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publié par Renaud de Foville le 21/02/03
beth gibbons + rustin man - grand rex, paris - 17/02/2003
grand rex, paris

gauche

y a-t-il besoin de croire en dieu pour croire aux anges. certainement pas. ayant déjà vu les portishead pour un concert qui ridiculise tous les qualificatifs que l’on voudrait lui accoler, je savais très bien quels instants de grâce touchant au sublime on pouvait connaître en voyant beth gibbons sur scène. comment quelqu’un d’apparence aussi simple, presque anodine peut dégager un charisme aussi dévastateur. on ne cherchera pas la réponse ici. un corps fragile souvent en équilibre, un regard parfois tourmenté, souvent touchant, des mains tordues, malmenées, les doigts noués, une gestuelle maladroite pour se protéger des applaudissements, dansant souvent dos au public d’une manière un peu gauche... le tout servant ou servi par une voix que l’on essaiera ni de décrire, ni de qualifier... tout juste peut on dire que cette voix est le vecteur parfait des émotions les plus pures, les plus fortes, les plus intenses, les plus sincères... le premier rang du grand rex. juste devant elle, devant beth gibbons, pour un concert trop court - scandaleusement trop court serait on tenté de dire quand on paie 30 euros sa place, mais il ne faut pas oublier que beth gibbons n’a qu’un seul album à son actif et qu’en plus il ne fait même pas 50 minutes ! bon soyons honnêtes quelques secondes, aussi intense et beau que fût ce concert, on sera quand même ressorti avec un petit goût amer de regret, une légère déception qui ne nous quittera pas facilement, entièrement due à cette durée, trop courte, évidemment trop courte.

équation

mais revenons à la salle... après un set magnifique des hurleurs, qui nous aura très sincèrement donné envie d’en voir et d’en entendre plus sur ce groupe, beth gibbons et rustin man (on l’aurait presque oublié celui là) prennent leur marque sur la scène. en toute simplicité, presque anonymement. on pourrait en parler pendant des heures tout en ayant l’impression de n’avoir rien dit. l’équation est pourtant simple mais elle reste malgré tout totalement mystérieuse. comment beth gibbons peut elle nous apparaître aussi simple, aussi proche et sincère et en même temps dégager un charisme rare, une émotion quasi insoutenable. comme pour le concert de portishead que j’avais eu la chance de voir il avait fallu un temps, comme le temps de prendre ses aises, ses marques. mais quand la beth un peu trop effacée, un peu trop discrète prend ses marques et peut être un peu de confiance en elle, plus rien d’autre n’existe. elle aime les chansons tristes, les complaintes dit-elle. sûrement aussi parque ce sont les chansons les plus porteuses d’émotions fortes...

humaine

ce soir, au grand rex on aurait aimé en avoir encore, toujours plus, connaître l’overdose, l’insoutenable trop plein d’émotions... mais le rendez-vous était trop court, la promesse trop belle, on a juste pu l’effleurer du regard, l’observer, les yeux grands ouverts, l’écouter tout en se laissant aller, en se laissant bercer, pour des instants trop courts, presque éphémères. le concert se termine, beth s’approche du bord de la scène, les mètres ne sont plus que centimètres, un geste presque devenu rituel, elle demande une cigarette, du feu... le public s’agglutine, elle pourrait reculer, partir, mais elle reste, un peu timide, mais présente, son regard est magnifique, elle signe des autographes à n’en plus finir, cherche les stylos, part vers le fond de la scène pour ramener des set lists et des médiators à tendre aux mains anonymes. elle les serre affectueusement, allant même jusqu’à s’allonger sur le bord de la scène pour être à la hauteur d’appareil photo, geste simple et pourtant émouvant. elle reste longtemps. je me lève juste pour la regarder, pour profiter des dernières minutes. certains lui donnent des cadeaux, des disques, sûrement des démos, un bouquet de fleurs qui la fait sourire. ma seule envie est d’aller lui dire merci, merci pour le concert, pour portishead, pour sa voix, pour les émotions qui m’accompagnent depuis de nombreuses années, pour certaines chansons en particulier. mais je reste là, à quelques mètres, à quelques centimètres de beth gibbons, une chanteuse rare, exceptionnelle et pourtant incroyablement humaine.

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publié par le 21/02/03