ou Venus au Festival Intétendances à Paris Plage, le 29/07/2006
"My eyes scan your faces
And you immerse yourself
Into my fear and deeply
I know you’ll drive me crazy" (Venus, kallenovsky)
Si vous cherchez les tops 2003 du
cargo, vous verrez qu’il n’y a qu’une seule chanson dans mon top morceaux et elle s’appelle
Kallenovsky. Si vous allez sur mon vieux
blog, vous verrez au moins trois fois la même phrase tirée de
Happiness, la piste d’ouverture de
Vertigone. Et le plus beau compliment qu’on ait pu me faire sur la musique de
staircase c’est de lui reconnaître une filiation avec
Venus. Il y des albums-phoenix qui vous accompagnent à chaque fois que vous vous sentez détruits, écrasés, et puis que finalement vous renaissez. Comme le
Electroshock blues de
Eels qui passe de la douleur infinie d’
Elizabeth on the bathroom floor ("My name’s Elizabeth, my life is shit and piss") à l’optimisme fragile mais revigorant de
PS You Rock My World ("
I was at a funeral the day I realized I wanted to spend my life with you"). Et donc
Vertigone de
Venus.
La musique du Venus d’alors c’était un bijou finement ciselé de lignes vocales parfois un peu brisées de mélancolie parfois emportées, tendues, déclamatoires pour se porter à l’unisson de la musique, de la tension dramatique quand les violons s’envolent, quand le piano vire baroque. La musique de Venus c’était une perle à la forme un peu irrégulière, dans un écrin de piano électrique, d’orgues et autres instruments plus étranges, dont la fameuse scie musicale de Pal. A. Jenkins de Black Heart Procession.
Un bijou que j’aurais mal vu se découvrir dans le contexte d’un Paris Plage, mais depuis il y a eu
The Red Room, dernier album en date, qui a electrifié Venus. Fini les guitares acoustiques,
Marc Huyghens joue essentiellement désormais sur une très jolie Telecaster noire, et si elle n’est pas assez agressive (et une telecaster c’est pas specialement réputé pour le velours), c’est avec un couteau qu’il attaque ces notes.
Pierre Jacqmin quand il lâche sa contrebasse pour une basse Explorer n’en finit pas d’aligner les poses, le plus souvent la bouche grand ouverte tellement il a l’air de prendre son pied. Et ca le fait parce que le monsieur est très classe dans son costume rouge.
Tout comme
Christian au violon et la guitare qui lui a opté pour une sorte de redingote. Un festival en plein air en bord de scène c’est généralement pas terrible pour avoir un bon son. Mais il sortait de l’ampli de
Christian une son de distorsion absolument énorme, rien à avoir une distorsion de métalleux, quelque chose d’a la fois rugueux et crémeux, très roots, *le* son de
The Red Room en fait mais en mieux car il peut prendre une ampleur qu’on ne retrouve pas sur disque à moins de se mettre le baffle contre l’oreille.
Et donc malgré un temps d’adaptation au contexte assez long , on rentre à nouveau dans l’univers de Venus, on se laisse porter par la musique, guidé par un maitre de cérémonie qui s’est mis à la mesure du défi. On le retrouve un peu moins derrière la guitare mais du coup il occupe beaucoup plus la scène et quand la musique s’y prête se lâche vraiment, comme dans le final avec les cymbales (cf première photo). Alors avec en plus l’aide d’un public très chaud (en fait je dirais un public chaud et deux gros fans de Venus bouillants qui gueulaient plus que tout le monde), on a vite oublié qu’on était coincé sur un petit bout de quai de seine.
On aura quand même un regret, malgré les deux rappels, malgré
In the port of Amsterdam (qui n’est pas une chanson de
Johnny comme ils nous le rappellent), malgré toute l’énergie déployée dans un contexte presque antithétique par rapport à l’univers du groupe. C’est que les morceaux de Vertigone n’aient toujours pas trouvé d’arrangements sans clavier capable de rendre toute leur beauté.
Kallenovsky ce coup-ci part sur un arpège à la
dream on (chanson culte du vieux
aerosmith, quand ils faisaient encore de la bonne musique) mais on n’arrive au sublime que parce qu’on a dans la tête la version d’origine et qu’on rajoute ce qui manque...
flûte alors, si j’avais su j’aurais mis venus comme première série douresque... bon heu, rattrapage mercredi si tout va bien