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publié par Sfar le 08/04/08
Breeders
- Mountain Battles
Mountain Battles

Un petit goût de revenez-y

« si on y croyait un tout petit plus qu’au retour de my bloody valentine et bien sûr toujours plus qu’à celui de nirvana, c’est une évidence de dire que presque plus personne ne pensait entendre un nouveau morceau des breeders un jour. » Ainsi débutait la chronique de Air, monsieur Air pardon, en 2002 à propos de title tk (chronique Title Tk)

Aujourd’hui en 2008, My Bloody Valentine est bel et bien de retour, d’abord sur scène mais avec, sans doute, un disque à venir ; Pagoda, une sorte de Nirvana d’opérette, refait vivre la scène grunge grâce à son leader Cobainistique Michael Pitt, et pourtant aujourd’hui personne n’imaginait devoir, encore une fois, entendre un nouveau morceau des Breeders !

Sans doute toute revigorée par les triomphantes tournées revival Pixies, Kim Deal a cru bon de ranimer la flamme Breeders avec un line up identique à celui de Title TK : Kelley Deal (sa sœur), José Medeles et Mando Lopez. Et pour rester complètement cohérent le groupe a retrouvé Steve Albini aux manettes pour l’enregistrement de ce Moutain Battles dans les célèbres studio Electrical Audio de Chicago.

L’imposture Albini

The Breeders ont toujours été synonyme pour moi de « peut mieux faire » , après un last splash vraiment prometteur sur disque, le premier concert que j’ai vu du groupe en 1993 reste sans doute l’un des pires auquel j’ai pu assister : avec une Kim et Kelly Deal complètement « torchées » incapables d’aligner trois notes à la suite et de chanter correctement leurs morceaux. Tout ce qui a suivi depuis cette époque, Breeders ou autre, n’a guère été très convaincant pour la talentueuse bassiste des Pixies.

« le son breeders reste identifiable à la première seconde... aucun doute possible, une note de guitare, un mot de kim deal... » écrivait si justement Air en 2002. Sur Moutain Battles c’est aussi le cas .... en fonction des morceaux en écoute ! Si les premières mesures d’un “overglaze”, d’un “spark”, et surtout d’un “Walk it off” nous font bondir et rebondir comme dans les nineties, l’évidence est quand même moins flagrante sur pas mal des titres de cet album.

Qu’a-t-il été faire dans cette galère ? voilà le sentiment qui ressort à l’écoute de l’intégralité de l’album. Comment Steve Albini a-t-il produire un album aussi disparate manquant cruellement d’équilibre où se côtoient le presque meilleur et surtout le pire ? Pour tout dire je suis allée revérifier 10 fois qu’il s’agissait bien du Steve Albini de Shellac le responsable de tout cela tellement ce travail semble en dessous de ce qu’a su faire cet homme. C’est à se demander si il n’a pas travaillé des boules quiès dans les oreilles ou alors, si il a véritablement fait un boulot sérieux, pour en arriver à un tel résultat c’est qu’au départ il est parti de bas, de très très bas ! Il aurait alors réussi l’exploit de transformer du néant musical à quelque chose de presque écoutable !

On est franchement en colère en écoutant cet album, en colère car très déçu : on devine le potentiel de certains morceaux comme “Overglazed”, “bang On”, “We‘re gonna rise” ou d’autres... On les écoute, on sent les prémices de quelque chose, d’un son et d’une interprétation qui pourraient être énormes, on se surprend même à pousser des « allez, allez, allez, alleeeeeeeeez ... !!! » pour soutenir le groupe dans son effort de très bien faire, et puis Pof pof, boum badaboum : cela n’aboutit à rien, à quelque chose d’insipide, à du « à la manière de » mais même pas bien fait !

Ahh par contre il y en a des morceaux réussis.... dans la nullité !! Et là elles ont faire fort les sœurs Deal avec leurs camarades et papa albini. Déjà nous avons le morceau “istanbul” dont le titre fait rêver mais dont l’écoute fait réellement cauchemarder, c’est à vous dégoûter d’aller un jour vous promener à Istanbul. Mais la médaille d’or dans la catégorie « foutage de gueule » reste l’ignoble morceau chanté en espagnol “Regalame Esta Noche”. On se pince franchement à l’écoute de cette horreur hispanique, on se dit qu’il y a forcément eu un bug quelque part, que ce titre s’est retrouvé par un malencontreux hasard sur cet album. Et puis même, ce n’est pas possible que les breeders aient pu composer, interpréter et oser diffuser un titre pareil ! La première idée qui nous traverse l’esprit étant « pourvu qu’ils ne le jouent pas sur scène car là c’est suicide collectif assuré dans la salle ! ». Ensuite pour se remettre de nos émotions, nous avons droit à une petite ballade toute douce “here no more” dont les trois accords me rappellent étrangement ces chansons bavaroises absolument insupportables qui passent en boucle sur les chaînes allemandes. Nous avons survécu à l’horreur espagnole et maintenant on tente de nous achever avec de la guimauve anglo-bavaroise.

On en rigole mais c’est à se demander ce qui est passé dans la tête d’un albini pour décider que de tels titres avaient leur place sur Moutain battles ... une faiblesse passagère sans doute. Fort heureusement le niveau remonte un peu sur le final avec l’entraînant et sympathique “It’s the Love” et le rythmé “No Way” aux guitares un peu rageuses. Mais ces morceaux de la dernière chance suivis d’un “Moutain Battles” bien fade ne réussiront pas à enlever ce goût amer qui subsiste à l’écoute de l’ensemble.

Cela pourra paraître violent mais ce qui nous envahit à l’écoute de ce Moutain battles tellement décevant c’est l’envie maintenant de ne plus jamais espérer de nouveau morceau des breeders. Jamais, plus jamais !

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publié par le 08/04/08
Derniers commentaires
http://labuze.cac40.net - le 08/04/08 à 21:14
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malheureusement entièrement d’accord !
c’est bien triste...

gab - le 10/04/08 à 13:46

hi hi hi ... je crois que tu te fais une trop grande idée du rôle d’un Albini sur un album (même si c’est un role important). Ce n’est surement pas lui qui décide de quel morceau va sur le disque. Lui il enregistre les groupes, point. La personne se chargeant du mixage final, de la production en fin de chaine peut ruiner son boulot en moins de deux.

Et sinon pour moi les Breeders c’est d’abord l’album Pod. Last splash c’est sympa, ca dépote bien mais Tanya Donelly n’est plus là, ca se sent (ou plutot la frangine de Kim est arrivée)

Sfar - le 19/08/08 à 16:58
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je m’autocite :

"La première idée qui nous traverse l’esprit étant « pourvu qu’ils ne le jouent pas sur scène car là c’est suicide collectif assuré dans la salle ! »"

Il nous a fallu faire preuve de beaucoup de courage un jeudi soir d’août au Fort Saint Père...

Informations

Sortie : 2008
Label : 4Ad

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