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publié par Mickaël Adamadorassy le 01/11/06
Celui qui avait peur
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D’après le père de Jenna, les sentiments d’une personne ne regardent qu’elle et pour les autres ce sont nos actes qui prouvent ce que l’on est. Et à ce moment précis, les actes jouent contre Michael, petit ami mais pas mari, mais néanmoins père du futur enfant de Jenna. En l’occurence il s’est envoyé en l’air avec la tentation faite femme, sous les traits de Kim, jeune étudiante qui le drague sans aucun complexe.

Si le film se résumait à ça, on pourrait se dire que c’est un beau salaud ce Michael, malgré le fait qu’il soit joué par Zach Braff (acteur et réalisateur de Garden State et personnage principal de la série Scrubs) et que ca le rende tout de suite plutôt sympathique. Mais en fait là où le film est intéressant, c’est d’éviter autant que possible le sordide dans cette situation digne des pires soap operas, de n’en faire que l’angle d’approche sur un phénomène générationnel : là où nos ainés connaissaient la peur de vieillir la crise de la quarantaine, il semblerait que pour notre génération le premier traumatisme est d’abord de devenir adulte, dans le sens où la pression sociale le conçoit, c’est à dire l’engagement, le mariage, les enfants. Tout ça alors que les personnages du film se voient encore comme de grands enfants, pas encore sevrés des délires et des excès façon american pie. Il y a une distorsion, quelque chose qui ne tourne pas rond, une arrière-pensée au moment des engagements qui finit par occuper toute la scène. Et l’idée que s’engager avec quelqu’un représente une fin, le fait de se dire "c’est tout", qu’il n’y aura plus rien d’autre dans sa vie. Alors là Michael il pète un cable. un cable en mini-jupe et courbes soyeuses.

Après c’est une histoire de trahison et d’amour. d’obstination. quelque part c’est beau et puis c’est traité avec humour. Et puis c’est une comédie quand même et dans le genre ca vaut le coup.

Mais je voudrais revenir sur mon point de départ, le père de Jenna et son homme défini par ses actes. Ca ne gâche en rien le film, l’obstination de Michael y parait romantique et touchante. On peut même accepter sans tiquer cette forme de pénitence compensatrice, très catholique dans l’esprit.

Mais donc pour moi c’est de la connerie, on est infiniment plus que ses actes et l’amour plutôt que se définir par tout ce qu’on peut prouver par les actes, c’est plutôt d’être capable de voir ce que l’autre est au delà des actes. Le problème est comment. On en arrive au problème fondamental, à savoir qu’on est incapable de comprendre ce qui se passe dans une autre tête que la sienne, autrement que par analogie. une supposition dans le vide en somme. On ne peut pas non plus vraiment dire ce que l’on est et espérer que l’autre le comprenne sans le déformer par sa propre appréhension, ses processus.

On y est, c’est l’incommunicabilité, là où commence Malraux dans la condition humaine et là où Last Kiss n’est jamais allé, justement parce que la solution, le pardon semble venir de la pénitence alors qu’en fait le pardon se tient en lui-même, c’est lui qui contient l’effort le plus grand, qui demande de toucher justement l’espace d’un instant ce qu’est la condition humaine. Alors peut être que ce qui parait infiniment horrifiant n’est qu’une vision déformée de celui qui ne voit pas, peut être que ce n’est pas de la folie mais quelque chose d’infiniment beau. Ou peut être que tout ça n’a pas d’importance, qu’on est pas près à assumer tout ça et qu’on abondonnera provisoirement, pour aller se chercher dans une quête initiatique en Amérique du Sud à bord d’un vieux van. Ou peut être qu’on va simplement ramasser les morceaux, garder ce qu’il y a de bien et juste continuer.

4 destins différents pour 4 potes à ce tournant de leur vie. et vous vous choisissez quoi ? Bon je vous laisse, ils m’attendent dans le van...

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