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publié par arnaud le 20/10/05
Broadcast - La Maroquinerie, Paris - 11/10/2005
La Maroquinerie, Paris

MISE EN BOUCHE

Armés de leur récent et excellent Tender Buttons, les Anglais de Broadcast avaient choisi la Maroquinerie (décidément la salle de la rentrée, voire de l’année !) pour faire leur grand retour scénique dans la capitale. On les attendait de pied ferme, impatients de revoir Trish Keenan et James Cargill, seuls rescapés du line-up originel, mais toutefois anxieux de découvrir comment serait négocié sur scène, le départ de Tim Felton, artisan de ce son de guitare si caractéristique au groupe. Pendant que le public se met en place, ce sont les Allemands de Jersey qui montent sur scène. Quatre garçons, une fille et bien peu de possibilités au final. Le groupe alterne titres instrumentaux et morceaux chantés, en agrémentant la sauce de bidouilles electro à peine perceptibles. Le batteur s’en donne à cœur joie mais on a du mal à rentrer dedans. La voix du chanteur évoque par moments celle de Markus Acher et on se dit que Jersey doit finalement être le prochain successeur potentiel des Notwist... Même impression d’ailleurs que celle laissée par The Notwist sur disque : ça passe sans faire de vagues... Dommage que sur scène on ne retrouve pas chez Jersey la folie presque jazzy qui avait animé Acher et consorts sur la scène de St Malo il y a quelques années. Peut-être qu’en métissant un peu plus sa musique, la formation de Duitsland parviendra à être plus percutante et à marquer les esprits. Toujours est-il que la prestation reste agréable et permet à la Maroquinerie de se remplir tranquillement pendant les 40 minutes du set.

SYNTHETIQUES

Premier constat lorsque le matériel des Anglais est installé : Broadcast va vraisemblablement orienter son concert vers les sons synthétiques qui traversent ses albums depuis deux ans compte tenu du nombre conséquent de claviers sur scène (quatre au total). Lorsque les quatre musiciens apparaissent, on sent un frisson parcourir les rangs rapidement estompé par l’arrivée de Trish, vêtue d’une robe chasuble irisée metal façon Courrèges, qui repart confuse dans les coulisses chercher sa setlist. Faux départ rapidement oublié car une fois derrière le micro, elle entame en solo la mélodie du refrain de Pendulum, uniquement soutenue par sa guitare en tremolo. Belle entrée en matière que de choisir le titre le plus efficace du précédent album en guise de passage de témoin entre l’époque Haha Sound (2003) et le Broadcast new-look de 2005. D’ailleurs l’enchaînement sur America’s Boy, l’un des titres phares du nouvel album, se fait sans peine et on est ravi de voir que la batterie ne dénature pas trop les rythmes des machines croisés sur les compositions originales. Même si sur la fin de la chanson le batteur en fait des tonnes, on le lui pardonne. A droite de la scène, le remplaçant de Tim passe la plupart de son temps sur ses deux claviers, relayant de temps en temps Ms Keenan à la guitare, tandis que James, à gauche, se partage entre sa basse et un clavier midi. Trish, au centre, a pris bien plus d’importance, assurant la plupart des parties de guitares, et quand elle n’en joue pas, c’est souvent pour se retrouver à plaquer quelques accords sur le clavier à sa droite. Elle dégage toujours autant de magnétisme, avec ce côté froid, voire distant lorsqu’elle chante, son regard bleu acier, illuminé par les projections, perçant juste en dessous de sa frange.

HYPNOTIQUE

Le public réagit de manière positive sur l’ensemble des titres, les premiers rangs réclamant même que l’on remonte le volume de la voix, ce qui ne manquera pas de faire sourire Trish, qui de suite relaiera la requête auprès de l’ingé son du groupe. Son attitude entre les chansons, détendue, souriante et remerciant en français, contraste avec son comportement pendant l’interprétation, comme si elle était complètement absorbée par ses morceaux. Le groupe déroule les titres de Tender Buttons, et qu’importe les arrangements légèrement différents des versions albums, on reste dans une pop hypnotique qui verse bien souvent dans l’expérimentation : sur le titre éponyme Trish donne dans l’écriture automatique, sur Bit 35 ou mieux Drums On Fire (extrait du Extended Play 2) on flirte avec le krautrock. Dans cette propension à la répétition Broadcast fait parfois penser à Electrelane, plus qu’à Stereolab (dont le nom ne saura pourtant échapper aux conversations de certains spectateurs), mais impose avant tout son style, celui d’une pop qui aurait ses racines autant du côté de Françoise Hardy que du psychédélisme de The United States Of America, tout en empruntant également les accents non-conventionnels du Velvet Underground. Broadcast choie son public en proposant quelques perles de sa discographie, ainsi les Still Fells Like Tears, Drums On Fire donc, ou le magnifique Illumination, (sur lequel ils quittent la scène une première fois), tous issus de divers eps au cours desquels le groupe s’applique à sortir des sentiers battus, encore et encore. On retiendra aussi l’enchaînement de Corporeal (le meilleur titre de Tender Buttons) et du tube Come On Let’s Go (seul titre antérieur à 2002), marqués par les projections stroboscopiques sur l’écran de fond de scène. C’est donc après une petite heure que les Anglais quittent la scène sous les applaudissements fournis du public de la Maroquinerie auxquels ils répondront par deux titres de rappel : une version hallucinée et vitaminée de I Found The F ainsi qu’une belle reprise de Sixty-Forty de Nico (chanson régulièrement reprise par le groupe, entre autre lors de sessions radiophoniques). "Will there be another time ?" y chante Trish. On espère que oui !

merci à Nicolas de PIAS.

Setlist :

01 - Pendulum

02 - America’s Boy

03 - Tender Buttons

04 - Black Cat

05 - Goodbye Girls

06 - Bit 35

07 - Michael A Grammar

08 - Winter Now

09 - Still Feels Like Tears

10 - Corporeal

11 - Come On Let’s Go

12 - Drums on Fire

13 - Illumination

encore

14 - I Found the F

15 - 60-40

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publié par le 20/10/05