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publié par tairanteuh le 10/05/06
calexico
- garden ruin
garden ruin

pantois

si vous pensiez trouver sur ce quatrième album des calexico, une suite logique au feast of wire paru en 2003, à savoir une heure de musique latine entre dub et rock disposée en une collection de morceaux informes mais guillerets, vous risquez d’être surpris. ou déçus. il faut le reconnaître, la première écoute de ce garden ruin laisse quelque peu pantois. la petite déception passée, le disque est sagement relégué en bas de la pile de disque, en maugréant contre cet apparent faux-pas de nos américains chéris. quelques jours passent, voilà ce garden ruin qui réapparaît. la main hésite à s’en saisir, toute marquée qu’elle est par les souvenirs de cette écoute un peu creuse, d’un disque un peu vain voire simpliste, quelconque en fait. et comme souvent avec les albums à chérir, cette malencontreuse première impression se dissipe bien vite. la deuxième lecture est plus agréable.

halte

l’oreille s’est défaite des attentes du calexico ancienne formule. et garden ruin, dont les textes sont aussi sombres qu’à l’accoutumée, séduit. calexico s’est départi de ses expérimentations travaillées mais un peu niaises (“attack el robot, attack”) entre folklore mexicain, folklore américain et musique populaire du précédent ouvrage. garden ruin les voit se recentrer sur des morceaux rock plus simples dans leur structure mais sophistiqués dans leur enveloppe. cela explique certainement la difficulté de la première écoute. le titre d’ouverture, “cruel”, révèle d’emblée ce parti-pris. le son y est extrêmement dense, les instruments se multiplient tandis que le mixage dissimule habilement la grande variété d’éléments. halte au dépouillement, à la simplicité voire l’austérité du calexico d’antan. pour faire mentir ce propos, le deuxième titre, “yours and mine”, est tout à fait austère.

éclat

cette jolie parenthèse écoulée, garden ruin s’avère plus énergique et binaire que ses prédécesseurs. plus équilibré et mieux construit. alors que feast of wire s’articulait difficilement en deux parties, l’une, classique, de ballades sombres, l’autre, enlevée, d’instrumentaux joyeux, garden ruin adopte une progression plus linéaire. cette construction s’avère un gage d’efficacité et de confort pour le groupe comme pour l’auditeur, elle sied au déroulement de la narration sur l’étendue de l’album, d’une manière cousue, qui manquait quelque peu jusqu’à présent aux calexico. elle leur permet également de nous emmener haut sur des morceaux agités comme “letter to bowie knife”, “deep down” ou l’épique “all systems red”. un nouvel éclat sonique qui leur va à ravir. garden ruin est un album bien plus subtile que ses prédécesseurs.

tensions

l’écriture confère un côté immédiat à la structure sans perdre en chemin la joliesse des mélodies - à constater sur le fragile “letter to bowie knife” ou le très soul “lucky dime”. a contre pied le travail accompli sur le son permet d’enrichir la musique de belles nuances et d’éviter l’ennui ou la lassitude, le risque encouru lorsqu’un morceau devient trop évident. il reste à conjuguer à cela le chant élégant de burns, d’une voix maîtrisée dont il joue à merveille (l’exercice réussi à la tom waits sur “nom de plume”) et la puissance des textes (le fataliste “cruel” ou l’évocation imagée des tensions à la frontière mexicaine de “roka”). derrière son évocatrice pochette - la première que le groupe réussit ! - et cet intriguant corbeau empêtré, garden ruin condense en quarante petites minutes les plus beaux atours de la formation de l’arizona.

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publié par le 10/05/06