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publié par Renaud de Foville le 14/02/00
bowery electric - réponse sans artifice

on ne connaissait pas bowery electric avant de découvrir leur dernier album, lushlife, petite merveille par ailleurs chroniquée sur notre cargo. après avoir écouté les chansons en boucle nous étions impatients de les rencontrer pour dialoguer avec eux de l’ambiance toute particulière de cet album, pour les connaître un peu mieux car lushlife inspire, album d’images qui donne envie de parler cinéma. bowery electric duo new-yorkais composé de martha schwendener et laurence chandler a répondu à nos questions sans artifice...

le cargo ! : on doit bien avouer que sur notre cargo on ne connaissait pas bowery electric avant, pouvez vous vous présenter ?

lawrence chandler : en quelques mots, nous venons de new york. nous vivons à brooklyn maintenant, et c’est aussi là qu’est notre studio. on a sorti deux albums en fait avant celui là. le premier album était éponyme, bowery electric. c’est le dernier qu’on a fait avec ’beat’ sur un label qui s’appelait ’cranky’. ils sont basés à chicago et publient pas mal de musique enregistrée dans cette ville. le deuxième album est sorti sous le label beggar’s banquet et ils ont aussi sorti un album de remixes qui s’appelle ready to go. il y a des remixes par witch man, third eye foundation. l’album entier a été remixé.

le cargo ! : est-ce que c’était votre idée cet album de remixes ?

lawrence chandler : oui, c’était notre idée. a l’époque le seul album qui avait entièrement remixé était protection de massive attack. ca avait été entièrement fait par mad professor. nous avons pensé que ce serait intéressant de trouver des remixeurs pas tellement connus, et voir ce qu’ils pourraient faire avec notre musique. c’était surtout des types anglais. a l’époque il y avait des personnes très intéressantes comme springhill jack. nous avons optés pour des gens moins connus. notre musique est un mélange de hip hop, de rock et d’électronique, mais nous écoutons aussi plein de musique purement électronique.

le cargo ! : vous venez de new york. pour nous new york c’est un son particulier, des groupes comme yo la tengo ou sonic youth. vous êtes très différents. quelles sont vos influences ?

lawrence chandler : quand nous étions plus jeunes, nous aimions effectivement des groupes comme sonic youth et live skull, avec ce son new yorkais assez " dur ". on a été d’une certaine manière influencé par cette musique d’avant garde.

martha schwendener : plus tard, il y a eu une période où nous aimions tous les deux beaucoup de groupes anglais, comme new order. je ne me sens pas forcément proche de ce son new yorkais particulier. même si nous habitons new york, on ne se sent pas forcément comme faisant partie de cette tradition musicale. on vit juste là, on ne fait pas partie vraiment d’une scène musicale ou de ce qui se passe actuellement à new york.

lawrence chandler : ce son new yorkais particulier, comme le son des sonic youth, est construit autour des sentiments de vertige et de paranoïa que font naître la ville. notre son n’est pas tellement de ce style là. je trouve que ce son là... ces sons sont un peu stéréotypés.

martha schwendener : nous écoutons du hip-hop. nous sommes le résultat de cette tradition new yorkaise, mais pas forcément de la tradition rock. nous aimons pleins de genres musicaux différents. nous aimons la musique minimaliste, la musique des années 50, etc...

lawrence chandler : quand tu te ballades dans new york, tu as l’impression que le hip hop est le seul genre musical qui existe. c’est ce qui sort des voitures. c’est clairement le son de la rue en ce moment. une des choses que j’ai préférée quand nous sommes arrivés à new york, c’est de voir les gens se balader avec des stéréos sur l’épaule crachant du public ennemy : " don’t believe the hype ", ce genre de choses... je me disais, c’est pas possible, c’est irréel ! c’était exactement comme dans les films. c’est vraiment comme ça. le hip hop nous a beaucoup influencé.

le cargo ! : si vous habitiez autre part, la musique serait-elle la même ?

lawrence chandler : il pourrait y avoir une ambiance différente. nous avons enregistré nos deux premiers albums en dehors de new york. ils ont été faits dans un studio à la va-vite... martha schwendener : je ne sais pas si nous sommes autant influencés par l’endroit où nous vivons que par la musique que nous écoutons. nous avons passé les deux années précédant l’enregistrement de l’album à new york, et si nous étions allés par exemple dans le sud de la france pour l’enregistrer, ça aurait été probablement exactement le même album.

le cargo ! : vous faites tout vous-mêmes. vous contrôlez tout. vous avez même fait le livret de l’album vous-même. est-ce que vous avez vraiment une liberté totale ? comment sont vos relations avec la maison de disques ?

lawrence chandler : en ce qui concerne le livret, je ne voulais pas particulièrement contrôler cette partie. ca s’est fait plutôt comme ça, par hasard. nous avions rencontré designer’s republic, une entreprise anglaise de design. ils font beaucoup de travail pour des groupes comme moloko, et nous voulions travailler avec eux, mais ils sont tellement chers... juste pour le livret, ça nous aurait pris le tiers de notre budget total pour l’album.

martha schwendener : nous avions aussi un projet avec des gens du cinéma. nous devions choisir des photos tirées de films, mais on n’a pas trouvé exactement ce qu’on cherchait. donc onça finit par prendre les photos nous-mêmes. une des raisons pour les quelles nous contrôlons tout est que pour les deux premiers albums, nous avions un ingénieur du son dans le studio et nous pensions qu’il allait être plus "neutre" dans son travail, mais nous nous sommes rendu compte qu’on pouvait à peine quitter le studio. un de nous devait être dans le studio en permanence ou il risquait de changer quelque chose sans nous prévenir. c’était vraiment bordélique. nous avons alors réalisé que ce serait beaucoup plus facile si nous faisions tout nous-mêmes, et maintenant nous avons même un contrat entre nous : on ne change rien quand l’autre n’est pas là.

le cargo ! : aimeriez vous travailler avec un producteur, car à deux on a peut être besoin de quelqu’un de l’extérieur pour voir certaines choses ou pour certaines décisions ?

lawrence chandler : je pense que dans le futur ce serait vraiment une bonne idée, quand nous arrivons à l’étape du mixage, d’avoir quelqu’un dans le studio qui pourrait s’occuper du mixage et essayer différentes choses. nous enregistrons sur disque dur maintenant, et c’est vraiment beaucoup plus facile en travaillant sur ordinateur. tu peux sauvegarder des mixes, tu peux essayer autant de mixes différents que tu veux, de telle sorte que si je travaille un soir et qu’on a le mixe sur lequel on s’est mis d’accord, je peux quand même travailler sur d’autres mixes. je peux le sauvegarder et nous pouvons l’essayer le lendemain. on peut essayer pleins d’idées. nous avons une méthode de travail particulière, et ce serait bien de mettre le mixe et de laisser quelqu’un d’autre s’essayer dessus, je ne sais pas qui...

martha schwendener : je parlais de ça avec quelqu’un hier. parfois tu entends un album produit par un producteur particulier et tu te dis : cette personne est géniale ! je veux absolument travailler avec elle ! et puis plus tard tu te rends compte que c’est le seul bon album qu’ils ont fait. il a fait aussi des centaines d’albums mauvais. et tu n’as aucune envie de travailler avec cette personne. parfois ça me soucie, si on poussait vraiment pour travailler avec quelqu’un et qu’à la fin ça ne fonctionnait pas. nous aimerions travailler avec d’autres gens, un jour, mais il y a aussi le fait que tout notre budget est passé dans du matériel. on a décidé de se faire notre propre studio et après il restait plus d’argent.

lawrence chandler : on avait réussi à convaincre beggar’s banquet qu’on pouvait tout faire nous-mêmes, donc on avait intérêt à apprendre rapidement et à le faire.

martha schwendener : ils nous ont cru, donc...

le cargo ! : comment écrivez-vous les chansons ? est-ce que vous commencez par la voix ou le rythme ?

lawrence chandler : la voix arrive en général en dernier. on commence par la partie rythmique. quand on écrivait des chansons avant de commencer à utiliser les samples, on trouvait ça très dur de commencer avec la mélodie. on s’est rendu compte que commencer par le rythme, les beats, la basse rend beaucoup plus facile l’écriture des mélodies. donc en général on commence par ça...

martha schwendener : on commençait par ce qui nous intéressait le plus. mais quand tu travailles avec un batteur, c’est vraiment difficile d’arriver à faire faire à la personne exactement ce que tu veux... tu as une idée mais tu ne sais pas jouer de la batterie. c’est du genre : " est-ce que vous pouvez faire quelque chose comme ça ? " c’est un peu comme programmer une personne et ce n’est pas très correct vis à vis d’elle. c’est vraiment frustrant. c’est devenu beaucoup plus facile quand on a commencé à sampler. on trouve le beat qu’on veut et on le sample, ou on utilise la programmation et oin crée un certain beat. c’était un vrai problème avant. on perdait toujours quelque chose dans le processus d’enregistrement. maintenant on travaille à l’intérieur de l’ordinateur. ce que tu entends, c’est exactement ce que tu auras. avec ce nouvel album, on a découvert les cordes. c’est tellement cher d’engager des gens pour jouer des parties de violon, c’est ce qui est extraordinaire avec le sampling, tu peux utiliser toutes ces cordes, les possibilités sont infinies.

lawrence chandler : on a fait l’album en voulant faire quelque chose de minimaliste, une sorte de hip-hop à la wu tang. un jour on a découvert qu’on avait cette " banque " de magnifiques sons de cordes, on a essayé différentes choses avec le sampler et on a commencé à les ajouter aux morceaux, et depuis on n’arrête pas de faire ça. on est tenté de mettre des cordes partout maintenant !

martha schwendener : on va à des endroits comme l’armée du salut et good will et on y achète plein de disques bizarres. les cordes sont partout maintenant. donc si on peut tout sampler, cela veut dire que peut être quelqu’un il y a 20 ans a dû payer des musiciens pour avoir de belles cordes et on peut les utiliser comme ça, sans rien faire, c’est assez génial.

le cargo ! : il y a quand même peut être quelque chose de pas très moral dans tout ça.

martha schwendener : on ne soucie pas de la morale dans ce domaine !

le cargo ! : moby sur son dernier album a beaucoup travaillé et samplé à partir des bandes de la lomaxes (maison d’édition qui avait enregistré des centaines d’heures de blues dans la plus pur tradition dès la naissance du blues dans les campagnes américaines), que pensez vous de son dernier album : play.

lawrence chandler : il y a certains morceaux que j’aime beaucoup. nous en parlions hier avec quelqu’un. je ne suis pas trop sûr... je crois qu’il y a d’autres enjeux dans le fait qu’il utilise... je ne veux vraiment pas commencer à parler de ça. je me contenterai de dire que j’aime beaucoup certains morceaux , mais si c’est bien ou pas de... " bien " n’est pas le bon mot, mais, tu vois ce que je veux dire... c’est juste un peu, c’est une question compliquée !

martha schwendener : ce qui est génial avec les b.o.f c’est que le principe d’une b.o c’est de créer l’ambiance d’un film, et donc elles sont faites d’émotions très simples. ils veulent créer la peur ou ils veulent faire pleurer les gens. et parce que c’est aussi basique, quand tu empruntes des bouts de b.o... on en veut évidemment pas faire peut aux auditeurs... on a emprunté des choses à des films d’horreur, mais je le répète on ne veut pas manipuler les émotions des gens.

martha schwendener : oui, parce que c’est deux choses différentes si tu dis : je vais essayer de faire ça moi-même ou de dire : ... c’est un peu comme voler la crédibilité de quelqu’un.

le cargo ! : new york est une vraie ville de cinéma, chaque coin de rue est une référence pour un film ou une série. on ressent cette influence dans cette musique, qu’en pensez vous ?

lawrence chandler : oui, nous écoutions et samplions plein de bandes originales. les bandes originales de films sont parfaites à sampler parce que c’est très difficiles de savoir exactement ce que tu as samplé.

lawrence chandler : bien sûr que si !

martha schwendener : c’est vrai ? !

le cargo ! : quand j’écoute lushlife je me sens carrément bien, calme et apaisé. quels sentiments vouliez vous faire passer, quel état d’esprit.

martha schwendener : c’est bien, parce que les allemands ont trouvé que c’était mélancolique. ils ont passé toute la journée d’hier à nous dire que c’était mélancolique et nous étions là à dire, non, ce n’est pas mélancolique.

le cargo ! : la mélancolie n’est pas obligatoirement un sentiment de tristesse, cela peut être comme un souvenir d’enfance.

martha schwendener : une tristesse joyeuse ! ! ! (rires)

lawrence chandler : je pense que c’est plus positif que ça.

le cargo ! : comment vous sentiez vous pendant l’enregistrement ?

lawrence chandler : pendant l’enregistrement, nous n’étions pas dans un état particulier... les allemands hier pensaient qu’on avait dû l’enregistrer au cœur de l’hiver et qu’il devait faire très sombre. ce n’était vraiment pas le cas. je ne pense pas qu’un de nous faisait une dépression ou quelque chose de ce genre, c’est juste que, c’est de la musique qu’on a fait, voilà tout. nous voulions qu’elle soit évocatrice, qu’elle évoque des images aux gens. nous voulions que ce soit positif. nous ne voulons pas que ça évoque le monde comme un endroit horrible ou ce genre de choses.

martha schwendener : je pense que tu peux voir en nous parlant combien nous avons l’air dépressif ! je ne sais pas, je pense parfois que c’est sans savoir pourquoi on est envahi par telle émotion plutôt que telle autre.

lawrence chandler : apparemment frank sinatra enregistrait toutes ses chansons dans un rythme de 90 bpm en moyenne parce que c’est le rythme moyen des pulsations cardiaques et donc c’est dans ce genre de rythme que l’on est à l’aise pour travailler, ce rythme de 90 à 100 bpm... nous ne sommes pas vraiment des gens extravertis, nous ne sommes pas non plus introvertis comme le pense beaucoup de monde mais nous ne sommes pas extravertis, boute-en-train, très entreprenant, nous sommes juste assez posés et je crois que cela se voit dans notre musique.

le cargo ! : josh hadden de spain nous disait que chaque instrument dans une chanson peut apporter une émotion particulière... pour lui c’est une expérience physique...

lawrence chandler : oh oui, il y a tout une école de thérapie par la musique et sur ce que les fréquences musicales et les instrument peuvent faire sur les différentes parties du corps comme le cœur ou les poumons.

martha schwendener : je pense que le plus important selon nous c’est de se concentrer sur ce qui est vrai et sincère, et qui n’est pas artificiel. c’est le problème principal de la musique " mainstream " comme britney spears. c’est un produit bon marché. le plus important c’est : est-ce que ça sonne vrai, est-ce qu’on a l’impression que la personne croit en ça et y met toute son énergie, a fait attention à ce que cela ne soit pas juste quelque chose qui brille et qui, si tout se passe bien, rapportera plein d’argent. c’est vraiment ça qui nous préoccupe le plus quand on fait un morceau et quand on l’écoute ensuite. cela ne veut pas dire qu’on utilise une formule particulière pour notre musique. lawrence chandler : oui, ce n’est pas comme les producteurs qui, quand ils voient basement jaxx ou daft punk numéro 1 des classements, vont tout de suite essayer de recréer le même son avec 20 autres groupes. nous adorons massive attack, portishead et ce genre de groupe, mais nous ne cherchons pas à recréer leur son parce qu’ils marchent très bien. on a juste en commun, pas une vision commune mais peut être les mêmes influences...

martha schwendener : nous aimons tous les deux le hip-hop et on voulait faire une musique quiii aurait une structure similaire au hip-hop et sur laquelle on chanterait.

lawrence chandler : c’est comme portsihead, qui sont influencés par le hip-hop, mais dont la musique montre qu’ils sont aussi influencés par le jazz par exemple. et massive attack a l’influence hip-hop plus toute la connection jamaïcaine, plus le truc un peu dub. et notre musique vient plus, je pense... beaucoup de gens pense au fait qu’on écoutait beaucoup de musique anglaise du milieu des années 80 comme les cocteau twins. on essaye de faire disparaître ça parce qu’on a toujours droit aux comparaisons avec my bloody valentine qu’on ne comprend toujours pas. on pourrait faire un album sans guitare, on aurait quand même des comparaisons avec my bloody valentine.

le cargo ! : est ce que vous aimeriez que des réalisateurs utilisent vos chansons pour un film...

lawrence chandler : oui bien sûr...

le cargo ! : et aimeriez vous écrire des chansons pour un film ou que quelqu’un fasse, disons, un court-métrage inspiré de votre musique ?

lawrence chandler : quelqu’un l’a déjà fait en fait. on ne l’a pas vu, mais quelqu’un a fait un court métrage. il est à l’université du film de columbia et il a fait un court métrage à partir d’un remix, un remix appelé le " witchman remix ", je ne sais plus quelle chanson c’est...

martha schwendener : oui, c’est vrai. des gens ont fait des courts métrages à partir de notre musique ce qui est génial. notre musique telle qu’elle est actuellement serait très bien dans des films, mais ce serait aussi amusant d’écrire de la musique pour des films. je crois que air vient d’écrire un bande original pour quelqu’un...

le cargo ! : pour le film de la fille de coppola, sofia...

lawrence chandler : je vois... oui !

le cargo ! : wim wenders a demandé à spain d’écrire une chanson pour son film the end of violence, si quelqu’un comme wenders vous proposait...

lawrence chandler : ce serait fantastique. si vous parlez à wim, dites lui que c’est quand il veut. wim wenders est un grand fan, pas de nous mais de musique en général...

martha schwendener : jonathan demme, lui aussi est un grand fan de musique. ce ne se voit plus tellement, avec un film comme le silence des agneaux. mais dans ses premiers films il y avait pleins de superbes musiques.

le cargo ! : est ce que vous avez des clips videos ?

martha schwendener : on en a fait un pour "freedom fighter"

lawrence chandler : ce n’a pas été accepté en allemagne pour mtv. ils l’ont passé sur une autre chaîne là-bas. la vidéo leur rappelait peut être trop les événements qui ont eu lieu là-bas dans les années 30 et 40. tu connais chris cunnigham ? il a fait une vidéo pour björk, ou celle de "frozen" de madonna. il travaille avec square pressure, je crois qu’il a travaillé avec aphex twin. on aime beaucoup son travail, mais c’est encore un problème de budget...

le cargo ! : vous avez fait le design du livret. est ce que vous vous intéressez à d’autres domaines : comme la photo, la peinture...

lawrence chandler : martha est une écrivain, elle est aussi critique d’art.

martha schwendener : j’ai étudié l’histoire de l’art, et maintenant j’écris pour time out new york ou le new york times, et d’autres journaux. je vois donc beaucoup de formes d’art. j’aime aussi beaucoup la science fiction.

lawrence chandler : elle écrit aussi des poèmes, des nouvelles. elle vient de terminer le premier jet d’un roman. elle s’occupe avec pleins de choses différentes. je m’intéresse à la photographie, mais je ne m’en occupe pas tellement actuellement. c’est quelque chose que je faisais avant de faire de la musique. je m’amusais, mais c’est quelque chose que je me vois bien refaire plus tard. actuellement je me concentre sur la musique.

martha schwendener : en fait il a dépensé tout notre argent en matériel pour notre musique , il ne reste rien.

lawrence chandler : c’est vrai, je ne peux plus rien acheter, je ne pourrai pas me permettre de faire quelque chose qui demande beaucoup d’équipement.

le cargo ! : est ce que vous allez faire des concerts en france ?

lawrence chandler : on aimerait beaucoup.

martha schwendener : on adorerait !

le cargo ! : ca donne quoi bowery electric en concert ?

martha schwendener : nous avons un batteur et je jouais avant, mais je ne le ferai probablement pas pour cet album.

lawrence chandler : par le passé, nous avons fait des choses où on mettait des séquenceurs et des samples comme un " power book " et elle chantait et jouait de la basse, et on avait donc un batteur. pour la nouvelle tournée, tout sera probablement live, à part le sampler et le séquenceur, et on prendra quelqu’un d’autre pour jouer de la guitare. j’en ai un peu marre de la guitare en fait !

martha schwendener : on a commencé comme un groupe live. on est à l’aise avec ça. quand on jouera ici ce ne sera pas du karaoké, rassure toi !

le cargo ! : on a pas saisi toutes les paroles de lushlife. quels thèmes abordez vous et accordez vous beaucoup d’importances aux paroles ?

martha schwendener : ca n’a pas beaucoup d’importances en fait !

lawrence chandler : non, vraiment, il n’y a pas de message particulier dans les paroles.

le cargo ! : la voix est un instrument parmi d’autres ?

martha schwendener : oui , c’est ça.

lawrence chandler : d’une certaine manière, je pense que c’était plus le cas par le passé. ce qu’on faisait avant était plus " noyé dans le mixage. comme seafield, un groupe anglais... plus ambiant, la voix était une texture. plus comme les cocteau twins.

martha schwendener : ici aussi c’est comme ça...

lawrence chandler : le plus important, en fait, pour nous, c’est de ne pas faire de la littérature quand on écrit les paroles. c’est très différent. on essaie pas d’être comme bob dylan. on essaie juste de trouver des mots qui vont bien avec l’ambiance de la musique. on en veut pas faire de leçon à quelqu’un. ce n’est pas narratif non plus.

le cargo ! : pour moi la voix dans certains morceaux de lushlife retire toute idée de tristesse qu’il pourrait y avoir si il n’y avait que de la musique... (lawrence chandler n’a pas l’air tout à fait d’accord avec cette remarque...)

martha schwendener : vous avez un humain avec vous quand il y a du chant, il y a cette idée... les gens pensent qu’ils vous connaissent parce qu’ils connaissent votre voix. prenez par exemple everything but the girl, ils parlent de relations personnelles, toutes leurs chansons sont sur ces relations personnelles... on n’aime pas vraiment ça. on en veut pas parler d’amour, ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas quelque chose d’important pour nous, cela veut juste dire que des millions de gens l’ont déjà fait, vous voyez ce que je veux dire ?

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publié par le 14/02/00