désarçonné

à la première écoute, on se dit qu’il y a décidément quelque chose qui cloche avec ce nouvel album de bang gang, something wrong. où sont donc passées les mélodies pétillantes, les rythmiques enlevées, les voix entêtantes de esther talia casey et vedis hervor arnadóttir ? entre you et something wrong, bang gang fait le grand écart, du club branché au bar lounge. la tracklist de ce nouvel album semble tout à fait destinée à rassurer l’auditeur désarçonné : "contradictions", "find what you get", "everything is gone", "forward and reverse", "it’s allright"... il s’agit bien à l’écoute du disque d’un paradoxe issu de la déception de ne pas retrouver ce qui faisait le charme du premier album et de la découverte d’une autre sensibilité du groupe.

accable

à l’origine de bang gang, bardi johannsson s’essaie aux mélodies plus posées, plus folk même, non sans un joli succès sur "follow" par exemple. quelques effets électroniques sont d’ailleurs gardés à bon escient en fin de titre. le "take it a whisper" et le "contradictions" ont quant à eux étonnamment un air de morcheeba, c’est dire le chemin parcouru depuis les titres comme "never ever" du premier album ! on en vient même parfois à penser à sparklehorse ("find what you get"). étrangement, le titre se rapprochant le plus du bang gang d’antan est celui qui donne le nom à ce nouvel album... certains morceaux sont d’une incontestable réussite ("follow", l’instrumental "look at the sun", "in the morning"...) et l’on retrouve avec plaisir la délicieuse voix teintée d’accent d’esther talia casey sur les délicats "forward and reverse" et "inside". bardi johannsson a su s’entourer d’autres jolies voix, citons nicolette (massive attack) ou encore keren ann. mais il a su aussi s’affirmer davantage vocalement sur ce nouveau disque. cet album a beau s’essayer à tous les genres et en faire ressortir quelques petites perles, l’art de la cover sera toutefois à revoir pour bang gang, qui nous accable d’une reprise largement dispensable des supremes, "stop in the name of love".

cosy

en somme, ce something wrong apporte autant de surprise que de surprises. une fois la déception passée de ne pas retrouver le son attendu, l’auditeur peut se laisser charmer par le talent mélodique des islandais, par l’exploration de nouveaux terrains musicaux. après leur passage au batofar très haut en couleurs il y a trois ans, bang gang devra certes gagner les faveurs d’une salle plus cosy (la cigale début novembre pour le festival inrocks), mais nous y serons.