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publié par vinciane le 21/04/06
bardi johannsson
- haxan
haxan

bardi débordant

voilà longtemps que ce n’était pas arrivé. la séduction immédiate. le nom, le visuel, les premières notes. 3 minutes 20 à peine depuis qu’elles ont effleuré mes oreilles. l’envie de suite de faire partager. l’inattendu, l’inhabituel, le très singulier. évident me direz-vous, c’est *encore* un de ces scandinaves dont je loue sans ambages les vertus musicales. oui, encore. bardi johannsson, le nom a déjà tout de sacré. oui, le bardi de bang gang, dont le premier opus disco-électro tourne sur la platine avec une fréquence qui résiste au temps. oui, le bardi de lady and bird qui a réussi le tour de force de vous faire supporter keren ann et, mieux, de magnifier sa présence. oui, le bardi au génie débordant, touche-à-tout et surtout transformant en or tout ce qu’il touche.

posthume

de quoi s’agit-il cette fois ? je ne sais pas, je suis happée. il y a dix minutes j’ignorais jusqu’à l’existence de ce disque, le deuxième morceau commence à peine. je suis déjà loin. haxan. ce mot figure laconiquement sur une pochette réalisée à partir d’un somptueux portrait (photo liza rose). les sept titres dont se compose ce disque de tout juste une heure de long n’apprennent pas grand chose sur le contenu, “haxan I”, “haxan II”,... “haxan VII”. discograph, le distributeur français du projet, relate la rencontre posthume du réalisateur suédois benjamin christensen et de notre islandais d’adoption française. christensen, auteur du film d’horreur suédois (culte apprend-on) haxan en 1922, a inspiré a posteriori à johannsson une mise en musique inquiétante de ses images. le projet est né à l’occasion de la présentation en 2004 au forum des images à paris de l’oeuvre du suédois, qui avait à l’époque été censurée pendant des années en raison de l’adoration au diable qu’elle incarnait et de ses scènes de nudité. bardi johannsson, de son côté, a développé un goût prononcé pour le cinéma, produisant lui-même cours métrages, téléfilms et bandes originales. alors, bien sûr on est loin des nappes électros et sautillantes de l’album you de bang gang sorti en 2000, mais finalement pas si loin des univers parallèles de l’islandais.

symphonique

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haxan donc, bande originale posthume ou plutôt ressuscitant un classique de la cinématographie suédoise. la composition initiale mettait en musique deux violons, des percussions, des machines. pour l’enregistrement, johannsson a réécrit sa partition pour orchestre symphonique et a dirigé à sofia, en bulgarie. et si l’on inscrit à chaque moment ces morceaux comme autant de fragments d’une bande originale de film, les sept titres présentent incontestablement un travail d’une richesse incroyable. le disque n’est pas construit, comme souvent le sont les bandes originales, autour d’une mélodie unique déclinée sur d’infinis modes. complexes, les pièces révèlent des tableaux lourds et beaux, évoquant ici une odyssée en sibérie, là une saynète à la tim burton. violons et traversières se chargent des transcriptions d’atmosphères et paysages, là où le basson se singularise -on l’imagine facilement- pour figurer un personnage principal.

suggestion

étonnant d’essayer de se représenter ce film d’horreur des années vingt, alors qu’à notre époque la stridence et la violence des partitions dominent ce genre cinématographique. ici, l’épure domine, non sans tension, non sans exclamation, mais toujours délicate, jouant davantage sur les finesses et les nuances, un piano ici, une cymbale là, pour transcrire une atmosphère chargée et inquiétante. le recours aux cuivres, parcimonieux, la partition, sans fioriture. aucun anachronisme. la suggestion et non l’illustration. c’est à ces détails que le talent de bardi johannsson se reconnaît les yeux fermés, se happe les oreilles avides...

(sortie discograph, le 24 avril)

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publié par le 21/04/06
Informations

Sortie : 2006
Label : discograph

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