ou Barzin + Jeniferever + Gregor Samsa au Tryptique, le 12 mai 2006
2 titres et c’est tout. 2 titres de Gregor Samsa, pêchés sur la Blogothèque (merci à eux), ça a suffi pour ébranler une profonde conviction. Celle que le post-rock, comme Dieu, est mort. Et en fait je me rends compte que par delà les ruines fumantes des quelques albums qui suffisent pour définir ce genre si cannibal (putain en même pas 2 phrases, je dois m’être fait plein d’ennemis mais rassurez-vous post-rockeux outrés, j’suis un poppeux dans l’âme, mon avis a pas grande importance) il existe des adeptes comme Gregor Samsa, qui arrivent néanmoins par être touchés par la grace. (Comme pour Dieu quoi).
Sauf que Dieu c’est Alanis Morissette. Et Gregor Samsa l’abbé Pierre ?. Et sur la blogothèque, il se posaient la question de savoir si Gregor Samsa c’était du post-rock. Nous y reviendrons. Mais évacuons d’abord ce qui peut l’être.
Donc ça commence par
Barzin et c’est nul. On se demande ce qu’ils font là avec leur pop-rock peu inspirée et leur chanteur mollasson qui a pas grand chose dans la voix ni dans les paroles pour le peu qu’on y comprend, et qui passe trois plombes à s’accorder entre chaque morceau. Sa communication se limitant à demander conseil sur un endroit pour se bourrer la gueule. Seule chose qui sauve un peu le groupe : le gars au lapsteel et à la guitare électrique a la classe (photo ci-dessus). Et le seul morceau qui m’ait un peu plu c’est donc un instrumental avec de belles parties de slide. Y aussi un mec qui joue du xylophone avec une dégaine un peu big lebowsky, mais bon si le xylophone c’est sympa pour un arrangement, sur chaque morceau, placé de la même manière, l’apport me parait un peu limité.
Ensuite c’est au tour de
Jeniferever , l’autre raison qui fait que malgré 245 heures de sommeil en retard, j’ai trainé ma flemme au tryptique parce qu’
Arnaud du Cargo m’en a dit le plus grand bien. Ils ont une dégaine assez hype, à peu près la même que les groupes de jeunots qui fleurissent un peu partout pour singer les
libertines et faire s’extasier quelques journaleux sur la magie qu’il y a à faire des chansons qui se résument à 3 riffs et 45 poses pompées sur le divx d’une vhs pirate des
sex pistols. Donc ils ont l’air jeune, très jeune, portent des calecons avec un bout de jean par dessus et pratiquent la coiffure soigneusement décoiffée.
Mais très honnêtement ça on s’en fout, y a quelque chose qui se passe sur scène, le jeu très mélodique des deux guitares est séduisant, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ca ne part pas dans l’escalade distordue à chaque fin de morceau, on est plus proche des parties calmes des morceaux d’émo et si ce n’est pas flagrant dans les premières parties de chant, cette influence devient ensuite très évidente dans le chant qui fait pas mal penser à du thursday entre autres. Mais les Jeniferever ont pris juste le nécessaire dans l’émo, il n’y a pas de parties hurlées et surtout "the" cliché de l’emo, la deuxième voix qui gueule des trucs en contrepoint à la première. Et ils y rajoutent leur touche personnelle : grosse présence des claviers qui remplacent parfois la basse (dont ils sont parfois 2 à jouer sur scène sans que le son devienne incompréhensible)

Au final, ca fait un set très agréable avec une fin pas super originale à trois guitares où tout le monde bouge de partout et que le batteur il tappe fort. Mais bon ca fait toujours du bien par où ça passe.
Et pour finir voilà
Gregor Samsa qui débarque sur scène : une asiatique avec une jupe très courte et un violon électrique très rouge, aux claviers, la fille à la voix assez magique qui chante sur
three (un des 2 morceaux à télécharger sur la blogothèque), un barbu au clavier et la guitare (on remarque un clavier un peu cheap au milieu de ces pédales). La différence entre barbu et fille craquante étant que barbu joue essentiellement des nappes tandis que fille craquante joue du piano électrique, du piano, des cordes etc... Y a aussi un bassiste placé de profil (qu’il n’a pas beau) un peu encerclé au milieu de tout ça. Et last but not the least, le chanteur-guitariste qui dira deux choses en gros :"merci" et "tu peux baisser les lumières ?". Heureusement qu’il a une sacrée voix et que même sans sauter de partout comme le chanteur de jeniferever, il arrive à dégager quelque chose d’assez captivant malgré une dégaine de jeune américain quelque part entre le héros d’
American Pie et celui de
Jarhead (oué je suis un peu méchant pour la première comparaison)
A part ça, y a rien à dire. Gregor Samsa n’est peut être pas du post-rock et sur three c’est assez évident. mais ce soir on a eu droit à un mauvais concert de post-rock : morceaux outrancièrement lents voir mous qui se terminent par un crescendo pas spécialement bien amené et c’est précisément dans ces moments qu’ils choisissent tous de se retourner vers l’écran qui diffuse des images qui servent pas à grand chose. Et ca donne à peu près le même effet que de regarder un film sans le son ou de l’entendre dans une autre pièce. On voit des dos, on entend des guitares qui s’énervent mais est-ce que c’est vraiment là que ça se passe ?.
Avec une telle approche de la scène, ca aurait pu être nul à chier mais il y a quand même de la beauté dans ce qu’ils font, difficile de rester insensiblement à fille craquante ou même au chanteur qui même en restant dans l’ombre, très sobre, n’en projette pas moins quelque chose. Et puis comme me le faisait remarque
Yveu du Cargo, dès le premier coup de caisse claire, on sentait quand même qu’on était déjà à un autre niveau que
Jeniferever en termes de son.
En conclusion, je pense pas retourner voir Gregor Samsa en live par contre j’ai bien l’intention de jeter une oreille sur leurs 2 EPs. Maintenant pour les post-rockeux qui auront lu jusqu’au bout, je dis pas que votre musique est l’équivalent d’une langue morte, au contraire, la plupart du temps, c’est simplement que pour moi vous ne faites pas du post-rock, qui est un cadre réduit au possible. En fait, il y a pas mal de groupes que j’aime qui pourraient être assimilés au post-rock mais moi ça m’emmerde parce qu’ils font beaucoup plus que ce que le postrock évoque...
je trouve que tu t’attaches bcp au physique des musiciens ;) dommage !