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publié par Mickaël Adamadorassy le 24/04/17
Cigarettes After Sex - La Maroquinerie, Paris - 22/04/2017

Quelques secondes avant que Cigarettes After Sex ne commence son concert, on se retourne pour un dernier tour panoramique depuis le premier rang, et oui la Maroquinerie est archi-complète, il y a du monde partout même à des endroits qu’on ne visualisait même plus comme accessibles. Et puis les lumières s’éteignent et c’est parti pour un show qui sera ni plus ni moins que la musique que vous avez découverte sur Internet jouée par des gens.

Si vous étiez venus pour ça, parce que les musiciens exhubérants et ultra-souriants vous saoulent, parce que vous aimez le brouillard et la pluie, la musique qui se joue sur les plus petites nuances, cette scène de Twin Peaks où Audrey Horne danse langoureusement sur une musique qu’elle seule entend, vous avez du être ravis. Si ce n’est pas le cas, pour ceux qui étaient là parce qu’ils avaient réussi à dégotter une invite pour le groupe hype du moment, je me dis que ça a du être un peu chiant de voir ce type dans le noir (Greg) qui a du sourire trois fois dans le concert, qui aime bien commencer les morceaux tout seul dans l’obscurité du fond de scène, s’acharner à maintenir son show dans une espèce de cocon moite et brumeux, un spleen anesthésiant et à ne faire vivre la musique qu’au travers des nuances dans la voix, plutôt que de balancer des "yeah" ou de changer le phrasé du disque selon l’inspiration du moment.

Les fans qui connaissent les morceaux par cœur eux ont du trouver admirable ce parti-pris de respecter les morceaux et leur ambiance... Nous on sera plutôt d’accord avec eux. Même si on aime aussi l’énergie et le chaos qui peuvent naître d’un concert, il y a aussi de la place pour des expériences comme Cigarettes After Sex, généralement ça se passe plutôt à l’Espace B mais bon on ne va pas se plaindre de les voir à la Maro... Par contre on a un doute sur la viabilité du modèle à long terme et sur sa transposition dans de plus grandes salles ou pire un début d’après-midi en festival...

Musicalement c’est quasiment parfait d’un bout à l’autre ( si on considère que reproduire le disque parfaitement c’est parfait), que ce soit le basse-batterie, classique et minimaliste mais la performance est plutôt dans l’espace laissé et la perfection de la pulsation. Les synthés sont dans le même esprit : le claviériste fait tout à une main sur une seule machine, chose plutôt rare aujourd’hui. Ce qui laisse donc énormément de place pour la guitare qui a un son clair absolument magnifique et bien sûr à la voix qui a un placement pas simple dans le medium. Ce qui fait que malgré que tout le reste se mette à son service, on a un peu de mal parfois à comprendre les paroles.

À la sortie, j’entendais la personne juste devant moi dire que son cerveau n’avait pas réussi à accepter que la voix qui sortait de la sono était bien celle de la personne sur scène devant lui... En soit ce n’est pas choquant, à la première écoute, on pensait aussi qu’il s’agissait d’une voix féminine.Mais c’est plutôt caractéristique d’un groupe (d’ailleurs est-ce vraiment un groupe ou un "projet musical", l’effectif autour de Greg a déjà complètement changé depuis les débuts) où les gens s’effacent devant la musique. C’est un parti pris totalement valable sur disque, la preuve en est le buzz que Cigarettes After Sex a généré sans qu’une partie de son public ne sache même le sexe de la personne qui chante.

Sur une scène, on apprécie le respect total de la musique et de l’univers mais on se dit que si le groupe veut aller plus loin, il va falloir apprendre à se mettre au service de la musique sans pour autant être invisible pour le public, en étant capable de lui donner l’impression que chaque soir est unique, d’aller chercher les gens pas convaincus d’office, de leur faire prêter l’oreille à toute la beauté que la voix et la guitare de Greg Bonzalez sont capables de crééer.

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