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publié par vincent bergeron le 08/09/03
björk + bonnie prince billy + yeah yeah yeahs - parc jean-drapeau, montréal ; Québec - 28/08/2003
parc jean-drapeau, montréal ; Québec

raveurs

eh, certains vont dire que je suis vendu d’avance à cette performance, mais si je me permet de mettre l’expérience à égalité avec celle de toronto d’il y a quelques années, qui comprenait un déplacement hautement inhabituel pour moi, en plus d’un spectacle livré avec orchestre, chanteuse de gorge dans un endroit parfaitement adapté, c’est parce que c’était dément !! arrivé plus tôt que pour radiohead (cf chronique) surtout par excitation a l’idée d’entrer rapidement sur les lieux (c’est assez facile d’avoir la place que l’on veut sans bousculer qui que ce soit sur ces lieux), je m’étais cette fois-ci mieux équipé pour avoir un meilleur confort. la température était aux nuages en début d’après-midi, mais s’est finalement décidée a laisser le soleil en solo avec un bon petit vent agréable. dans le petit groupe arrivé très tôt, on percevait du monde dans la vingtaine et un adulte plus âgé ; entre raveurs et hippies de la nouvelle génération ? quelqu’un avait même apporté sa guitare acoustique pour jouer quelques chansons qui avaient plus une allure de bonnie ’prince’ billy (première partie) que de björk. vers 17h les portes sont ouvertes et rapidement on s’empresse de prendre place devant la scène du parc jean-drapeau. étrangement, pour radiohead, ça semblait plus éparpillé que ça. à cause des circonstances, envie incontrôlable d’uriner incluse (pourquoi trois bouteilles d’eau ??) je me suis retrouvé à presque au même endroit que pour radiohead. heureusement, la dizaine de têtes devant moi était moins obstruante, ceci résultant en une meilleure vue dès 19h et quelque !

bonnie ’prince’ billy

j’ai manqué deux, trois chansons de bonnie ’prince’ billy qui a commencé (croyez le ou non) à 19h pile voire même avant. ce manque de retard a été la chose que j’ai le plus apprécié de ce dernier. franchement, outre passé la politesse (il faut dire qu’il ne demande pas beaucoup de travail aux techniciens), on a eu droit à un gars avec son grattoir qui sonnait presque exactement comme une guitare acoustique à cordes de métal très traditionnelle sur chant de solitaire à la campagne. définitivement, j’ignore si björk aime bonnie ’prince’ billy ou si c’est une décision extérieure, mais établir un lien entre les deux tient de l’impossible et de l’impossible. parler d’un homme pas à sa place est parler de bonnie ’prince’ billy le 28 août 2003, à montréal. j’étais mal pour lui pendant certaines chansons, car peu de personnes ne portaient vraiment attention dans ce parc très large et très long. pour mon compte, j’ai bien tenté de pénétrer son univers sans trouver la clé qui permet de déchiffrer la différence entre ses chansons toutes basées sur les mêmes accords et... essentiellement, la même mélodie. après 20 minutes, je ne voyais plus l’intérêt de continuer..

yeah yeah yeah’s

après le set de 38 minutes de la première première partie, les yeah yeah yeah’s ont commencé une demi-heure après. cette fois, comparer björk avec la première partie tient plutôt du difficile. le lien entre les deux est la charismatique chanteuse karen o. vocalement plus limitée, mais plus naturelle sur scène que björk (j’en parle plus tard..), elle donne tout un spectacle. son accoutrement kitsch commence par faire le travail en se liant à une new wave très énergique. nicolas zinner y va ensuite de ses vrombissements de guitare. puis, sans quitter le simple thème de la sexualité, karen o passe de la jeune adolescente naïve à la femme forte qui sait ce qu’elle veut. sur scène, pour le meilleur et pour le pire, les yeah yeah yeah’s respectent les enregistrements à la lettre. le meilleur est la vivacité du rapidement enregistré qui prend d’assaut une scène. durant cette presque heure, les new-yorkais ont littéralement reproduit leur seul album et présenté plusieurs nouveautés (à mes oreilles qui ont peu connues leur premier ep). excellent. ensuite, un délai interminable à cause de règlements techniques compliqués m’ont laissé imaginer le pire (un problème majeur, une absence majeure, un live plus court par manque de temps, etc.) pendant qu’on jouait de vieux enregistrements dada et de la musique concrete (raymond scott !). heureusement, une fois que le tout a commencé, j’ai bien compris la raison du délai (45 minutes) : beaucoup d’éléments à prendre en compte. si je n’ai pas vu la scène très clairement durant les premières chansons de radiohead deux semaines avant, c’était assez exceptionnel pour björk : vue claire et précise !

björk

un "hunter" oublié deux ans auparavant à toronto fait plus que donner le ton avec ses variations sur le thème de l’album menées par une björk vocalement en forme au crane à demi-rasé (qui sentait les années 80 sur l’acid) et à la robe trash glamour. déjà, on avait l’impression que tout le monde était hypnotisé par la beauté troublante de sa musique ! "unravel" suit avec une résonance digne d’une des meilleures chansons de björk. une vidéo occupe la toile de fond de la scène montrant une björk en robe blanche accroupie en forme de foetus. amener l’univers de l’amour romantique de vespertine dans la violence émotionnelle de homogenic est la définition parfaite de ce grand moment ! dans sa version acoustique, "i’ve seen it all" rend la foule encore plus attentive aux violons et à une chanteuse très appliquée à la tâche. un autre oublié de toronto il y a deux ans, "jóga" est livré dans toute sa splendeur avec ce fameux rythme de distorsion inimitable. björk a longtemps eu l’habitude de reproduire cette chanson sans électronique. on se demande pourquoi en écoutant cet orgasme volcanique ponctué de feux d’artifices (juste derrière la scène et sa toile transparente) et d’un refrain appuyé par les meilleures voix de la foule ; les applaudissements très longs sont parmi les plus sincères !

groënland

la suite est le passage introspectif orné par un "aurora (pas jouée à toronto) où l’un des membres de matmos se lève pour marcher dans la neige ; l’hiver s’en vient à grands pas. le seul bémol était l’absence de la chorale du groënland de la tournée d’avant qui aurait mieux complété le refrain sans mots. une grande surprise était la courte "mother heroic" qui évoquait un souvenir lointain (une nouvelle pièce ou non ?). après le spectacle, j’ai lu qu’il s’agissait de cette berceuse peu connue sous "music box" (simple de "hidden place"). "cocoon" continue avec un rythme qui tenait plus de la statique des cheveux d’un des membres de matmos que des craques du vinyle ; variation très intéressante par rapport à la version originale de toronto. si la "all is full of love" de montréal 2003 ne m’a pas autant soulevée que celle de toronto présentée en floraison de spectacle, c’est seulement parce que l’orchestre de 2001 reprenait si bien la partie ambiante de la mélodie. en fait, la version du live box rend bien les deux versions. la nouveauté "desired constellation" (encore en construction ?) a été améliorée par une vidéo fascinante montrant l’espace occupé par des poissons (?), des mains (?), des poissons ornés de mains (voilà !). derrière, mars brillait de tous ses feux. un "generous palmstroke" acoustique très proche de la première version jouée à new-york il y a quelques années a séduit dans son intimité bien rendue dans un parc pourtant imposant (je parle comme une personne en bonne position, ça ne devait pas passer aussi bien derrière évidemment). cependant, à ce point, cette longue suite de ballades devenait un peu assommante (rien à voir avec le set de bonnie ’prince’ billy, mais...) et j’espérais plus de mouvement.

larmes

juste au bon moment, "an echo, a stain" permet de passer doucement de l’introspection à la célébration des riches timbres sonores unis contre vents et marrées. égaler toronto était impossible sans l’aide de tanya tagaq, chanteuse de gorge très talentueuse (la version du live box est un must !). björk a très bien fait. la chanson "5 years" (pas jouée à toronto) m’a à la fois préparé à la finale grandiose, spectaculaire (pour être retenu) grâce à sa finale de distorsion passionnée et déçue, car elle était le point où björk commençait sérieusement à sentir la fatigue. elle sauta quelques lignes de paroles, chanta certaines avec hésitation vocale, tenta de se reprendre avec une danse anti-timing qui charma dans sa maladresse probablement volontaire. björk est une grande présence sur scène surtout quand elle chante presque mieux que sur disque. je garderais toujours un souvenir très intense de la "pagan poetry" de toronto où les larmes coulaient presque sur mon visage ! ce fut presque le cas cette fois également quand tout le monde chanta le passage de la fin avec björk : "i love him, i love him, she loves him, she loves him." "bachelorette" changea le ton avec les infusions digitales perçantes de matmos et une émotion dévorante criée sur les toits avec des moyens imposants utilisés brillamment.

house

"hyper-ballad" fut l’explosion de la foule qui chanta avec une précision surprenante (quelques excellentes chanteuses sur les lieux) les paroles de cette chanson en deux temps. drôlement plus intense à montréal qu’à toronto, "hyper-ballad" est encore l’une des meilleures chansons de björk. sur un élan de discothèque, "it’s in our hands", que björk a décidé de jouée suivant le remix de the soft pink truth (incluant drew daniel de matmos), continue avec un côté house que l’islandaise a déjà eu à ses débuts. ce n’est pas les vieux souvenirs de martin console sur "heirloom" (seule déception sur vespertine). drew daniel a concocté une house abstraite qui fait (électroniquement parlant) le tour de la carrière de björk. entre les clappements de mains qui terminèrent la soirée à toronto et le remix de Montréal, je penche vers le second choix. "pluto" est le summum de l’intensité avec sa basse énorme, son battement qui poussent les gens à se mouvoir plus que jamais. les feux d’artifices se combinent à des lances flammes verticaux avec une précision hors paire pour ajouter à ce qui était déjà le point culminant de la soirée ! quelle sensation !! björk quitte sous l’euphorie générale. le rappel est court, mais efficace avec "scary" (un des mes b-sides préférés de björk qui aurait sa place dans un dessin animé) et "human behaviour" habituel en rappel. malgré les premières parties et le délai, björk n’a pas fait plus court ! 19 chansons dont une de debut, une de post, une de selma songs, 7 de homogenic, 4 de vespertine et 5 moins connues ont constituées cet happening. inoubliable ! mes pièces préférées : "hunter", "jóga", "pluto" / artistes similaires : leila, nicolette, tujiko noriko (cette chronique provient du site de vincent bergeron)

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publié par le 08/09/03