qui nous a paru saugrenu voir carrément à même de torpiller le groupe. Cigarettes After Sex c’est une musique sombre, mélancolique, qui vous plonge dans un état de semi-éveil extatique, c’est un groupe qui rêve la BO d’un film noir, sensuel, langoureux. Cela parait complètement incompatible avec la grande scène de Rock en Seine en milieu d’après-midi, sa sonorisation souvent brouillonne, débordante de basses dans les premiers rangs, on a peur qu’un groupe aussi introverti soit un peu perdu dans ce grand espace, que les gens n’écoutent pas, que le groupe finisse par être déstabilisé.

Mais heureusement ça ne s’est pas passé comme ça : malgré la sobriété absolue de la scène, pas de décor, pas de lights sophistiqués, pas de vidéos projetées, malgré la lumière bien présente, qui l’emporte largement sur les tentatives de noyer la scène dans la fumée artificielle, les musiciens de Cigarettes After Sex déroulent leur set, exactement comme d’habitude, parfaitement au point musicalement, jamais un pain, jamais une note un peu trop forte ou un éclat qui ne serait pas dans la version enregistrée, avec le même son superbe que sur le disque.

Ce n’est pas parce qu’on est en festival que Greg va soudainement se transformer en frontman extraverti qui arpente la scène, se met à réinventer ses lignes de chant ou à pousser sa voix dans ses derniers retranchements. Et tant mieux ce serait totalement à côté de la plaque pour Cigarettes After Sex. Cela dit le bonhomme est quand même un poil plus communicatif avec le public : de temps en temps il bouge un peu de son pied de micro, placé très en arrière sur la scène de même que les autres musiciens et s’avance vers le devant, les yeux grands ouverts avec des petits sourires pour le public.

On trouve très vite l’astuce pour oublier qu’on est sous le soleil au pied d’une grande scène, comme Greg, on ferme les yeux de temps en temps, on oublie volontairement sa vision périphérique et focalisé sur le groupe, on se crée sa petite bulle qui ne laisse passer que la guitare magique de Greg, sa voix tout en douceur, la section rythmique discrète, les quelques touches de clavier. Nothing’s gonna hurt you baby, c’est exactement ça avec Cigarettes After Sex on s’est réfugié le temps d’un concert dans un havre de musique hors du temps, à l’abri de tout souci ou considération matérielle.

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