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publié par Fabrice Privé le 21/06/25
C.O.F.F.I.N - CLAMM - Model/Actriz - La Sirène, La Rochelle - 18/06/2025
La Sirène, La Rochelle

Cette nouvelle soirée à La Sirène est sans doute le prolongement idéal du récent passage (à tabac) d’IDLES quinze jours plus tôt. Entre les deux, il y a bien eu Franz Ferdinand, mais l’activité "thé dansant et bingo des tubes", proposée ce soir-là, nous ayant moyennement attirés, nous nous étions rabattus sur les ateliers "brasserie et dégustation" puis "danse symbiotique" aux sons d’un dj set parfait.

L’affiche de ce soir est assez emblématique de ce que La Sirène sait offrir régulièrement : un line-up varié, spontanément presque incongru, mais dont on finit naturellement par suivre le fil rouge à mesure qu’il se déroule. La thématique de ce soir ? "Trois nuances de punk" serait réducteur. "Analyse différentielle des effets euphorisants de l’intensité sonique en espace confiné" : trop universitaire. "Le bruit qui fait mal fait du bien" : bas de gamme. Et pourtant…

Malgré la propagation rapide de l’écho de leur excellent deuxième album Pirouette, c’est étrangement Model/Actriz qui débute, avec le génial morceau "Vespers" mais devant une audience clairsemée. Quand il fait 35 degrés dehors et que la mer joue pas loin le même soir, la concurrence est rude. Mais voyons le bon côté des choses : cela laisse toute latitude au stylé et fantasque Cole Haden pour aller, comme à son habitude, évoluer de manière absolument gracieuse et habitée au milieu de la "foule". Comme quoi on peut participer à l’ouverture du dernier Miley Cyrus et continuer à choyer le contact avec la plèbe. Musicalement, la formule Model/Actriz, déjà incroyablement dosée sur disque, produit une réaction chimique éruptive lors de son passage à la scène : beats à la résonance électronique quasi-indus, guitares abrasives gros grains et ce champ/chant magnétique généré par les mélodies vocales de Haden, parfois hurlées ("Mosquito"), souvent ourlées ("Cinderella"). Plutôt que de parler trivialement de sexy post-punk, on irait bien soumettre au groupe de Brooklyn une catch-line piquée au mythique premier album de Soft Cell : Non-Stop Erotic Cabaret. Cette disco de la mort et de l’amour est irrésistible.

La mer a dû terminer son set car il y a déjà beaucoup plus de monde devant CLAMM. On avait déjà vu, et surtout entendu, les natifs de Melbourne à Levitation en 2023. Outre la poussée capillaire du chanteur/guitariste Jack Summers et une setlist largement rénovée, on reste en terrain connu : ce heavy-punk expéditif est vraiment robuste, d’autant que les petites nouveautés incorporées sur le récent et très bon Serious Acts sont restituées sur scène, en début et fin de concert ("More Serious Acts" et "And I Try") : à savoir des accents post-punk caractérisés par un rythme plus cinétique, des morceaux plus longs, une scansion vocale hachée et des pulsations électroniques minimales. Peut-être une filière à développer pour rompre une petite monotonie rampante, largement compensée par la pureté élémentaire assez admirable du set : comment éviter les balles traçantes punk que sont "Change Enough", "Bit Much" ou "No Idea" ?

C.O.F.F.I.N sont aussi des Aussies. Mais de Sydney. Avec eux, le curseur heavy monte encore d’un cran. Sans virilisme, avec une forte sensibilité pour la cause aborigène, un amour déclaré à Model/Actriz et surtout avec un batteur-chanteur. Ce qui est toujours absolument fascinant (Death from Above, Crack Cloud… euh Eagles). Comme savent le faire leurs compatriotes The Chats ou Amyl and the Sniffers avec des dosages différents, C.O.F.F.I.N combine urgence punk et force de frappe hard rock. Outre l’hommage géographique, il n’est donc pas étonnant de les entendre reprendre AC/DC (ça aurait pu être Motörhead, mais c’est tout de suite moins australien) : un vieux "Riff Raff" – période Bon Scott donc – qui ne fait absolument pas d’ombre à leur propres compositions d’une densité exemplaire. Mentions spéciales à l’amorce "Cut You Off", puis "Give Me a Bite", "Dead Land" ou "Fast Love". Des morceaux speed, parfois massifs, toujours parfaitement profilés par une dextérité instrumentale certaine, et donc résolument perfor(m)ants. Dansant et consentant, on sera encore passé, ce soir, devant un beau peloton d’exécution.

Merci à La Sirène.

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publié par le 21/06/25