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publié par Mélanie Fazi le 13/03/16
Band de filles - Boris Barthes + Stéphanie Rouget
Boris Barthes + Stéphanie Rouget

Un projet « éminemment Cargo-friendly », écrivions-nous récemment autour de Band de Filles. Sur le papier, le documentaire des réalisateurs Boris Barthes et Stéphanie Rouget ne pouvait que nous intéresser : suivre pendant un an cinq « héroïnes de la scène musicale indépendante », dans les coulisses de leur travail comme dans des moments plus quotidiens. Les cinq héroïnes en question s’appellent Robi, Marie-Flore, La Féline, Cléa Vincent et Le Prince Miiaou. C’est dans le cadre des « Femmes s’en mêlent » que le documentaire fut projeté hier pour la première fois au Pan Piper, en présence d’une partie des artistes qui y apparaissent.

De studio en métro

Ce qui émerge de ces images, de l’intention du projet, ce n’est pas tant de découvrir l’envers du décor que de capturer des instants qui finissent par dessiner cinq personnalités très différentes. On commence par les accompagner dans des situations plus « attendues » : Cléa Vincent travaillant sur un nouveau morceau, La Féline invitée à une émission de radio, Marie-Flore sur la scène de l’Olympia, Robi dans les coulisses du Divan du Monde. Les scènes de concert à proprement parler sont peut-être les moins convaincantes de l’ensemble des images filmées, mais elles sont assez minoritaires. Le propos, petit à petit, se déplace ailleurs. On partage des moments de leur quotidien tandis qu’on les entend nous confier leurs angoisses personnelles ou leurs réflexions sur la création. On se balade de La Rochelle aux couloirs du métro parisien ; on entre dans un studio où Agnès Gayraud (La Féline) enregistre son deuxième album ; on croise d’autres artistes (Pauline Drand, Maissiat, Katel) lors d’une soirée entre amies où l’on boit le champagne au goulot ; on voit Robi prendre ses premiers cours de piano ; on écoute Maud-Elisa Mandeau (Le Prince Miiaou) nous confier ses doutes relatifs à la création et à la capacité ou non d’être heureuse – scènes au cours desquelles les rires fusèrent d’ailleurs dans la salle. Mais pas des rires moqueurs : plutôt un saisissement face à la franchise du propos et à l’émergence sous nos yeux d’une personnalité forte et attachante. C’est l’un des aspects les plus touchants de ce documentaire, cette façon de dessiner petit à petit cinq portraits. Pour celles d’entre elles dont a déjà croisé la route, on les reconnaît tout entières dans ces images, dans ces moments capturés.

Le parfait état

On pourrait sans doute, avec le recul, émettre quelques réserves, ou formuler la légère frustration de tout ce qui n’est pas dit, car la somme d’images collectées a dû être colossale ; il a fallu faire des choix. Mais la découverte de ces images nous a vraiment happés, souvent amusés, parfois émus. Peut-être d’autant plus qu’une partie des protagonistes étaient là, au milieu de nous, renforçant l’impression de proximité que font naître ces instants sur l’écran. Ce qu’on retiendra surtout de Band de Filles, c’est une grande tendresse dans le regard porté sur ces cinq musiciennes, et une vraie délicatesse dans l’approche de moments très personnels. Parfois, elles jouent avec la caméra ou lui font signe, mais le plus souvent, elles semblent en oublier la présence. À mesure qu’on approche de la fin, les instants capturés se font plus intimes, les scènes se prolongent un peu. Et quelque chose de magnifique émerge des toutes dernières minutes, lorsque Robi décrit le sentiment très particulier qui accompagne la redescente après un concert, la première cigarette fumée alors, et que s’élève l’une des plus belles chansons de La Féline, « Le parfait état » : les images et la musique semblent alors entrer en osmose et créer, à leur tour, un moment parfait.

Pour plus d’informations sur Band de filles, rendez-vous sur la page Facebook du documentaire ou sur cette très intéressante interview du site Addict-Culture.

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publié par le 13/03/16