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publié par Emmanuelle Nemoz le 01/10/21
Blick Bassy - Le Brise Glace, Annecy - 25/09/2021

Afro folk ? Afro blues ? Afro soul ? Au diable les étiquettes et autres tentatives de catégorisation : ce soir, on est venu écouter la musique de Blick Bassy.

L’auteur-compositeur-interprète, camerounais installé en France depuis une quinzaine d’années, est de retour sur scène avec son dernier album, 1958, après le succès d’Akö en 2015, et c’est avec grand plaisir qu’on le retrouve derrière ses lunettes signature pour un moment d’immersion dans son monde à la fois engagé et poétique.

Blick Bassy écrit toutes ses chansons en bassa, une des 260 langues parlées au Cameroun, moyen pour lui d’attirer l’attention sur la nécessité de protéger ce riche patrimoine, vecteur d’autant de cultures qui font l’histoire de son pays mais pourraient aisément tomber dans l’oubli si les plus jeunes se contentent des langues officielles (français et anglais) qui seules leur permettent de communiquer entre eux quelle que soit leur origine.

Embrasser la modernité tout en apprenant (et comprenant) le passé, tel est l’enjeu pour le continent africain selon Blick. Cette dynamique constitue le fil rouge de ses compositions depuis Akö, et 1958 creuse le sillon avec une thématique inspirée par Ruben Um Nyobè, le premier camerounais à avoir revendiqué l’indépendance pour son pays et qui, considéré comme un terroriste par l’administration coloniale, fut sommairement exécuté par l’armée française.

Sauf à comprendre le bassa, la teneur des textes échappe au public, mais l’interprétation très expressive et toute en nuances est captivante et sait transmettre toute une gamme de sentiments, Blick arrivant même à faire reprendre en choeur par la foule "pam pam unda unda ngi bolo", le refrain de "Sango Ngando".

Loin des clichés associés aux musiques africaines, ici pas de batterie ni de percussions, mais une délicate alchimie entre les guitares de Blick, le violoncelle de son complice (également arrangeur) Clément Petit et la trompette d’Arno de Casanove, formant un écrin organique autour des inflexions de la voix, tantôt caressante ou éthérée, tantôt bluesy.

De morceau en morceau, une douce transe s’installe dans une atmosphère intimiste douce-amère mais jamais dénuée d’espoir dont on ne sort qu’à regret.

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