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publié par Mickaël Adamadorassy le 20/03/23
Billy Nomates - Petit Bain, Paris - 15/03/2023

Quelques minutes avant l’entrée en scène de Billy Nomates, on voit en guise d’ultime préparation un des techniciens de Petit Bain passer consciencieusement le balai sur le scène, qui n’avait pas l’air pourtant spécialement sale. On se dit, elle a des consignes un peu étranges quand même cette chanteuse anglaise qui sort tout juste son deuxième album, l’excellent Cacti (Invada Records, 2023). Et puis on est surpris de ne pas voir d’instruments sur scène alors que pour nom Billy Nomates malgré la présence de gros bouts de r’n’b et de rap c’est pour nous plutôt rock voir carrément punk... et il y a sur scène en tout et pour tout une cymbale et une guitare acoustique verte... bizarre...

Et puis là voilà qui monte sur scène, pieds nus et un grand sourire aux lèvres, apparemment un peu surprise de voir tout ce monde présent pour elle, le même soir que Shame et les Pixies, cheveux blonds au carré et costume noir. La guitare acoustique ne servira que le temps de "Fawner", petit douceur du disque aux faux-airs de Radiiohead période Pablo Honey, et ne réapparaitra donc jamais, laissant Billy plus que jamais "sans potes", sur scène en tout cas ("No mates" veut dit qui n’a pas d’amis), avec juste sa cymbale et un playback. Dis comme ça, cela peut sembler être plutôt l’antithèse d’un concert de rock ou de punk, on serait même parti pour s’ennuyer un peu... mais c’est sans compter l’énergie incroyale que déploie Billy Nomates, qui danse, saute dans tous les sens, martèle le sol en rythme (et là on comprend mieux pourquoi le balai), s’époumone par moments. Et tout cela du début à la fin du concert.

Le mix est parfait (il aurait peu d’excuses pour ne pas l’être) et on se rend compte encore plus sur disque que la voix de Billy (Tor Maries à la ville) est vraiment belle autant quand elle se fait suave que quand elle joue dans des registres plus rugueux. Et on comprend bien chaque mot et les textes le méritent, mélangeant expériences personnelles , réflexions existentielles et commentaires politiques avec de l’humour et beaucoup de personnalité dans la plume. Les thèmes abordés ne sont pas très gais chez Billy Nomates mais on a l’impression à la voir se démener sur scène que sous ses pieds ce sont ses démons qu’elle piétine, que toute cette exubérance, cette débauche d’énergie est une façon d’adresse un bon gros "fuck" à la vie, d’essayer de prendre de vitesse un spleen et un côté auto-destructeur qi transparaissent parfois dans les textes, dans Saboteur forcefield en particulier, un des rares titres un peu plus "calmes" du set ou encore Blue Bones dont la mélodie joyeuse est en contre-point à un texte qui ne l’est pas franchement : "Nah ’cause death don’t turn me on like he used to"

Après environ une heure de concert intense, où elle passera en revue quasiment tout le dernier album, gardant juste deux extraits du premier ,"No", qui est un peu le "tube" de celui-ci et "Hippie Elite". Cela peut sembler court mais après l’avoir vue se dépenser autant, on aurait pas été surpris qu’elle ne fasse pas de rappel et on aurait pas été déçu si ça avait été le cas mais elle reviendra donc après quelques minutes et deux fausses alertes où la musique d’ambiance repart pour nous faire croire que c’est vraiment fini, mais les gens ne se laissent pas découragés aussi facilement et on aura donc droit à un titre en plus en rappel, avant de regagner nos pénates, impressionné par le charisme et l’énergie déployée par Billy Nomates mais aussi par son mélange original de sonorités dance, rock et rap et ses textes.

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