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publié par gab le 09/01/20
Cigarettes after sex
- Cry
Cry

De retour dans les transports en commun début janvier après un mois de décembre en télétravail, collé-serré-grévé matin et soir dans le RER, on ne peut que féliciter le père noël de nous avoir déposé le deuxième album de Cigarettes after sex au pied du sapin. Qui d’autre, en effet, que Cigarettes after strike peut vous faire conserver un sourire béat alors qu’une quinzaine de personnes sont passées en mode bélier pour pénétrer dans la rame. Qui d’autre que Strike after sex peut couvrir de sa douceur bienveillante les beuglements de la dame au bord de la crise de nerfs qui demande de bien vouloir avancer dans les couloirs, siouplait, pensez aux autres. Qui d’autre que Strike after strike pourra vous soutenir sans faille jusqu’au 96ème jour de grève ?

impression

De là à demander que Cigarettes after sex soit remboursé par la sécurité sociale, il n’y a pas loin. Cela nous avait déjà frappé sur le premier album, et cela se confirme sur Cry, les propriétés apaisantes de cette musique sont assez phénoménales. Tout aussi incroyable à quel point la formule, pour répétitive qu’elle soit, fonctionne. Aux premières écoutes du premier album, on avait l’impression de toujours écouter le même morceau sans que cela ne pose le moindre problème. Aux premières écoutes du second, on a l’impression de réécouter le premier album et on en redemande. Quelles propriétés hypnotiques sont ici en œuvre ? On prend le pari qu’ils vont nous relivrer un troisième disque dans la même veine dans un ou deux ans, sous nos applaudissements. Le mystère reste entier mais on serait curieux qu’une équipe scientifique se penche sur la question pour voir.

lévitation

Et puis, après quelques écoutes, lorsque les morceaux prennent un horizon moins flou, voire pour certains une existence autonome concrète, arrive "Heavenly". Il est toujours bon pour un disque d’avoir un morceau phare mais vu ce qu’on vient d’expliquer plus haut, vous conviendrez qu’il est étonnant qu’un morceau particulier réussisse à s’extraire de l’expérience hypnotico-hallucinatoire de l’ensemble musical. Second effet Ciggies donc, après l’apaisement corporel général, le coup de cœur singulier. Il est comme ça "Heavenly", un chant presque éveillé, une batterie limite enjouée, on imagine bien l’effort énergétique que cela a demandé au groupe. Ils ont sans aucun doute mérité les deux jours de récupération qui ont suivi son enregistrement. Mais cela valait le coup, l’effet sur l’auditeur est immédiat, on abandonne systématiquement notre espace de lévitation intérieure dans un « Aaaah, Heavenly » jubilatoire, sourire en bandoulière et pouls une fraction plus rapide.

contemplation

Fort heureusement, l’emballement est passager, sitôt le morceau passé notre contemplation reprendra en toute quiétude, dans un calme assourdissant. Les grévistes peuvent donc continuer d’attaquer en toute impunité le poste d’aiguillage de Villeneuve Saint-Georges, rien ne nous sortira désormais de notre Zénitude after sex, pas même la perspective d’un report de retraite au-delà des 70 ans. Et nous allons même plus loin, nous lançons un mouvement. Oui, regroupons-nous main dans la main et portons haut ce slogan imparable : « avec Cigarettes after sex, la retraite c’est maintenant ! »

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publié par le 09/01/20