accueil > articles > albums > Benni

publié par Mickaël Adamadorassy le 05/05/25
Benni
- Bleeding Colours
Bleeding Colours

On vous avait présenté Benni avec September 20, une balade élégante et poignante au piano qui nous avait fait fondre. C’était à l’époque le seul titre du projet et on n’en savait pas beaucoup plus. Si on se frotte aujourd’hui à l’exercice pour nous toujours difficile de la chronique, c’est qu’il y a un mois Benni a sorti un premier EP absolument sublime. Bleeding Colours regorge de beauté, à travers des mélodies et des arrangements superbes, qui portent délicatement une voix de velours, puissamment évocatrice, tour à tour belle de ses fêlures et réconfortante de ses forces.

"Make me Blind" ouvre le disque à la façon d’un Mazzy Star, guitare slide surfant sur un nuage de reverb, guitares acoustiques qui tissent une rythmique discrète, un beau cocon dream-pop pour une très belle voix qui est plus dans l’univers d’une Julia Stone que de Hope Sandoval. Folk très laid-back, voix à la douceur très travaillée. Mais dès que le refrain se lance, propulsé par l’arrivée de la batterie, dans le phrasé, dans l’intensité il y a quelque chose de trépidant, une urgence qui contredit tout ce qui précède.

On est encore surpris de ce dénouement que commence la piste suivante,"All The Friens in My Head" là encore tout en douceur, juste un arpège de guitare, saupoudrée de quelques notes de piano ... ok c’es tpas mal et puis la voix arrive et en deux phrases on défaille tellement c’est beau... Et de là ça va crescendo, pour s’arrêter sur un "Dont let go of me now" lancé au dessus du vide, répété comme pour conjurer le sort et encore un final en forme crescendo où Benni répète encore et encore "I can’t stop messing up/ I can’t stop being alive".

On continue avec "Coma", étrangement nommée pour une chanson beaucoup plus rythmée, en plein dans le style "pop-rock" énergique. Généralement c’est le genre de titre qui nous attire moins mais là la bizarrerie, le décalage intéressat est dans le texte : "Come On baby break my bones" répété un paquet de fois et le "I’ll be dead by morning" qui conclut le morceau donnent une tout autre saveur à ce qui serait sinon une chanson pop un zeste trop sucrée.

On vous a déja vanté les qualités de "September 20", on remarquera donc juste que c’est une très bonne idée de l’adosser à "Coma" d’apparence si... pétillante. On continue avec You qui est une ballade folk qui monte en puissance et ménage de jolis passages vocaux. Elle manque peut être un peu d’intensité par rapport à la précédente et à la suivante "Lonely" mais les deux sur une base folk qui s’enrichit progressivement sont l’occasion de dire à quel point la façon de chanter de Benni se renouvelle de titre en titre tout en continuant à toujours ménager ses moments de fragilité, d’émotion irrésistible : quand elle chante "I’m so lonely" doublé par une note de guitate slidée déchirante, on a l’impression que cette histoire là est toute neuve et on la ressent comme ça, sans filtre, à vif comme la Benni qui se dessine entre les moments.

Pour finir Queen of Cove nous régale encore de toute cette beauté dans l’interprétation et les mélodies vocales, et de ce sens de la composition, du "stop and go" : s’arrêter en plein élan, repartir du quasi silence et remonter très très haut.

Partager :

publié par le 05/05/25
Informations

Sortie : Petit Rêve (Pias])
Label : 2025

Pour le même artiste